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Nouveau rebondissement dans le feuilleton grec
Au regard du dernier scrutin de l’année dans la zone, les élections générales espagnoles, on constate bien que l’année politique 2015 se finit comme elle avait commencé, marquée de nombreuses incertitudes et de chamboulements. Après des décennies de bipartisme, la péninsule ibérique doit bien se rendre à l’évidence, le vent du changement souffle au regard de la montée en force des nouveaux partis centriste Ciudadanos et de gauche radicale Podemos. Le Parti Populaire de M. Rajoy sera incapable de gouverner avec les 123 sièges qu’il a obtenu, et une coalition avec les centristes sera insuffisante pour obtenir la majorité de 176 sièges à l’Assemblée. Par ailleurs, une alliance avec le parti socialiste espagnol (PSOE) apparait aujourd’hui inconcevable tant l’antagonisme et les désaccords sont marqués entre ces deux pôles. D’autre part, le PSOE semble avoir retenu la leçon du parti socialiste grec PASOK qui s’allia à la droite (Nouvelle Démocratie) en 2011, initiative qui entraina la migration de son électorat vers Syriza, à tel point que les socialistes n’obtinrent que 4,6% des voix aux élections helléniques de janvier dernier.
Dans ces conditions, un second vote de confiance aura lieu, sans que l’on y voie une issue plus favorable. Bien entendu, les débats et pourparlers seront longs et exhaustifs, M. Rajoy aura besoin de quelques semaines pour essayer de rallier d’autres partis. D’ailleurs, en 2008, 33 jours avaient été nécessaires à M. Zapatero pour obtenir son vote de confiance. Mais l’heure tourne et le temps sera vraisemblablement trop court pour le Premier ministre sortant car, si au bout de deux mois (à compter de début janvier) le vote de confiance n’est pas obtenu, le Roi dissoudra l’Assemblée et convoquera de nouvelles élections. Il faut donc s’attendre à de nouvelles élections législatives dès le printemps prochain en Espagne, en mars ou avril a priori, un scrutin dont on ne peut pour l’heure imaginer l’issue. Dans ce contexte, les marchés actions pourraient continuer de se replier en Espagne, et le taux 10 ans se tendre encore, malgré le fort écartement déjà constaté depuis début décembre. Sur le court terme, seule une coalition inattendue pourrait endiguer ces mouvements, qu’il s’agisse d’un gouvernement d’Union nationale ou d’une alliance des partis de gauche. L’année 2016 débutera donc comme la précédente, et ce ne sera qu’une première étape puisque l’ éventuel scrutin espagnol du printemps précédera le référendum au Royaume-Uni qui devrait se tenir l’été prochain, si les négociations entre M. Cameron et l’Union Européenne s’avéraient satisfaisantes au prochain sommet de février 2016. Mais à chaque jour suffit sa peine, surtout pour les marchés…
A propos de l'auteur : Thomas Page-Lecuyer est stratégiste chez CPR Asset Management.