Mais, Télématin a choisi de regarder…. (roulement de tambour)…
La Grèce, l’Italie, l’Inde et le Canada
Lequel de ces pays est un titan du digital, reconnu mondialement pour ces avancées technologiques et/ou digitales ? Quand on parle de la presse, c’est vrai qu’il y a une histoire à raconter quelque soit le pays. C’est normal. Par les médias, on a un aperçu sur la culture … On peut « lire » beaucoup dans les médias, pas simplement de par ce qui est écrit, mais dans la liberté, le contrôle et par la passation de l’analogue au digital. Mais, aurait-il été l’objectif de la chaîne France 2 de mettre les médias en France en meilleure lumière par rapport à ces quatre exemples versus des pays plus en avance ?
L’ANALYSE DU DIGITAL – PROXY DE L’ANALYSE NORMALE?
C’est vrai qu’analyser comment la presse écrite se comporte permet une certaine lecture de comment le pays se comporte de façon générale vis-à-vis de la disruption digitale. En effet, les médias étaient au premier rang pour faire face à l’âge numérique. C’est au milieu des années 1990 que l’Internet a commencé à perturber l’industrie des médias (journaux, livres, musique…). Depuis 20 ans, la presse écrite vit une crise sans répit. Il y a beaucoup d’exemples de fermetures. Il y a même un site dédié à ce sujet: Newspaper Death Watch ou encore une rubrique sur The Guardian.
La presse écrite à l’air [sic] du digital ?
Le reportage de Télématin a cherché à comprendre comment la presse écrite « survit » dans l’ère digitale. Mais, sur les 4 pays choisis dans le reportage de Télématin, seulement le Canada peut être considéré un pays « moderne » en matière du digital. Pour le reste, on est sur des modèles chroniquement anciens.
La question fondamentale sous jacente est la liberté de la presse face à l’équation économique, le contrôle des récits et de l’opinion publique. En Grèce, comme j’ai identifié dans un billet précédant intitulé, « La Liberté de Presse, Comment Bien Se Défendre, » le problème n’est pas la digitalisation de la presse, mais la liberté de celle-ci avec un patronat de barons sans scrupule. Pour l’Italie, je note que le nom de Berlusconi n’a même pas été soupiré pendant le reportage. Pour l’Inde, ils n’ont pas cité IndiaTimes.in, la version digitale du Times of India qui est le journal anglophone avec la plus grande circulation quotidienne au monde. A noter que IndiaTimes.in est actuellement le 106è site sur les palmarès mondiaux (selon Alexa) en matière de trafic. Bref, hormis l’histoire de La Presse au Québec* qui est passé totalement au digital pour les éditions quotidiennes dans la semaine, le reportage s’est concentré sur comment le papier se maintient. Autrement dit : comment on peut résister au changement et rester dans le 20e siècle !
La liberté digitale ?
Le tournant digital de la presse est indubitablement lié à l’aspect transfrontalier et poreux de l’Internet. Les barons et gouvernements dans les pays qui jouissent d’une liberté sur le Net (en vert en dessous, carte par FreedomHouse) ont plus de mal a priori à contrôler les messages – quand bien même ces médias leur appartiennent. Heureusement, nous avons une certaine transparence. En tout cas, les citoyens ont la liberté de lire et écrire ce qu’ils veulent. Cependant la liberté ne résout en rien la difficulté des médias à survivre, économiquement parlant. Non sans ironie, on pourrait penser que la digitalisation de la presse met en péril la liberté de la presse.