La femme au colt 45, de Marie Redonnet

Publié le 13 janvier 2016 par Onarretetout

Franchir, passer, quelle que soit la raison qui nous pousse à partir, à quitter, c’est ce premier passage qui importe. Dans le brouillard, parce que l’avenir n’est pas nettement dessiné. Et peu à peu, cette femme qui part va être dépouillée de tout : argent, bijoux, histoire. Les hommes qu’elle va croiser ne verront pas en elle celle qu’elle fut, actrice vedette d’un Magic Théâtre dans son pays qu’elle a dû fuir, traversant le fleuve. Elle va devoir se trouver, devenir elle-même. Trouver en elle force et volonté, soutenue à la fois par le souvenir d’un homme et de leur fils et par la nécessité du quotidien, de son quotidien. Être elle-même avec et sans papiers, avec et sans arme. Parce que ce colt 45, don de son père, à quoi est associée une image douloureuse profondément enfouie, cette arme qui, pense-t-elle, la protège, se retourne contre elle et qu’elle doit s’y prendre à deux fois pour s’en débarrasser.

On lit assez facilement ce livre, une fois adoptée sa forme, entre théâtre et journal intime, non sans se demander comment s’y déroule le temps, d’un chapitre au suivant, les heures, les mois, les années. Nous n’en connaissons pas le point de départ. Nous n’y reviendrons pas : on ne peut franchir deux fois le même fleuve.