Lieu unique, impossible à reproduire ou à dupliquer, le palace parisien Le Bristol a engrangé huit décennies d’existence, jusqu’à célébrer l’an dernier ses 90 ans. Traversant l’histoire du XXe siècle, l'Adresse du Faubourg Saint-Honoré s'est construite une riche légende. "Un Palace Parisien", ouvrage ponctué de nombreuses anecdotes, signé André Bercoff et Roméo Balancourt naît ce jour.
"Ecoutez le Bristol", suggère le journaliste et écrivain, André Bercoff. "Ecoutez l’immense rumeur qui jaillit de ses tentures et de ses parois de marbre, de ses plafonds peints et de ses tapisseries d’Aubusson, de ses cristaux de Baccarat et de ces porcelaines de Limoges, de ses bouquets de dahlias et de cette sublime grille d’ascenseur Art déco. Cette rumeur dit l’angoisse de la star déchue, les amours tumultueuses d’un couple de milliardaires aussi fantasques que fidèles, les fantasmes accrocheurs d’un collectionneur de tableaux de maîtres, les caprices d’un chanteur de rock (…), les conférences de presse qui cachent tout, la signature des traités de paix et des armistices, la succession de chefs d’Etat dans leurs suites présidentielles - proximité du palais de l’Elysée oblige". Ici c’est une longue histoire qui continue de se raconter depuis 1925. Mais plus qu’un agencement de matériaux nobles et une proposition gastronomique étoilée, l’Hôtel Bristol crâne d’être avant tout, une maison à vocation philanthropique. Autour de "valeurs intemporelles", le lieu incarne à lui seul l’art de vivre à la française. Ava Gardner, Woody Allen, Charlie Chaplin, Picasso, Sharon Stone sans les citer, ont succombé à l'atmosphère discrète du lieu. Ce jour naît un livre mémoire, dans lequel triomphe de son éclat, un hôtel qui se situe d'emblée comme un des plus beaux endroits du monde. Quatre-vingt dix ans plus tard, rien n'a changé. "‘Un Palace Parisien’, est le précieux témoignage qui permet de découvrir le passé du Bristol et de se laisser séduire par son présent", commente son Président Directeur Général, Didier Le Calvez. "Ce livre raconte sa légende à laquelle plusieurs générations d’employés ont contribué à travers un dévouement jamais démenti". D’anecdotes oubliées en souvenirs, la légende reste intacte. Jugez-en plutôt : en territoire américain - Contrairement à d'autres monuments parisiens, seul hôtel à posséder un abri anti-gaz durant la seconde guerre mondiale, le Bristol est devenu la résidence officielle des diplomates et ressortissants américains à Paris. L'Hôtel échappe ainsi aux réquisitions allemandes… et à la faillite, qui frappe alors de nombreux établissements. Histoires secrètes - Pendant l'occupation allemande, l'architecte Léo Lehrman, de confession juive, est resté caché dans la chambre 106 de l’hôtel. La nuit, lorsque la situation le permettait, l’architecte quittait sa cachette pour élaborer en secret les plans des futurs travaux du lieu, notamment de l'ascenseur en fer forgé; Un secret gardé par les 210 salariés du palace. Plus récemment, dans la nuit du 25 au 26 mai 2009, dans la suite 503, Kinga Legg, femme d'affaires polonaise, est retrouvée nue, sans vie, le corps recouvert d'ecchymoses. L'auteur présumé du crime serait Ian Griffin, alors son amant. Dans la suite, les policiers découvrent que plusieurs meubles (chaises et tables de nuit) sont renversés suite à une violente dispute. Selon le personnel de l'hôtel, l'homme et sa compagne séjournaient dans le palace depuis deux jours et commandaient régulièrement des bouteilles de champagne. Des voisins de la chambre ont affirmé avoir entendu les disputes incessantes du couple. Premier arrivé, premier servi - Le 14 juillet 1966, Pierre Jammet, fils du fondateur décédé depuis peu, voit passer le Général De Gaulle devant le palace, pointant du doigt la parcelle encore en friche qui jouxte l’hôtel. Comprenant que l’Etat pourrait réquisitionner le terrain si proche du palais de l’Elysée, l'homme s’empresse de demander officiellement la construction d’une extension. Un immeuble de six étages avec parking et piscine voit le jour. Baker - En 1975, l'hôtel se flatte d'un des événements les plus marquants de son histoire, au regard des célébrités qui ont arpenté son tapis rouge. La meneuse de revue Joséphine Baker y a fêté ses 50 ans de carrière lors d'un dîner mémorable réunissant 250 invités. Distinction - Le 5 mai 2011, le Bristol est le premier hôtel français à recevoir officiellement la distinction "Palace". Cinq mois plus tard, sont inaugurées deux nouvelles suites Signature : la Suite Lune de Miel, située au 8ème étage avec vue panoramique sur les beaux monuments de Paris et la Suite Impériale accusant 320m2, pour jouer à cache-cache ?Si les stars du réputé Bristol sont aujourd'hui deux chats, baptisé respectivement Fa-raon et Kleopatre, bêtes à poil de Birmanie qui se promènent nonchalamment dans tout l'hôtel, le lieu s’est offert le titre mérité de meilleur directeur d’hôtel au monde, décerné l’an dernier à son actuel président, Didier le Calvez. Ex-manager général du Plaza et du Pierre à New York, l'homme est chargé en 1999 de l’ouverture complexe du Four Seasons George V. Un palmarès flatteur pour ce breton large d’épaules, qui connaît tout des arcanes des palaces internationaux, des écrins de luxe, où la beauté des lieux, la classe du service et les égards dus à la clientèle sont quasi inégalables dans le monde feutré et sélect des destinations de rêve. FG
UN PALACE PARISIEN, Le Bristol Paris
21 x 29 cm - 192 pages / 49 €En vente sur la boutique en ligne www.lebristolparis.com