Max | Je n'aurai pas le temps

Publié le 13 janvier 2016 par Aragon

Quand je pense que c'est, grâce à un article du Monde, presque au bout de soixante-cinq ans, que je découvre en tremblant d'émotion l'existence et l'oeuvre de la merveilleuse petite Charlotte Salomon, que je commence à parcourir, ébloui, les mille pages disponibles uniquement en lecture sur le Net de "Récoltes et Semailles" -réflexions et témoignage d'un passé de mathématicien- d'Alexandre Grothendieck dont j'ignorais tout jusqu'à lors,  que je viens de découvrir submergé d'émotion par le jeu de ces comédiennes du "Théâtre de Zélie" et la beauté-puissance du texte, la pièce bouleversante de Michel Tremblay "Albertine en cinq temps", quand je pense que je ne connaîtrais pas tout ce que je ne connais pas,

quand je pense à ce temps que je n'aurai pas, quand je pense à toute la richesse culturelle du monde, à tout ce que l'on peut récolter et semer, quand je pense que d'obscurs dangereux imbéciles s'enferment dans des systèmes abscons de pensées fanatiquement religieuses, politiques, d'un autre temps, quand je pense à tout ce qui est à notre disposition, à notre portée, quand je pense à tout ce qui nous est donné pour faire fructifier, bonifier, chanter, cervelle, âme et coeur propre, le monde par extension, quand je pense à tout ce qu'on ne se donne pas la peine de chercher. Tout ce beau.

Quand je pense à tout ça, je me dis que ce monde aurait dû se refermer, météoriquement par exemple, pour homo sapiens comme pour les dinosaures, après le dernier coup de pinceau de l'artiste de la grotte Chauvet, c'eût été plus juste.

Pourquoi, mettons, dix pour cent de la population de notre planète, a accès à la culture, à l'éducation culturelle ? Pourquoi le reste souffre, subit, survit ou tue ? Pourquoi la culture est l'ultime ou pénultième recherche vitale pour ce reste, si loin après le manger-boire-vêtir-dormir-loger-etc. ? Pas le temps ni la possibilité de répondre à ça aussi.