Magazine Culture

E. Badinter ou quand la bourgeoisie millionnaire vole au secours des jeunes filles des classes populaires musulmanes

Par Sergeuleski

   Le 6 janvier de cette nouvelle année, sur France Inter, E. Badinter enfonce le clou planté en février 2015 - "Je ne pardonne pas à la gauche d'avoir abandonné la laïcité" -, avec un "Il ne faut pas avoir peur d'être traité d'islamophobe !"

   Et allez donc ! Ca, c'est de la philosophie !

____________

badinter élisabeth.jpg

   France Inter, le 6 janvier dernier, a consacré son 7-9 à la laïcité, cette maladie bien française dont on ne guérit semble-t-il jamais. Car enfin, tous les Peuples d'Europe (Grande Bretagne, Allemagne, pays scandinaves) n'ont jamais eu besoin de recourir à ce faux concept qu'est la laïcité, à ce vocable creux et vague et qui cache le plus souvent un fanatisme anti-religieux - un fanatisme anti-immigrés aussi, musulmans et arabes de surcroît -, pour faire vivre en bonne entente leurs résidents et citoyens issus de cultures du monde entier : en effet, toutes les démocraties accordent à toutes les religions un même droit d'existence, de respect et de protection.

Mais alors, pourquoi la France a-t-elle besoin de se distinguer à ce point ? Que cache cette problématisation de l'autre, croyant, pratiquant et aujourd’hui musulman ?

   Pompadour d'un féminisme de salon, marraine de guerre des tranchées d'un féminisme de la Grande guerre, non plus des poilus mais contre les barbus, Elisabeth Badinter dénonce ce qu'elle considère être les lâchetés de la gauche (Il y a donc encore une gauche en France ?!) à propos du voile.

   Ah ! Le voile. Ce satané voile ! Le voile et l'Islam, encore et toujours l'Islam !

Coutumière du fait, E. Badinter n'avait-elle déjà déploré en 2011 dans un entretien au journal Le Monde qu'en dehors de Marine Le Pen", plus personne ne défende la laïcité ?
Encouragée par France Inter, E. Badinter, en bonne compagnie puisque personne n'est invité à lui apporter la contradiction - où est la pluralité des points de vue sur le service public ?! -,  persiste et signe.

   Mais alors, que cela ne nous empêche surtout pas de garder la tête froide : la raison du plus "connaissant" triomphera alors de la raison du plus "borné", raison de mère maquerelle de l'émancipation féminine ! Car personne n'est autorisé à nous demander de choisir entre l'intégrisme religieux et l'intégrisme anti-religieux monomaniaque - un intégrisme anti-musulman -, érigé au rang de religion.

***

   Année après année, E.Badinter dame patronnesse, semble confirmer son appartenance à un féminisme obtus et sectaire ; un féminisme à la manière d'un "Sauvons les femmes malgré elles !" Un féminisme "Enfer pavé de bonnes intentions" qui, dans les faits, ne connaît pas le sujet et/ou l'objet de ce qu'il croit être sa compassion ; d'où son intransigeance.

Avec Diderot comme auteur de chevet, un auteur il est vrai bien plus respectable que Voltaire qui avait la haine du populo chevillée au corps ("la populace" disait-il), entretien après entretien, force est de conclure que E. Badinter est une femme du 18e siècle qui rend bien des services à une France et une République qui ne se reconnaissent plus aucune obligation de résultats côté justice sociale et tolérance de l'autre, et ce depuis qu'il est pourtant d'une urgence absolue d'être capable d'afficher quelques uns... de ces résultats tant attendus et si nécessaires !

   Si l'on doit faire un peu de sociologie, rappelons que E.Badinter dans toutes ses oeuvres de bienfaisance est, tout comme Voltaire, une millionnaire (1) rentière (elle fait travailler les autres !) qui appartient à une bourgeoisie qui se prête d'autant plus facilement à ce type d'instrumentalisation ou de récupération de la part des médias (la promotion d'une laïcité islamophobe de républicains intégristes, le plus souvent proches des USA et d'Israël comme un fait exprès !) que cette classe sera toujours, in fine, une fois le dos au mur, c'est à dire... confrontée à l'insoumission, à l'incontrôlable et à la liberté d'autrui, du côté de l'exclusion et d'un dogmatisme qui n'est pas exempt d'un impensé colonial et d'un inconscient colonialiste : chassez le naturel, il revient galopant et triomphant ! même dans l'amertume et le ressentiment car l'échec rend mauvais.

   Mais alors, dans ces conditions, pourquoi ne pas inviter E. Badinter à prendre quelques leçons auprès d'Edgar Morin par exemple ! Un Edgar Morin tellement plus sensible, c'est-à-dire, tellement plus au fait avec ce qui est, pourquoi ça l'est et pourquoi, dans certaines circonstances, il est important que ça le demeure ; car E. Badinter confirme une fois de plus que l'intolérance vient de l'incompréhension qui a pour racine l'ignorance et un rigorisme dit laïc ou laïcard, aveugle ou dans le meilleur des cas, condescendant, tout en gardant à l'esprit qu'il est plus important de comprendre que de savoir. Quant à savoir - assumant que E. Badinter a bien dû lire quelques livres à défaut d'être capable de sortir de sa classe et de son arrondissement, -, ne pas avoir compris ce que l'on sait, c'est sans doute là le pire des maux ! E. Badinter semble y avoir succombé.

   Car enfin, allez expliquer qu'une femme libérée est une femme qui choisit en toute liberté (!) de porter ou de ne pas porter le voile...

Peine perdue.

1 - En 2011, le magazine Challenges estime la fortune de E. Badinter à 652 millions d'euros, soit la 56e fortune de France, puis la 51e. En mars 2012, elle est classée par le magazine américain Forbes 13e personne la plus riche de France, avec une fortune familiale estimée à 1,1 milliard de dollars.

______________________


   Avec "Femme voilée dans la boîte", l'artiste engagée Sonia Merazga incarne une performance artistique inédite à propos des règlements et lois d'exception liberticides, ici, en France, à l'adresse des femmes voilées...

Jusqu'à leur exclusion et... déshumanisation ?

   C'est la question que pose cette artiste.

Pour prolonger, cliquez :  Le féminisme et l'Islam : foulard et liberté


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Sergeuleski 6225 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines