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Notre faille spatio temporelle

Publié le 12 janvier 2016 par Encoreunblogdemere

La semaine dernière tu avais 3 mois, on apprenait chaque jour un peu plus à vivre ensemble malgré ta douleur, tes pleurs, ton sommeil aléatoire, tes sourires, tes premiers rires… J’avais envie d’hiberner jusqu’à ton premier anniversaire, de faire un bond dans le temps, histoire que ce soit derrière nous pour de bon, le RGO, la période nourrisson, le tâtonnement lait/épaississant/pansement gastrique/antiacide, la valse des biberons et les journées collées ensemble, soudées via l’écharpe de portage…Je me demandais ce que donnerait cette tentative de relactation dans laquelle je mettais tant d’espoir. Si j’arriverais à faire le deuil de mon allaitement si tout ça échouait, si je m’en voudrais toujours autant dans un an.

Il y a 3 jours tu avais 6 mois. Tu tenais assise et tu ne voulais plus vraiment de l’écharpe, c’était porte bébé physio ou mieux, les bras ! Tu évoluais à pas de géant, ramper, te retourner, les doigts dans le nez ouais! La diversification en était à son 3ème essai, toujours pas transformé. Mais on avait trouvé un petit équilibre entre le lait et tes traitements, même si le reflux n’était pas totalement maîtrisé. Après nos premiers mois d’adaptation, j’étais bien forcée de constater que j’étais dingue de toi, de tes sourires, ton rire, l odeur de ton cou et tes petites mains dans le mien. J’avais enfin la sensation d’avoir deux enfants à moi, deux jolies petites fiertés qui me fatiguaient autant qu’elles me comblaient. La relactation s’était achevée sur un goût amer mais j’apprenais à vivre avec. D’ici peu tu mangerais solide, et dans de lointains mois tu mangerais comme nous. Un jour…

Hier tu avais 10 mois et tu faisais tes premiers pas. Pas une journée ne se passait sans que je sois émue aux larmes de te voir si bien dans ta peau de bébé, si complice avec ta sœur, si câline et souriante malgré ton caractère un peu exigeant (euphémisme…) J’apprenais petit à petit à renoncer au bébé idéalisé et à fondre devant ce bébé bien réel, qui pleurait certes beaucoup et dormait peu, mais était mon bébé d’amour à  moi. Ma toute petite qui avait encore bien le temps d’être un bébé. Tu mangeais maintenant comme nous mais toujours sans protéines de lait de vache, toujours avec notre combo lait et traitements et je me demandais si la marche allait tout arranger, enterrer définitivement ce RGO de malheur. Sinon, les 3 ans requis pour les examens me paraissaient si loin…

Ce matin tu avais un an. Ta première bougie, celle que j’avais tant attendue et qui était dans mon esprit synonyme de fin du calvaire et début du bonheur. Dans les faits ce n’était pas tout à fait vrai mais il y avait du mieux et surtout j’étais déterminée à profiter de cette deuxième année plus sereinement… Parce que la première était passée plutôt vite finalement. Il y avait des jours avec et des jours sans, et des nuits qui se ressemblaient toutes, incomplètes. Je me sentais très fatiguée au terme de ces 12, 13, 14 mois mais je ne voyais plus ma vie sans toi. Ah non ça jamais ! Je me demandais comment j’avais pu mettre si longtemps à m’habituer et des fois je me disais que c’était comme si tu avais toujours été là. Tu évoluais si vite que j’avais l’impression que le temps m’échappait tout en traînant en longueur parfois.

Les durées ne sont pas exactes mais c’est souvent comme ça que je les ressens. Tu auras bientôt 18 mois, un an et demi, et je me demande où file ce temps que je ne vois pas passer. Depuis que l’on te voit aller mieux, depuis que j’ai lâché un tout petit peu prise, depuis que le quotidien est devenu joyeux, c’est comme si le temps s’était affolé. Et je dois bien reconnaître que ça me fait peur de voir mon tout dernier bébé devenir petite fille, réaliser que beaucoup d’étapes sont derrière nous, sans doute aussi avoir des regrets sur la façon dont tout cela s’est passé. Et puis je me dis qu’on a tous, toi y compris, fait comme on a pu. Avec tout l’amour qu’on a, et avec le temps dont on croit disposer.

Je passe mon temps à râler contre les journées qui n’ont pas assez d’heures, le fait que je sois en retard, ou au contraire que je ne fasse rien de bien constructif de ce congé que j’ai la chance d’avoir et contre lequel je peste ci souvent.

Sauf que. Ce congé (qui n’a rien de commun avec des vacances, certes) je me rends compte que j’en fais chaque jour quelque jour de super constructif, d’exceptionnel, que je ne referai sans doute jamais plus pareil : te voir évoluer dans tes derniers mois de bébé, profiter de cette odeur dans ton cou et tes petites mains dans le mien. Et peut être un jour ne plus pleurer en pensant à mes regrets, ces débuts si durs et mon allaitement foiré.

Laisser le temps au temps d’arranger les choses et t’enlever ta douleur. Apres tout, il sait ce qu’il fait…

En attendant, essaie de ne pas grandir trop vite, et laisse moi de temps en temps mettre pause pour vous regarder toi et ta sœur, et la beauté de l’ instant T. Viens me prendre par la main quand je ne te consacre pas le temps qu’il faudrait. Continue à réclamer bisous et câlins sans en avoir rien à faire du « attends 5 minutes, maman finit ça, juste quelques secondes » qui ne veut rien dire et se reporte aisément.

Aide moi à mieux profiter du moment présent.

miniloute naissance
presque 18 mois


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