Edimbourg est devenue un terreau fertile pour de nombreuses start-ups, mais cela grâce aux différentes initiatives de l’Etat et, surtout, au soutien des écoles et universités écossaises.
Londres et Cambridge n’ont plus le monopole de l’innovation : Edimbourg semble depuis quelques mois tirer son épingle du jeu dans le domaine des start-up. La preuve en est, le nombre de start-up en Ecosse a cru de 43% ces cinq dernières années pour atteindre le chiffre de 3000. La principale raison à cela résiderait dans l’excellent niveau universitaire de la ville et l’accent mis sur la recherche comme nous l’explique Colin Adams, directeur de la commercialisation à l’école d’informatique de l’université d’Edimbourg. “L’université d’Edimbourg est celle avec le plus important budget européen en sciences informatiques, elle n’est dépassée que par trois autres universités dans le monde.”
Le soutien de l’Etat pour les étudiants-innovateurs
Colin Adams se rappelle: “Les choses ont commencé à véritablement changer il y a dix ans, le rôle du gouvernement qui a mis l’accent sur la recherche a aussi été très important. Avant, quand de jeunes bacheliers venaient visiter notre école d’informatique avec leurs parents pour s’orienter au mieux, nous leur parlions surtout de la possibilité d’intégrer de grands groupes comme Microsoft ou IBM à la sortie. Maintenant, nous jouons à 100% la carte start-up en leur proposant de créer leur propre métier, on sent à leurs retours que c’est vraiment dans l’ère du temps et qu’ils sont très demandeurs de ce genre de choses.”
Les étudiants réalisant leurs études en Écosse n’ont ainsi pas à payer de frais de scolarité pour leur Bachelor (l’équivalent de la licence) s’ils étudient à plein temps et sont donc plus enclins à prendre des risques lors d’un premier investissement entrepreneurial. En plus de cette aide, un soutien financier peut aussi leur être apporté par le gouvernement écossais pour leurs frais de logement. Ce soutien de l’Etat ne concerne pas que les étudiants écossais, plus de 90% des étudiants étrangers sont éligibles pour recevoir la bourse finançant leurs études. “Il est intéressant de noter que seul un tiers des étudiants possèdent un passeport britannique. Cela favorise aussi la dynamique d’innovation puisque des gens provenant d’univers très différents sont mis en contact.” ajoute Colin Adams.
“Le focus sur la recherche et la diversité de nos étudiants sont sûrement deux raisons qui expliquent que l’université d’Edimbourg ait été celle à produire le plus de start-up ces huit dernières années de toutes les universités mondiales. Il y aussi un accès relativement aisé au financement même aux phases initiales des projets. La fiscalité du Royaume-Uni qui prévoit des allègements de taxes pour les investisseurs qui font le choix des start-up a aussi aidé”.
Des universités en liens étroits avec des incubateurs
A deux minutes à pieds à peine de l’Université d’Edimbourg, on trouve un programme d’incubation à succès appelé TechCube. Celui-ci offre aux 35 jeunes start-up qui y sont actuellement hébergées du numérique des espaces de bureau, du soutien et des conseils ainsi qu’un réseau intéressant. Cet incubateur est le premier incubateur privé d’Ecosse mais il est cependant loin d’être le seul, la ville n’en compte par moins de 17. L’école d’informatique de l’université dispose elle aussi d’un espace d’incubation. Colin Adams nous explique: “Actuellement, 16 jeunes pousses sont hébergées chez nous. Nous avons fait le choix de ne garder que les start-up en phase initiale de développement. FanDuel qui est maintenant l’une des deux “licornes” ayant vu le jour à Edimbourg a commencé chez nous mais a vite atteint une taille trop importante pour rester.”
Un autre incubateur bien connu spécialisé dans le secteur numérique et informatique s’appelle CodeBase, c’est d’ailleurs le premier incubateur du Royaume-Uni dans le secteur des technologies. Skyscanner est la grande star de la scène des start-up écossaises. Ce comparateur de prix en ligne des compagnies aériennes notamment est l’autre licorne à avoir vu le jour dans la ville. La jeune pousse emploie plus de 350 personnes et est valorisée à un milliard de dollars. C’est son installation à Edimbourg en 2003 qui a véritablement lancé la scène entrepreneuriale locale.
Edimbourg et les autres...
Mais Edimbourg n’est pas la seule ville où l’innovation se développe. Glasgow est déjà en train de lui emboîter le pas avec des plateformes comme RookieOven qui cherche à développer la communauté entrepreneuriale de la ville. Elle dispose par ailleurs aussi de très bonnes universités dans les sciences informatiques et de l’émulation voisine d’Edimbourg. Michael Hayes, le fondateur de RookieOven nous le confirme: “Les universités de Glasgow et de Strathclyde font de la recherche reconnue mondialement. L’école d’Art de Glasgow est aussi connue comme l’une des meilleures au monde et nous avons beaucoup d’entreprises technologiques installées ici dans des secteurs aussi divers que l’espace (Clyde Space), le ecommerce (Adimo) ou encore l’éducation (Twig)”.
(Source Cornfield / Shutterstock.com - Glasgow)
Quand on lui demande si la ville peut potentiellement suivre l’exemple d’Edimbourg il répond avec optimisme: “Les grands succès de Fanduel et Skyscanner ont fait les gros titres mais Edimbourg a aussi produit de grandes histoires dans le secteur des nouvelles technologies. Twig vend des produits partout dans le monde et JP Morgan a l’un de ses plus grands centres de développement à Glasgow. Ce que les deux villes doivent faire à l’avenir c’est d’apprendre à mieux collaborer. Trop souvent les villes se battent entre elles ou ne savent pas créer de synergies. Seules 40 minutes nous séparent d’Edimbourg, nous devrions plutôt être en compétition avec Londres ou des villes internationales qu’entre voisins.”