Le titre de la chronique est inspiré de 4 albums qui sont dans mon ADN tellement je les connais.
Par ordre chronologique:
"Blonde on Blonde" de Bob Dylan
"The Idiot" d'Iggy Pop
"Low" de David Bowie
"The Unforgettable Fire" de U2.
Ces albums n'ont plus de secrets pour moi.
Aujourd'hui je vous parle d'un secret bien gardé.
Charlyn Marie Marshall est née le jour où j'aurais dû naître. J'étais prévu le 21 janvier 1972. Suis sorti 14 jours plus loin. Au chaud, j'étais bien. J'ignorais encore que j'aimerais le froid.
Voilà un signe que nous étions quelque part "unis" déjà, par quelque chose.
"Chan" comme elle est appelée par ses proches, est issue d'une famille très dysfonctionnelle du sud des États-Unis. Son père était pianiste de blues et témoin de Jéhovah. Chan a beaucoup déménagé, ado, ce qui en a fait une émigrée sociale permanente.
Pas que ce soit terriblement important, mais Chan est très belle. Du moins, au travers de mes yeux.
Chan fait de la musique principalement pour avoir du fun, se saoûler et tripper entre amis. Toutefois ceux-ci plongent tant dans la drogue qu'elle quitte son Atlanta natal et part...pour New York...(Où la drogue est plus rare bien entendu.
Elle enregistre ses deux premiers albums le même jour en 1994 et les lance en 1995 et en 1996. Les échos sur ses efforts sont rares. Elle s'en moque, elle fait les même sous que si elle combinait deux trois boulots. Elle préfère celui de prendre sa guitare ou de jouer au piano et de chanter. En février 1996, elle enregistre son troisième qui sortira 7 mois plus tard. Dans un anonymat qui ne lui déplait pas non plus.
En 1998, je la découvre sur Iceberg Radio. Je découvre son clip pour Cross Bone Style. Je suis amoureux.
Quand 8 ans plus tard, elle chante The Greatest, je souhaiterais qu'elle me le chante pour moi.
Quand je la vois dans My Blueberry Nights de Wong Kar-Wai en 2008, je suis toujours amoureux. Sa simple association avec un gars comme Wong Kar Wai, un homme de goût, me fait l'aimer davantage.
Moonpix est la genèse de ma passion pour la fille tout croche de la Georgie.
MOONPIX de Cat Power
1998.
Chan Marshall vit sur une ferme avec son amoureux du moment, Bill Callahan, aussi connu sous le pseudonyme de Smog.
Une nuit, elle est victime de très sérieuses hallucinations qui la troublent suffisamment pour qu'elle s'arme de sa guitare et de sa voix pour écrire et enregistrer sur une cassette cheap 5 morceaux à Dieu. La moitié de l'album est écrit avec frousse.
Pendant l'enregistrement de l'album, qui se fera en Australie, Chan s'effondre parfois en larmes, émue par sa propre performance. On peut deviner qu'un morceau comme celui-ci, très personnel, soit assez intense pour elle. La flûte traversière de Belinda Woods est délicieuse.
Chan Marshall, vivant sur une ferme, a un grave épisode d'état hypnagogique et se convainc que de mauvais esprits lui en veulent physiquement, Pour se changer les idées, elle prend sa guitare et enregistre d'une traite 60 minutes de musique dont les trois prochains morceaux. Tout ça ne fait aucun sens pour elle, comme en fait foi cette troisième chanson hantée.
Si mon coeur pouvait parler, il aurait la voix et les mots de Cat Power. Mon coeur est femme à cause de Chan.
Organique, vraie, animale, Moew.
Y a du Bob Dylan dans la version que fait Cat Power de The Moonshiner, chanson traditionnelle d'Amérique popularisée en Irlande, autre pied sur un territoire qui est aussi le mien, de la part de la belle brune.
You May Know Him est un autre des 5 morceaux composés dans la nuit d'horreur mentale subie par Chan Marshall à la ferme. Ce morceau doit beaucoup à Otis Redding à qui elle emprunte beaucoup d'accords.
I built a shack with an old friend, he was someone I could learn from, someone I could have become. Voilà une ligne que j'ai toujours trouvée touchante dans sa chanson. Probablement parce que l'on construit tous les jours de notre vie. Et que je ne suis pas encore celui que je voudrais être.
C'est avec ce morceau. composé dans sa nuit dérangée, que je suis tombé en amour de Marshall dès la 12ème seconde de son clip. J'aurais adoré qu'elle me dérange en cognant à ma porte. Et les robes rouges font-elles toujours cet effet dévastateur sur les hétérosexuels? Cat Power voulait faire un clip dans l'esprit de "Holiday" de Madonna où la danse serait à l'honneur. Pff...leur chorégraphie est plus amusante qu'autre chose..Charmant quand même.
Chantant principalement à Dieu sur cet album, convaincue de sa mort prochaine dans sa nuit d'hallucinations, il ne faut pas s'étonner de trouver en fin d'album une référence à un "saint". Pas mon morceau préféré qui semble plaqué en fin de parcours et dont le chant suit les accords.
Pour amateur de musique dépouillée, acoustique, folk, emo, paranoïaque, pour amateur de voix douce, de mélancolie, de vent et d'évanescence. Pour amateur de propos punk sur musique folk and blues au féminin et amateurs de voix proches de Soko, Thievery Corporation ou Nouvelle Vague,