Mardi débutait la 20e édition du Sitem (que l’on ne présente plus), ce fut l’occasion de revenir sur 20 ans de numérique dans les musées. Rich Cherry (directeur adjoint du Broad Art Museum de Los Angeles et l’un des trois directeurs de Museums and the web) était aux manettes de ce voyage dans le temps.
Cela fait 20 ans que Museums and the web présente et récompense les initiatives innovantes des musées en matière de nouvelles technologies et de web et très naturellement cette conférence est devenue la grand-messe des museogeeks du monde entier ! On attendait donc ce best of avec impatience. Sachez qu’une bibliographie très complète est accessible en ligne et propose toutes les publications et études de cas proposées au MW depuis sa création en 1997. N’hésitez pas à vous y plonger et à faire, si le cœur vous en dit, votre propre best of … En attendant, voici la sélection qui fut présentée au Sitem 2016.
Prologue
Avant la démocratisation des outils informatiques et de l’accès illimité au World Wild Web, les lieux culturels et musées travaillaient sur la digitalisation de leurs ressources, la mise en réseau et la mise en commun de ces données en collaboration avec des bibliothèques et des universités… Un certain nombre d’objets de méditation ont ainsi pu voir le jour notamment sur CDRom.
Au commencement était le web…
La technologie a permis aux [personnes] éloignées géographiquement de visiter virtuellement des musées. Cette même technologie a favorisé la diffusion en direct depuis les établissements.
Rich Cherry, Newstanks, 2016
L’une des premières expressions de l’arrivée du web dans les musées fut la publication de nombreuses expositions virtuelles. Le Smithsonian en véritable pionnier a proposé sa première exposition virtuelle basée sur la technologie java : Thinkmap. L’exposition proposait une interface dynamique présentant des objets de collection et le lien qu’ils pouvaient entretenir avec des objets du quotidien. Il est difficile d’accéder aux archives des expositions virtuelles de cette époque, car les technologies utilisées sont aujourd’hui obsolètes et qu’aucune politique d’archivage n’avait été envisagée.
Pour en savoir plus : A philosophy of design and technological implementation
Créer un environnement d’utilisation et d’expérimentation interactif n’est pas suffisant, il est nécessaire de créer un environnement qui réponde et interagisse avec nous, et qui soit personnalisé et lié à notre implication (…).
David Bearman et Jennifer Trant MW1999
Intégrer la possibilité d’avoir plusieurs visiteurs virtuels interagissant ensemble, comme il le ferait dans la vraie vie, devait augmenter la valeur de la visite virtuelle. L’autre piste de développement était l’utilisation d’interfaces interactives 3D mais malgré les différents bonds technologiques en la matière, recréer une expérience aussi intime et sensible que peut provoquer une visite IRL est toujours de l’ordre de l’utopie.
Pour en savoir plus : Cooperative visits for museum www sites
Harder Better Faster Stronger
L’émergence du haut-débit a modifié la manière de surfer pour des millions d’internautes. La possibilité d’accéder a des contenus diffusés en direct fut une formidable opportunité pour les musées de réinventer les dispositifs de médiation.
En 1999, l’Exporatorium envoie une équipe filmer une éclipse solaire en Turquie et diffuse les images par satellite. Le signal fut ensuite encodé et diffusé sur le web. La vitesse de la borne passante était de 300kbps soit 9 plus rapidement qu’un modem 56k de base ! En 2000, sur demande l’Exploratorium et de la NASA la diffusion de Solar Max 2000 fut encodée et optimisée pour des connections de différentes vitesses.
Pour en savoir plus : Creating Online Experiences in Broadband Environments
Standardisation, évaluation et musée à emporter…
La multiplication des initiatives dans le secteur numérique culturel requiert le développement d’un langage commun et on observe au début des années 2000 des tentatives de standardisation de certains formats.
Pour en savoir plus : Combining the CIDOC CRM and MPEG-7 to Describe Multimedia in Museums
L’évaluation quantitative et qualitative de l’audience virtuelle se systématise dans les pratiques des professionnels du web et des musées.
Pour en savoir plus : Statistics, Structures & Satisfied Customers: Using Web Log Data To Improve Site Performance
L’arrivée et la démocratisation du téléphone portable a marqué l’émergence du “bring your own device”. Ces appareils personnels ont progressivement été utilisés comme aide à la visite dans les musées.
Rich Cherry, Newstanks, 2016
Me myself and I
La thématique de la personnalisation du web marque l’édition 2004 de Museums and the web, il est clair que l’avenir des musées sur le web se joue sur ce terrain. La personnalisation fait aujourd’hui partie intégrante de notre quotidien d’internaute (géolocalisation, recommandations etc.). Cependant, on constate que tous les musées ne proposent pas ces services par manque de moyens mais aussi par choix.
WEB 2.0
Follower, liker, partager… Les RSN répondent a un besoin très fort (voire fondamental) de recherche et de rencontre de l’autre. La présence de grandes instituions dans ces nouveaux espaces virtuels sonnait comme un véritable défi, les musées ont très vite appris à se positionner dans ce système qui faisait (et fait toujours) la part belle à l’individu et à la personnalité.
Des services comme YouTube ont entraîné les musées à produire de nouveaux contenus. Les premiers pas ont parfois été difficiles, c’était une véritable nouveauté et les techniques n’étaient pas toujours maîtrisées.
Rich Cherry, Newstanks, 2016
A partir de 2010, on assiste à une fragmentation du secteur. De plus en plus, l’accès aux données des musées est pensé à travers l’idée de la création d’un bien commun global. Des éléments de collections patrimoniales qui semblaient être orphelins ou fragmentaires dans un établissement peuvent, une fois mis en ligne dans un environnement commun avec d’autres collections et d’autres des données (provenant d’autres institutions), faire naitre ou révéler une valeur qui était jusqu’alors invisible. Face à ces enjeux, les musées ont dû s’engager dans une réflexion de fond afin de trouver une politique et/ou une stratégie de gestion de la propriété intellectuelle qui favorisent le partage de contenu à des fins éducatives (et non-commerciales) et l’émergence d’innovations.
Pour aller plus loin : l’exemple de du Smithsonian et du parc Balboa
À partir de 2010, on a assiste aussi au développement exponentiel des musées chinois « un musée par semaine ». Dès 2012, MW part sur le continent asiatique en quête de nouvelles pratiques.
Depuis le début d’Internet en 1995 et les premiers Museums and the Web, un chemin très important a été parcouru. Aujourd’hui plus que jamais la technologie est devenue un élément clef , déclencheur de développement et d’innovation dans le secteur culturel.
To be continued …