Quelques mois après la sortie en salles du très beau "Le labyrinthe du silence" au thème assez proche mais au traitement différent, Amnesia est sorti en salles l’été dernier, et comme tout film de l’immense cinéaste Barbet Schroeder (More, la vierge des tueurs, le mystère Von Bülow), il mérite évidemment toute attention des cinéphiles, même si malheureusement le résultat n’est pas forcément à la hauteur de l’immense ambition de l’auteur.
Amnesia que j’ai rattrapé en DVD- sorti depuis le 6 janvier chez M 6 vidéo- nous parle de ce devoir de mémoire, ou plutôt du devoir d’amnésie devant l’horreur nazie. Comme le labyrinthe du silence, le film sonde la culpabilité ou l'oubli des générations allemandes de l'après-guerre.
Et le fait à travers le personnage de Martha (jouée par la revenante Marthe Keller) une femme d’un certain âge qui dans les années 90 au moment ou le mur de Berlin s’effondre et qui devant sa honte d'être Allemande et s'est exilée à Ibiza, cachant et reniant son passé et ses origines : depuis 50 ans ou presque, Martha a oublié sa langue d’origine, mais cela va encore plus loin : elle refuse de monter pas dans une Volkswagen, et de boire de Riesling.
Le sujet et le projet est forcément passionnant que "Amnesia", malheureusement en dépit du savoir faire évident de ce grand metteur en scène le résultat est mitigé et le film apparait un peu trop bancal et surtout trop théorique.
A travers la rencontre entre Martha et un jeune allemand DJ, voisin de Martha c’est deux conceptions différentes qui s’opposent et cette relation, touchante et sentimentale n’empêche pas certains passages qui sonnent un peu trop artificiels et trop didactique, sentiment conforté par la seconde partie avec l’arrivée de la mère du jeune DJ et de son grand père ( le mythique Bruno Ganz), qui a été acteur des camps.
Conte philosophique sur la mémoire et l’horreur des camps, cet Amnesia est un film respectable mais malheureusement pas aussi réussi qu’on aurait aimé qu’il soit.