Crashing // Saison 1. Episode 1. Pilot.
L’idée de Crashing, de faire une sorte de grande colocation à sa propre sauce n’est pas bête. Cela vient de Phoebe Waller-Bridge (qui a travaillé sur une comédie britannique appelée Drifters, avec laquelle je n’ai jamais réussi à avoir une affinité) qui a travaillé sur le script mais qui incarne aussi le personnage de Lulu par la même occasion. Elle, que l’on a vu dans Broadchurch ou encore The Café, tente donc de se faire une place ici au milieu d’un univers qui avait tout pour être une vraie réussite. Le lieu est vraiment top, la période choisie aussi, les personnages sont même sur le papier assez intéressants, mais la série a énormément de mal à trouver un lien ou en tout cas du liant là dedans. Du coup, Crashing est une sorte de conversation longue durée sans véritablement cracher quoi que ce soit et le téléspectateur finit par être complètement déçu. Cette histoire de squat était pourtant une bonne idée de départ, d’autant plus que les relations entre les personnages promettaient d’être animées et complexes mais la façon dont tout cela est dépeint manque cruellement de définition ou en tout cas de rythme. On a parfois l’impression que cela passe un peu à côté de toutes les promesses qui avaient été faites.
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Je pense cependant que Crashing a encore du potentiel et surtout de quoi renverser la balance mais ce n’est pas simple. Phoebe Waller-Bridge a une idée, pas si bête, mais elle n’a pas su en faire grand chose au travers de ce premier épisode. Peut-être aussi car introduire 6 nouveaux personnages en seulement 24 minutes de temps ce n’est pas la chose la plus aisée non plus. Je peux donc comprendre qu’elle se soit parfois un peu heurté à des difficultés inhérentes à une scénariste qui n’a jamais vraiment prouvé grand chose auparavant. Les personnages de cette série me rappellent par moment un peu une autre série de Channel 4 appelée Fresh Meat que j’avais trouvé assez charmante pour continuer et terminer la première saison (sans aller plus loin car j’ai par la suite un peu oubliée son existence et je n’ai jamais eu l’occasion de rattraper les saisons suivantes mais c’est une toute autre histoire). Il y a aussi un peu de Miranda là dedans, ce qui n’est pas non plus une mauvaise référence mais une référence mal utilisée. Crashing tente trop d’être branchée et différente de tout ce qui se fait actuellement. Elle cherche des personnages qui sortent des carcans mais les fait entrer dans des cartons qui sont peut-être plus détestables pour eux.
Car Crashing joue aussi énormément sur certains poncifs, ce qui est désolant compte tenu du fait qu’il y a aussi une certaine forme d’ambition ratée là dedans. La série n’a de cesse de faire jurer ses personnages, comme si c’était quelque chose de nécessaire afin qu’ils apparaissent cool à l’écran. Je me demande si finalement Phoebe Waller-Bridge ne s’est pas un peu surmenée et n’est pas tombée sur un os en créant cette comédie qui a énormément de potentiel mais qui a sûrement été un peu survendue à la base. Car je ne m’attendais pas à quelque chose d’aussi mal construit, écrit un peu banalement avec des personnes qui ont beau sur le papier être intéressants, ne ressemblent qu’à certains clichés à l’écran. Du coup, Channel 4 n’a peut-être pas misé sur le bon cheval ici, d’autant plus que je ne vois pas du tout où est-ce que Crashing est drôle. Il n’y a rien de drôle tant les gags tombent pour la plupart tous à plats, à cause de personnages qui ne sont pas soignés et pour lesquels on n’a vraiment aucune empathie. C’est bien beau de vouloir créer des sentiments, de l’humour, etc. mais il faudrait aussi que les personnages à côté soient tout aussi attachants. Non ?
Note : 3/10. En bref, ce qui aurait pu être l’une des meilleures surprises de ce début d’année s’avère être l’inverse.