Valets de nuit, de Corinne Hoex

Publié le 14 janvier 2016 par Onarretetout

Une citation introduit chaque rêve. La littérature s’allie à la jouissance. 33 fois. 33 scènes de plaisir que l’humour enveloppe ou conclut, car la chute ici est aussi importante que l’introduction. Et les mots nous mènent dans cette chambre, ce lieu secret où l’auteure invite les professionnels du quotidien, pompiste, facteur, boucher, gardien de musée, explorateur, sculpteur, et autres et les regarde faire, admire leur savoir-faire, se laisse manipuler, baiser la main, piquer au vif, et se cambre et s’étire. Il y a des hommes qui reviennent dans ses rêves, le pâtissier, le jeune abbé, le géographe. Parfois ils ne sont là que pour que naisse le désir, que pour adoucir le sommeil, pour tromper la solitude, pour habiter la nuit, parfois même le jour. 

Et en moi Barbara chante encore la chanson de La fiancée du pirate : « Mon lit est assez grand / Pour des milliers d’amants » (paroles de Georges Moustaki). Et je retrouve un autre poème, celui-ci écrit par Ingeborg Bachmann

je les courtise tous
et n'en conquiers aucun,
le contrôleur de tramway
qui devant moi fait se fermer
la porte, le postier,
qui sonne
trop fort, tous
je les courtise, j'ai besoin 
d'une armée d'êtres humains 
à pouvoir aimer,
c'est dangereux d'aimer 
les êtres humains, un crime 
de s'imposer 

Et j’ouvre à nouveau le livre de Corinne Hoex et l’effeuille et le feuillette et garde en sa reliure la clef des songes.

En couverture, un dessin de Félicien Rops, artiste belge, né à Namur en 1833, mort à Corbeil-Essonnes en 1898.