Der Blaue Reiter (en français, « le Cavalier bleu« ) est un groupe d’artistes d’inspiration expressionniste, qui s’est formé à Munich. Ce groupe organise deux expositions (en 1911 et en 1912) et publie un almanach en 1912. Ses acteurs principaux sont Vassily Kandinsky, Franz Marc et August Macke. D’autres artistes comme Gabriele Münter, Heinrich Campendonk, David Burljuk, Alexej von Jawlensky, Marianne von Werefkin, Paul Klee y ont également participé.
Le Blaue Reiter avait pour but de donner un prolongement immédiat aux recherches pour l’émancipation de l’art, que les premières expositions de La Nouvelle association des artistes munichois (Neue Künstlervereinigung München, abrégé couramment en NKVM) – fondée en janvier 1909, avec Kandinsky comme président – avaient favorisées mais qui avaient effrayé les membres encore attachés à un certain conformisme. Le nom lui-même, reprenant le titre d’un tableau de Kandinsky exécuté en 1903, rend compte d’une volonté d’évasion par le lyrisme de la couleur, à laquelle Marc, comme Kandinsky, accorde tous les pouvoirs. La personnalité de ce dernier domine le Blaue Reiter et cette période correspond pour lui à une expérimentation décisive de l’Abstraction. Pour Marc et ses amis August Macke, Paul Klee, beaucoup plus jeunes, leur participation est une étape importante qui leur fait prendre conscience de leurs moyens et surtout d’un destin artistique désormais ouvert à toutes les tentatives. Les manifestations créatrices du Blaue Reiter ne dépassent pas 1913 mais cette brièveté est largement compensée par le renouvellement profond de la vision, théorique et pratique, qu’elles apportent.
Der blaue reiter est également un pont jeté entre Paris et Munich ; ainsi le groupe expose en février 1912, à la galerie Goltz de Munich, Picasso, Rousseau et Vlaminck, affirmant ainsi ses affinités électives et s’inscrivant de plain-pied dans la modernité. Robert Delaunay, lui, participe aux deux expositions de 1911 et 1912.
Mais, avec la Première Guerre mondiale, c’est déjà la fin de l’histoire du Blaue Reiter. Macke et Marc sont morts au combat ; Kandinsky menacé d’internement comme ennemi étranger, s’enfuit en Russie ; Münter, emportée par ses propres démons, erre en Europe. La réverbération finale arrive avec la fondation, en 1924, des « Quatre Bleus » : Kandinsky, Klee, Jawlensky et Feininger, lesquels étaient tous professeurs au Bauhaus de Weimar, et internationalement connus.
Vassily Kandinsky
Vassily Kandinsky, né à Moscou le 4 décembre 1866 et mort à Neuilly-sur-Seine le 13 décembre 1944, est un peintre russe et un théoricien de l’art.
Considéré comme l’un des artistes les plus importants du XXe siècle aux côtés notamment de Picasso et de Matisse, il est l’un des fondateurs de l’art abstrait : il est généralement considéré comme étant l’auteur de la première œuvre non figurative de l’histoire de l’art moderne, une aquarelle de 1910 qui sera dite « abstraite ». Certains historiens ou critiques d’art ont soupçonné Kandinsky d’avoir antidaté cette aquarelle pour s’assurer la paternité de l’abstraction sous prétexte qu’elle ressemble à une esquisse de sa Composition VII de 1913.
Kandinsky est né à Moscou mais il passe son enfance à Odessa. Il s’inscrit à l’Université de Moscou et choisit le droit et l’économie. Il décide de commencer des études de peinture (dessin d’après modèle, croquis et anatomie) à l’âge de 30 ans.
En 1896 il s’installe à Munich où il étudie à l’Académie des Beaux-Arts.
En 1909, il est nommé président de La Nouvelle association des artistes munichois (NKVM) et organise les expositions de 1909 et 1910 pour présenter le travail des fauvistes et des premiers cubistes. Dans le catalogue réalisé lors de la seconde exposition, il commença à introduire sa théorie de l’art qui s’acheva, deux ans plus tard, lors de la publication de son livre Du spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier, qui paraît fin 1911. En 1912, après avoir donné sa démission de l’association (qui a refusé une de ses toiles, trop grande), il fonde, avec Franz Marc entre autres, Der Blaue Reiter. Le groupe se disperse avec la guerre où Macke et Marc perdent la vie.
Pour Kandinsky, la peinture devait s’étendre de la pesante réalité matérielle jusqu’à l’abstraction de la vision pure, avec la couleur comme moyen, d’où le développement d’une théorie complexe de la couleur. Dans La Peinture comme art pur, livre de 1913, il soutient que la peinture est déjà une réalité séparée, un monde en soi, une nouvelle forme d’être, qui agit sur le spectateur à travers la vue et qui provoque en lui de profondes expériences spirituelles.
Kandinsky retourne à Moscou en 1918 après la révolution russe. En conflit avec les théories officielles de l’art, il retourne en Allemagne en 1921. Il y enseigne au Bauhaus à partir de 1922 jusqu’à sa fermeture par les nazis en 1933. Il émigre alors en France et y vit le reste de sa vie, acquérant la nationalité française en 1939. Il s’éteint à Neuilly-sur-Seine en 1944, laissant derrière lui une œuvre abondante et essentielle.
Voici quelques œuvres correspondant à cette période.
Gabriele Münter
Gabriele Münter (1877 – 1962) est une peintre allemande du mouvement expressionniste. Elle fut l’une des représentantes majeures de l’avant-garde munichoise au début du XXe siècle en tant que membre du mouvement artistique du Blaue Reiter.
Gabriele Münter est née à Berlin de parents bourgeois qui ont soutenu sa vocation de peintre avant de mourir prématurément. Elle s’intéressa très tôt à l’art et suivit des cours particulier de dessin avant de fréquenter l’École d’art pour femmes de Düsseldorf à partir de 1897, son sexe lui interdisant d’entrer dans une académie des beaux-arts. Après un voyage de deux ans aux États-Unis, Gabriele déménagea à Munich en 1901, où, ne pouvant toujours pas entrer à l’académie des Beaux-Arts, elle fréquenta une école de peinture pour femmes, tout en se rendant aux cours de peinture de l’école de Vassily Kandinsky, la Phalange. Elle est son élève pendant un an, avant qu’il ne ferme l’école.
Gabriele Münter et Vassily Kandinsky affichent bientôt leur liaison et vivent ensemble, ce qui constitue en soi un acte de courage pour une jeune fille du début du XXe siècle. Les deux artistes vivent en couple jusqu’en 1917, et entreprennent de nombreux voyages en Tunisie, aux Pays-Bas, en Italie et en France. Lors de leur premier séjour à Paris en 1906/1907, Gabriele Münter découvre les œuvres de Henri Matisse et du fauvisme. Cette découverte va profondément bouleverser son style de peinture.
En 1909, elle achète une maison à Murnau am Staffelsee. Elle y passe ses étés avec Kandinsky, et y reçoit de nombreux artistes munichois d’avant-garde : Marianne von Werefkin, Alexej von Jawlensky. Plus tard, Franz Marc, August Macke et le compositeur Arnold Schönberg séjourneront aussi dans la « maison des Russes ».
Elle participe à la création de la NKVM, qu’elle quitte en 1911 avec Vassily Kandinsky, Franz Marc et Alfred Kubin. Ensemble, ils forment le noyau dur du groupe du Blaue Reiter. C’est lors d’une de leurs expositions communes que Gabriele Münter connaît son premier vrai succès artistique.
Pendant la Première Guerre mondiale, Vassily Kandinsky, devenu ennemi de la Patrie, quitte l’Allemagne et retourne en Russie. Gabriele Münter vit quant à elle en Scandinavie de 1915 à 1920, et rencontre Kandinsky une dernière fois à Stockholm avant que celui-ci ne rompe définitivement le contact en 1917. À partir de 1920, Gabriele Münter vit entre Cologne, Munich et Murnau. Les dépressions chroniques dont elle souffre l’éloignent de la peinture. En 1931, elle déménage à Murnau avec son deuxième compagnon, l’historien d’art Johannes Eichner. Là-bas, elle peint des natures mortes fleuries, mais aussi de nombreuses études abstraites à la peinture à l’huile.
En 1937, les nazis lui interdisent d’exposer, ce qui l’oblige à se retirer de la vie publique. De même, les œuvres de Vassily Kandinsky et des autres membres du Cavalier Bleu sont qualifiées d’art dégénéré par les nazis. Ce n’est que grâce à Gabriele Münter, qui cacha leurs œuvres dans le sous-sol de la maison de Murnau, que la plupart des œuvres de la période d’avant-guerre, si décisive et productive pour Kandinsky, survécurent.
La « maison des Russes » de Murnau a aujourd’hui été transformée en musée, où des œuvres personnelles de Gabriele Münter et de Wassily Kandinsky sont montrées
Franz Marc
Franz Marc, né le 8 février 1880 à Munich et mort le 4 mars 1916 à Braquis près de Verdun, est l’un des principaux représentants de l’expressionnisme allemand. Peintre animalier, graveur, pastelliste, aquarelliste, lithographe, écrivain, il est un des fondateur du groupe Der Blaue Reiter.
Franz Marc voyage à Paris en 1903 où il enrichit sa formation de la connaissance du postimpressionnisme et des nabis. Il s’intéresse, à partir de 1906, à la peinture d’animaux, dont il étudie l’anatomie à fond : toujours attiré vers une culture symboliste et fortement influencé par Gauguin, le peintre considère ce thème comme le plus apte à incarner une force vitale totalement incluse dans le grand flux naturel. En 1910, il fait la connaissance d’August Macke, qui lui révèle la force expressive de la couleur, et de Vasily Kandinsky, dont les idées mettent en valeur la théorie symbolique de la couleur qu’il est en train d’élaborer. Marc participe, avec Macke et Kandinsky, à la rédaction de l’Almanach du Blaue Reiter et, par la suite, à la fondation du groupe du même nom qui jouera un rôle important dans l’évolution de l’abstraction de l’art européen.
Puis en 1912, influencé par une exposition consacrée au futurisme italien et par les tableaux de Robert Delaunay, il se tourne vers l’abstraction, sa première œuvre entièrement de ce style étant composition I, peint en décembre 1913.
En 1914, il se porte comme volontaire sur le front où il travaille encore et toujours dans un petit carnet et se complaît dans le dessin abstrait. Il est touché par un éclat d’obus lors d’une chevauchée de reconnaissance et meurt en mars 1916 à Braquis, près de Verdun, sans avoir vraiment terminé son cheminement.
August Macke
August Macke, né le 3 janvier 1887 à Meschede (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), mort le 26 septembre 1914 à Perthes-lès-Hurlus, est un peintre expressionniste allemand.
Formé à l’Académie de Düsseldorf, il se rend à Paris une première fois en 1907, puis il y séjourne en 1908 et 1910, découvrant, avec l’œuvre des nabis et de Matisse, les possibilités d’une utilisation autonome de la couleur. Sa rencontre avec le groupe et les idées du Blaue Reiter le trouve donc prêt à réaliser une transcription du réel en une joyeuse poésie de la vision totalement lyrique (L’orage, 1911). L’orphisme de Robert Delaunay et le futurisme confèrent à sa peinture un nouvel élan dynamique et lui permettent de figurer la vie dans une quantité insoupçonnée de réfractions et de réflexes lumineux mobiles (Personnages au lac bleu, 1913).
Le style de Macke combine la désinvolture de l’art impressionniste avec la logique formelle d’un Seurat. Son point de vue mondain plutôt que mystique, fait de lui un des peintres les plus romantiques de l’art allemand du XXe siècle. Ses paysages merveilleux avec figures étaient ses thèmes favoris.
Avec le temps, il se démarqua de Kandinsky, et critiqua la « peinture intellectuelle » de son ami Franz Marc, plus âgé que lui. Pour Macke, la sensualité de la couleur et l’harmonie des formes, était plus important que le spirituel dans l’art ; il restait fidèle à la beauté de ce monde. En 1914, quelques mois avant sa mort précoce sur le champ de bataille en Champagne, Macke enrichit sa peinture de l’expérience de la lumière méditerranéenne qu’il acquiert pendant un voyage en Tunisie avec Paul Klee ; un nouveau bonheur de la vision, une autre puissance lumineuse caractérisent les très belles aquarelles que l’artiste peint au cours de ce voyage (Kairouan, 1914).
Alexej von Jawlensky
Alexej von Jawlensky, né le 13 mars 1864 à Torjok (Russie) et mort le 15 mars 1941 à Wiesbaden (Allemagne), est un peintre russe expressionniste.
Militaire mais déjà très intéressé par la peinture, il rencontre en 1890, à Saint-Petersbourg, Ilya Repine, le grand peintre russe réaliste et romantique de l’époque. L’une des élèves de Repine est Marianne von Werefkin, fille du général commandant la forteresse Pierre et Paul et qui a déjà un certain nom comme peintre. Jawlensky quitte l’armée en 1896 avec le grade de capitaine et, accompagné de Werefkin, part pour Munich. Il rencontre Kandinsky qui a quitté la Russie un an auparavant. En 1898 il part pour l’été en Russie en compagnie de Werefkin, puis visite Venise. Sa production picturale d’alors est essentiellement des natures mortes.
En 1905, il travaille à Carantec, en Bretagne et, grâce à l’intervention de Diaghilev, envoie six toiles au Salon d’automne, qui sont exposées dans la section russe, et fait la connaissance de Matisse. Son influence éclate aussitôt dans ses natures mortes (Nature morte avec fleurs et oranges, 1909) et surtout dans ses portraits, d’une somptuosité chromatique débridée (Jeune Fille aux pivoines, 1909). Il rencontre en 1908 le danseur russe Alexandre Sakharoff qui devient son ami intime. Il passe les étés à Murnau, dans le sud de la Bavière en compagnie de Werefkin, Kandinsky et Gabriele Münter. Ils font partie des fondateurs de la Nouvelle Association des Artistes de Munich (Neue Künstlervereinigung München) ou NKVM, qui tint sa première exposition à la galerie Thannhauser de Munich en décembre et donne naissance en 1912 au « Blaue Reiter ». Il rencontre Franz Marc, Emil Nolde et participe aux expositions du Sonderbund et à Neue Kunst chez Golz à Munich. Après la déclaration de la guerre de 1914, il se réfugie en Suisse à Saint-Prex. Dans un grand isolement, il commence à peindre la vue qu’il a de sa fenêtre : c’est la série des Variations, le peintre s’engage sur une voie qui le mènera au dépouillement. Puis à Zurich, qui est devenu un lieu de rencontre pour les artistes et écrivains européens fuyant la guerre, il fait la connaissance de Jean Arp, Wilhelm Lehmbruck et Marie Laurencin. Il commence sa série des Têtes mystiques et, de 1918 à 1921, s’installe à Ascona où il débute l’extraordinaire série des Têtes Abstraites (voir ci-dessous).
En 1921, il quitte Ascona et Marianne von Werefkin et s’installe à Wiesbaden. En 1922, il épouse Hélène Nesnakomoff, à qui il avait fait un enfant, Andrej, vingt ans plus tôt – elle avait alors 16 ans et était femme de chambre dans la maison des Werefkin. Ils avaient même, un temps, formé une sorte de ménage à trois…
En 1924 Emmy Scheyer crée le groupe des « Quatre bleus » comprenant Jawlensky, Lyonel Feininger, Paul Klee et Kandinsky pour promouvoir leurs œuvres aux États-Unis sur la Côte Ouest.
Mais Jawlensky poursuit ses Têtes Abstraites jusqu’en 1934 où sa série des Méditations prend la suite, traités à la façon des anciennes icônes, avec une gravité douloureuse conforme aux préoccupations mystiques qui sont alors les siennes, tandis que, depuis 1929, il est de plus en plus affecté par l’arthrite qui finit par le paralyser. En 1938, il cesse de peindre. Il meurt le 15 mars 1941, à l’âge de soixante-dix-sept ans. Il est inhumé au cimetière russe de Wiesbaden.
Marianne von Werefkin
Marianne von Werefkin (Marianna Vladimirovna Verëvkina), née le 11 septembre 1860 à Toula, Russie, et morte le 6 février 1938 à Ascona, Suisse, est une peintre russo-suisse de la période expressioniste, fille du commandant du régiment d’Ekaterinbourg dans l’Oural.
En 1880, elle est l’élève d’Ilya Repine, le plus grand peintre réaliste de Russie. En 1888, elle a un accident de chasse au cours duquel elle se tire dans la main droite avec laquelle elle peignait. En 1892, elle rencontre Alexej von Jawlensky qui rencontre ensuite Helene Neznakomova qui vient vivre avec le couple. Tous trois font alors un voyage à travers l’Allemagne en 1896. Mais pendant près de dix ans, Marianne ne peint plus.
Ils résident ensuite en France de 1905 à 1906. En 1907, elle commence son œuvre expressionniste. Elle adopte le style de Paul Gauguin et Louis Anquetin. En 1909, Alexej von Jawlensky, Marianne von Werefkin, Vassily Kandinsky et d’autres fondent le NKVM, qui tient sa première exposition à la galerie Thannhauser de Munich en décembre et qui donne naissance en 1912 au Blaue Reiter.
À la déclaration de la Première Guerre mondiale, von Jawlensky et elle émigrent en Suisse, près de Genève, puis à Zurich. En 1918, ils s’installent à Ascona mais se séparent en 1921. En 1924, elle crée le groupe d’artiste Großer Bär.
Dans les années qui suivent, elle peint des affiches. Ses amis Carmen et Diego Hagmann la préservent de la pauvreté.
Elle meurt le 6 février 1938 et repose dans le carré russe du cimetière d’Ascona.
Son utilisation des couleurs, ses perspectives déformées et ses cadrages donnent à ses œuvres une force peu commune.
Lyonel Feininger
Lyonel Charles Feininger (New York, 17 juillet 1871 – id. 13 janvier 1956) est un peintre expressionniste et caricaturiste allemand-américain.
Feininger, né à New York, part à l’âge de seize ans avec ses parents pour l’Europe et particulièrement à Berlin où il vit avant d’émigrer en 1936, victime de la discrimination allemande et de retourner aux États-Unis. Doué aussi bien sur le plan musical que de la peinture, il donne la préférence à son penchant le plus fort qui était la peinture. Il doit attendre longtemps avant d’être reconnu en tant qu’artiste malgré de respectables succès comme illustrateur.
À partir de 1905 il réalise des caricatures pour les revues humoristiques Ulk et Fliegende Blätter. En 1906-1907 il réalise textes et dessins pour une série de bandes dessinées pour le Chicago Tribune. Son œuvre picturale de 1906 à 1911 est influencée par ses planches illustratives, et ce n’est qu’en 1911, à Paris, qu’il trouve sa voie vers sa propre forme artistique grâce aux œuvres des cubistes. Il se détourne presque totalement d’éléments figuratifs dans ses toiles dont le thème principal devient la ville et l’architecture des villages thuringiens. Un haut clocher d’église est souvent omniprésent dans les compositions qui datent de la guerre ou la suivent, comme un symbole d’espoir en un monde plus paisible. Fidèle aux préceptes cubistes, il renie toute perspective classique pour la recomposer à partir d’éléments déstructurés, de formes emboîtées les unes dans les autres de façon compliquées qui confèrent à l’œuvre une monumentalité intérieure et une sévère tectonique. Cependant ses tableaux ne forment pas des blocs compacts et, grâce à son apprentissage des couleurs chez Robert Delaunay, ils irradient de lumière et de transparence.
Il fut également membre de la Sezession berlinoise en 1909, associé au groupe expressionniste Die Brücke et au groupe Les Quatre Bleus. Il enseigna au Bauhaus pendant plusieurs années (à partir de 1919).
Paul Klee
Paul Klee, (prononcer « Klé »), est un peintre allemand né le 18 décembre 1879 à Münchenbuchsee, près de Berne et mort le 29 juin 1940 dans un hôpital de Muralto dans le canton du Tessin.
Paul Klee (1879-1940) entre en contact en 1911 avec le groupe du Blaue Reiter. Il fait la connaissance de Kubin, Kandinsky, Macke et Marc, avec lesquels il expose l’année suivante à la seconde exposition berlinoise ; il rencontre à Paris Robert Delaunay et le milieu cubiste, orientant ainsi sa propre recherche d’une analyse introspective sur les valeurs psychologiques des formes vers les problèmes de lumière, de couleur, de mouvement et de temporalité. Durant un voyage extrêmement important en Tunisie, en 1914, en compagnie des peintres Moilliet et Macke, Klee découvre définitivement la couleur : « C’est le moment le plus heureux de ma vie : la couleur et moi sommes une seule chose. Je suis peintre ». Démobilisé en 1918, il utilise davantage la peinture à l’huile et réalise des compositions très libres où il introduit des signes et des lettres.
L’entrée de Kandinsky au Bauhaus de Weimar en 1921, loin de modifier la méthode d’analyse de Klee, la renforce et lui permet d’effectuer d’approfondissements théoriques sur les possibilités de construire l’image qui n’entre jamais en conflit avec la composante fantasque et imaginative de ses peintures. Ses cours de peinture à Bauhaus se déroulent parallèlement à ceux de Kandinsky, auquel est lié par une grande amitié. Il fonde en 1924 avec Kandinsky, Feininger et Jawlensky le groupe des Blaue Vier (les Quatre Bleus). Les nombreuses œuvres de cette période sont divisées par thèmes qui, cependant, reconduisent toujours à sa manière particulière de saisir le réel et de le transposer sur un mode imaginaire. Il s’agit d’images magiques et riches de mystère, toutes de petit format, où les zones de couleur, souvent très lumineuses, s’ordonnent en fonction de structures abstraites et s’accompagnent de fins signes graphiques.
En 1925, après avoir quitté le Bauhaus, Klee devient professeur à l’Académie de Düsseldorf et en 1933, après la condamnation nazie de l’art dégénéré, il s’établit à Berne. La maladie qui l’afflige ralentit le rythme de sa production, qui prend un caractère plus dramatique ; les traits noirs épais deviennent essentiels et obsessionnels, et présentent des funèbres analogies avec des barreaux et des symboles nocturnes.
Robert Delaunay
Robert Victor Félix Delaunay, né le 12 avril 1885 à Paris et mort le 25 octobre 1941 à Montpellier, est un peintre Français lié aux mouvements cubiste-orphique et abstrait.
Les parents de Robert Delaunay divorcent quand il a 9 ans. Il est alors élevé par une sœur de sa mère et son mari. À l’école, il ne s’intéresse qu’au dessin et à l’histoire naturelle, ce qui lui vaut d’être exclu pour paresse. Il est engagé en tant qu’apprenti dans la conception scénique deux années durant. C’est là qu’il développe son goût pour les grandes surfaces.
En 1904 et 1905, Robert Delaunay réalise ses premières peintures : des paysages et des fleurs de facture néo-impressionniste et fauve. En 1906, il fait son service militaire à Laon (Aisne) où, fasciné par la cathédrale, il en fait de nombreux croquis.
Fin 1906, Robert Delaunay rentre à Paris, et présente « Le manège électrique » au jury du Salon d’automne qui le refuse. Il décide de ne jamais exposer à ce salon. En 1907, il fréquente un groupe de jeunes artistes cherchant un art nouveau parmi lesquels Jean Metzinger, Henri Le Fauconnier et Fernand Léger. Dans le même temps, il entreprend un travail conséquent sur des monuments de Paris. Le résultat de ses recherches a pour conséquence de proposer une théorie personnelle sur la couleur, en prenant comme point de départ son œuvre « Paris – Saint-Séverin » (1909).
Début 1909, il rencontre Sonia Terk, mariée alors avec Wilhelm Uhde, dont elle divorce aussitôt pour se remarier avec Robert Delaunay, dont elle est enceinte, le 15 novembre 1910. Le 18 janvier 1911, nait un garçon, Charles.
En 1910, influencé par le Cubisme, Robert Delaunay réduit sa palette de couleurs jusqu’au monochrome, puis, sous l’influence de Sonia, il réintroduit les couleurs chaudes. Avec d’autres artistes comme Henry Rousseau, Heinrich Campedonk, August Macke, Gabriele Münter, Paul Klee, il fait partie du groupe « Der Blaue Reiter » et participe aux deux expositions de 1911 et 1912 à Munich. C’est aussi en 1912 qu’il se tourne vers l’Orphisme avec sa série des Fenêtres (Musée de Grenoble et Philadelphie Museum). Avec Sonia Delaunay, il crée le simultanéisme, basé sur la loi du contraste simultané des couleurs.