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SOCIÉTÉ > Port de la Kippa : l'éventuel renoncement ?

Publié le 13 janvier 2016 par Fab @fabrice_gil
Dans une société française fragilisée par les attentats, le président du consistoire israélite de Marseille, Zvi Ammar, a "incité" ses coreligionnaires à "enlever la kippa dans cette période trouble, jusqu'à des jours meilleurs". Une décision qui fait "mal au ventre", a expliqué le responsable de l'une des plus importantes communautés juives d'Europe.

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Les juifs de France débattent de l'éventuel renoncement du port de la kippa à Marseille I Photo ©Reuters

"Touche pas à ma kippa !", s’est exclamé le président du Consistoire central israélite de France, Joël Mergui qui souhaite que "l’ensemble de la société réagisse et soutienne la liberté de conscience", après l’agression antisémite de Marseille. L’homme a réagi à l’appel lancé quelques heures plus tôt par le président du consistoire de Marseille, Zvi Ammar, demandant aux juifs de la ville de ne plus porter la kippa par prudence. Au lendemain de l’agression à la machette d’un enseignant de confession juive, Zvi Ammar a déclaré : "Aujourd’hui, devant la gravité des événements (…) il faut prendre des décisions exceptionnelles, et, pour moi, la vie est plus sacrée que tout autre critère". Face aux événements, "on est obligé de se cacher un petit peu", a déploré Zvi Ammar, qui dit n’avoir "pas le choix"Cette position suscite un débat au sein de la communauté juive. "Je peux comprendre que, dans le contexte qui est le sien, pris par l’émotion, il ait proposé cette mesure d’urgence. Mais il sait comme moi que ce n’est pas le port ou non de la kippa qui va résoudre la question du terrorisme", a réagi le président du Consistoire central, l’instance de représentation cultuelle du judaïsme français. "Si on devait renoncer à porter tout signe distinctif de notre identité, on se poserait clairement la question de notre avenir en France", a relevé Joël Mergui.

Attitude défaitiste ? - Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, s’est lui aussi démarqué de ce renoncement au port de la kippa. "Nous ne devons céder à rien, nous continuerons à porter la kippa". Même position du côté du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF, organe politique). Roger Cukierman, a jugé que cette recommandation "n'est certainement pas une bonne idée. Cela traduit une attitude défaitiste, de renoncement". Au-delà de la communauté juive, les responsables attendent une réaction de toute la société française. Joël Mergui souhaite ainsi "qu'on dise 'touche pas à ma kippa !' Il faut que l'ensemble de la société réagisse et soutienne la liberté de conscience". Le grand rabbin de France a appelé "l’ensemble des supporteurs de l'Olympique de Marseille à revêtir" ce soir "un couvre-chef", en signe de solidarité, lors du match qui opposera l'équipe phocéenne à Montpellier au stade Vélodrome.
L’état, garant de la liberté religieuse - Tout en affirmant sa volonté de tout faire pour assurer la protection des juifs de France, le gouvernement refuse pour sa part de se prononcer sur le fond. "Il n’a pas à avoir une position. Il a une responsabilité, d'assurer la protection et d'être là pour protéger et dénoncer les actes antisémites, ça c'est sa responsabilité", a déclaré le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll. Pourtant, au regard de l’article 9 de la loi de 1905, la liberté religieuse est reconnue par la République, qui doit assurer sa liberté de conscience en garantissant le libre exercice des cultes ; L’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 consacre la liberté d’opinion, même religieuse. [La Convention européenne des droits de l’homme prévoit également dans son article 9 que la liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut faire l’objet d’autres restrictions que celles qui, prévues par la loi, constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité publique, à la protection de l’ordre, de la santé ou de la morale publiques, ou à la protection des droits et libertés d’autrui. Sont ainsi garanties la liberté de conscience et la liberté de manifester son appartenance religieuse. La liberté religieuse suppose la liberté pour chacun d’exprimer sa religion, celle de la pratiquer et celle de l’abandonner, dans le respect de l’ordre public]. L’Etat doit permettre à chacun de pratiquer son culte en assistant aux cérémonies ou en suivant l’enseignement propre à sa croyance. "Comme tout citoyen français, les Juifs de France doivent se sentir en sécurité" et doivent "bien entendu" pouvoir porter la kippa dans la rue, a estimé la garde des Sceaux, Christiane Taubira. Deux jours après l’agression, les révélations sur la personnalité de l’agresseur illustrent la gravité des faits. L’adolescent qui aura 16 ans dans quelques jours a été déféré ce matin au tribunal à Paris, en vue d'une mise en examen par des juges antiterroristes. Turc d'origine kurde, inconnu des services antiterroristes, il a revendiqué, auprès des policiers qui l'ont arrêté, son geste en disant agir "au nom d'Allah" et du groupe État islamique. Le lycéen, bien noté, se serait radicalisé "via Internet", selon le parquet de Marseille. FG

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