" J'habite à Paris depuis maintenant cinq ans et bien que j'aie consacré beaucoup de mon énergie et de mon attention à démarrer ma propre carrière de comédien, j'ai toujours été sensible au grand nombre de personnes qui vivent dans la rue et qui mendient dans la capitale. Cela faisait donc un certain temps que je souhaitais pouvoir leur venir en aide autrement qu'en donnant une pièce à droite ou à gauche, au hasard de mon humeur et de mes poches de pantalons. Je me disais également que le plus important n'était pas tant la pièce donnée que le moment où elle passait de ma main à celle de la personne qui en avait besoin. Mais là encore, les rencontres se limitaient toujours à un " Tenez / Merci / Bon courage ".
Ces derniers temps, j'avais envie de m'engager plus avant. J'avais envie de donner de mon temps pour aider ces gens infortunés que l'on côtoie tous les jours en se les dissimulant. Les échos médiatiques de l'arrivée importante de réfugiés et des dangers qu'ils encourent achevèrent de me convaincre d'agir. Ne connaissant pas grand chose au milieu associatif, j'ai d'abord cherché sur internet les grosses associations, puis Marjorie, une amie membre de l'association, m'a parlé d'Entraides Citoyennes. J'ai fait ma première maraude le 14 novembre 2015, le lendemain des attentats. Cette nuit là, j'ai rapidement compris qu'il n'y avait rien de plus utile à faire que cela, pour ne pas céder à l'inhumanité, à la rancœur et à la peur de la veille. En outre, j'ai passé la nuit à me demander pourquoi je n'avais pas fait ça plus tôt. J'ai depuis consacré tous mes samedis soirs aux maraudes. Elles sont devenues un point central de mon agenda. Si c'est un concours de circonstances qui m'a fait rencontré Entraides Citoyennes, je n'ai pas pour autant cherché d'autres associations car j'ai assez rapidement accroché à celle-ci. Son accessibilité, la simplicité de ses valeurs (répondant au bon sens et non à quelque système idéologique sclérosant, ni à quelque missionnariat vaseux), son indépendance et bien sûr, la bonne ambiance qui y règne (j'allais ajouter son parking et son local mais ce n'est pas peut-être pas le moment de faire des blagues - Private joke) en font un réel lieu de vie, de partage, de solidarité, d'initiative, de démocratie et de toutes ces autres choses qui font que le monde n'est pas que ce qu'il paraît sur BFM TV. Conscient que les maraudes ne sont que la partie visible de l'iceberg, j'ai commencé à participer à d'autres moments de l'association : une collecte, un tri, une distribution dominicale, une réunion concernant les réfugiés. J'ai compris que l'association devait faire face à diverses problématiques pour exister, pour mieux fonctionner, pour se faire entendre, etc. J'ai également compris qu'en ce qui concerne la question des réfugiés, son rôle n'était pas simplement de fournir une aide d'urgence mais également de faire pression sur les autorités pour que la situation générale de l'accueil s'améliore. L'engagement dépasse ainsi le " don de samedi soir ". Tout ceci a fait que j'ai fini par bien considérer la proposition du bureau de ne pas être un simple consommateur de l'association, mais d'en devenir un véritable acteur, comme on dit. Je ne sais pas bien quelles " compétences " j'ai à proposer, mais je sais que je m'adapte vite. Je sais aussi qu'au-delà de ma disponibilité physique (réduite en ce début d'année pour des raisons professionnelles soit dit en passant), je veux offrir mon " temps de cerveau disponible " à cette initiative citoyenne. Les chantiers sont nombreux (suivi de familles de réfugiés, organisation interne et logistique, communication externe, etc.) et passionnants. Je n'ai pas encore d'idée précise de ce que je pourrais concrètement apporter à l'association. Dans un premier temps, peut-être pourrais-je travailler à la densification du relais entre le Conseil d'Administration et les bénévoles. Peut-être pourrais-je, en supplément des articles du site et des newsletters, offrir aux nouveaux arrivants de l'association, une approche pédagogique, à partir des questions que je me pose moi-même, sur les questions liées aux réfugiés, à l'hébergement en général, aux divers acteurs, aux divers blocages, etc. J'aimerais également réfléchir à quelque chose à créer (film, bouquin, témoignages, fiction ou autre) avec certaines personnes de la rue que l'on rencontre au cours des maraudes...Pour finir, je dirais que m'engager dans une association comme Entraides Citoyennes ne me semble pas simplement urgent pour répondre aux besoins immédiats des personnes à la rue, mais cela me paraît quasi indispensable en ces jours où le raisonnement civique et politique de nombreux de nos concitoyens se fourvoie dans le ressentiment, la peur et l'individualisme. Je suis convaincu qu'il est grand temps qu'au-delà du sentiment instinctif de compassion, la solidarité, l'entraide se manifeste comme alternative à l'impasse générale actuelle. "