David Bowie ou la géniale transgression (ma tribune dans le Huffington Post)

Publié le 12 janvier 2016 par Jeanlucromero

L’homme aux mille visages, voilà comment David Bowie est décrit dans les médias du monde entier. Et, pour une fois, le traitement médiatique reflète, sans exagération, hyperbole ou provocation, l’artiste et l’homme que David Bowie était.

Oui David Bowie a fait de son corps une œuvre d’art, comme le disait hier un journaliste. Oui mais pas seulement et j’irai même encore plus loin : il a fait de son corps un manifeste, reflétant son être multiple, ses inspirations et aspirations. Les étiquettes, manifestement, il s’en fichait. Il ne souhaitait être le représentant de personne et pourtant, quelque peu paradoxalement, en à inspirer des centaines de milliers. Et pour bien le comprendre et bien appréhender la portée sociétale, presque Politique (notez la majuscule !) de son art, il faut se souvenir du contexte dans lequel il a débuté : 1969, l’année des émeutes de Stonewall. Souvenons nous aussi que, alors qu’il se déclarait gay ou bisexuel dès cette époque, l’homosexualité était toujours un délit, jusqu’en 1981 en France, pays des droits de l’homme (sic).
De dire de Bowie qu’il était un artiste transgressif, est-ce exagéré ? Non, assurément pas et pourtant, il a été reconnu par toutes et tous comme un immense artiste avec un succès populaire plutôt conséquent, vous en conviendrez: 140 millions d’albums vendus ! Ses pochettes de disques, son personnage de Ziggy et tant d’autres performances, autant d’actes d’opposition frontale aux conventions de l’époque.
Alors que la théorie du genre ne faisait pas les gros titres et n’était pas l’objet de ridicules déformations de la part des professionnels de la haine, et bien lui, il la faisait déjà voler en éclats ! David Bowie était un précurseur, un précurseur pour le moment inégalé. Un artiste qui a imposé ses convictions au monde et qui de ce fait via l’art, l’a interrogé, nous a interrogé. Et nous a transformé. L’art est indéniablement un medium et un vecteur puissant de transformation sociétale ; peut-être plus qu’aucun autre artiste, Bowie l’a montré, démontré tout au long de ces années de carrière.
A l’heure où en France, la haine de l’Autre est désormais ancrée dans les mentalités et ne suscite plus aucun sursaut, voir célébrer cet immense artiste qui a brisé la notion de genre, qui a refusé toutes les étiquettes, qui a dépassé tous les préjugés et bien, je vais le dire sincèrement, cela donne, cela redonne, de l’espoir !