Grimes

Publié le 13 janvier 2016 par Lordsofrock @LORDS_OF_ROCK

La jeune canadienne s’est fait connaître au niveau planétaire avec son troisième album VISIONS qui l’a propulsé en dehors du monde underground de la musique électronique. Grimes est devenue une pop star malgré elle, la musicienne a déclaré dans le dernier ELLE son combat permanent pour légitimer sa musique. D’après elle, l’underground dans lequel elle a fait ses premiers pas considérerait la pop-music comme vendue et appauvrie. Grimes brille comme pop star mais déteste cette appellation qui selon elle la viderait de ses talents d’artiste. VISIONS l’a fait sortir de l’ombre et Art Angels apparaît comme un moyen d’affirmer la créativité dans la pop music. La pop music est un terme fourre tout qui ne veut plus rien dire. Aujourd’hui l’underground est devenu une mode et la musique alternative cachée, reculée n’existe plus vraiment. Ou du moins plus pour très longtemps. Internet a vite fait de faire exploser le nouveau son et de le placer comme LE nouveau truc hipster du moment que tout le monde un peu branché se doit de connaître. Ça c’est pour l’aspect médiatique. En ce qui concerne l’aspect musical, la pop music de Grimes est exactement située dans ce flou artistique. ART ANGELS est à la fois un son mille fois entendu et super frais. Il fait de Grimes une pro de la tendance.

Un album riche en couleur

Art Angels entre en profondeur dans la recherche sonore et rompt avec la platitude de VISIONS. Ici on accède à un spectre coloré qui se déploie en plusieurs couches. Après un tour du monde rythmé par d’innombrables concerts et de rencontres, Grimes s’est installé à Los Angeles et a monté un home studio qui a donné naissance à Art Angels. Cet album a la particularité d’être assimilé à l’esthétique de Grimes : dansant, aérien avec un rituel presque vodou. On reste certes dans une pop assumée et très électrique et ça frolle carrément la bouillie mainstream. Mais une fois qu’on a admis ce postulat, le monde de Grimes peut s’ouvrir à vos oreilles. On découvre les influences puisées aux quatre coins du monde musical. Le morceau Vénus Fly par exemple dénote par des séquences de basses très deep et une mélodie à la Beyonce couronnée par Janelle Monae. Grimes a confié à Tsugi avoir élargi son champ de manœuvre. Ça s’entend par la palette sonore qu’elle s’amuse à décortiquer dans tous les sens comme le traitement des voix et des samples. Elise Boucher explore le monde de la pop en y ajoutant du screamo de l’opéra et des sonorités asiatiques.

Une esthétique bien à elle

Grimes est une artiste accomplie. Productrice avant tout, elle travaille son visuel avec audace. La musique lui est venue entre les mains après le pinceau. Son goût pour les arts visuels lui permet de créer son propre univers et de réaliser ses pochettes d’albums. On retrouve une influence punk tirée des fanzines des années 80 et une fascination pour le gore et la mythologie. Le personnage de Grimes se situe en équilibre entre l’héritage punk et la hype. Ça donne une sorte de mix expérimental utilisé comme figure de proue du mouvement street/fashion. La preuve en est qu’elle a été invitée à jouer pour la Fashion Week ou elle est apparue avec sa longue chevelure rosée dégradée et un perfecto futuriste. Grimes est décalée, mais pas trop, juste assez pour attirer l’attention sur elle. Art Angels en est la preuve.