Comment êtes-vous devenu vigneron ?
Avant 1930, mon arrière-grand-père Léon puis mon grand-père Céleste ont été vignerons mais ils avaient aussi des vaches, un cheval, des poules, des cochons, des lapins qu’ils nourrissaient avec leur foin et leurs autres productions. Ils faisaient leur pain avec leurs céréales, ils distillaient leur eau-de-vie.Au sortir de la guerre, Céleste, comme presque tous les vignerons, a adhéré au système coopératif. Cette solidarité a eu pour effet de sortir les vins d’Alsace du marasme. Mais 50 ans plus tard, les coopératives sont devenues des machines à faire du vin d’Alsace...plus de solidarité, plus de terroir...plus que de la production ! Mon père a été coopérateur mais après l’avoir été également pendant 15 ans, j’ai décidé en accord avec mon épouse Heidi, de quitter ce système productiviste pour faire notre propre vin, à notre image. Simplement, naturellement et juste avec du raisin !
Pourquoi avez-vous choisi la conduite du vignoble en agriculture biodynamique ?
Au-delà de la culture biologique qui évite simplement (mais c’est déjà beaucoup) la chimie, la biodynamie nous incite également à comprendre ce qui nous entoure, à respecter le vivant, à travailler en accord avec la nature.Respecter c’est ne pas forcer !
L’utilisation des engrais chimiques azotés à partir des années soixante-dix permet au vigneron de produire plus de 80 voire 100 hectolitres par hectare. Mais l’azote chimique rime avec carences et maladies. La vigne ainsi fragilisée devient dépendante de cette nourriture artificielle et elle a besoin de produits de traitement de plus en plus forts pour combattre les maladies.
Le jus provenant de ces raisins est dilué et carencé.
Le vigneron doit donc utiliser des produits œnologiques pour le rectifier, l’arranger et le stabiliser. Une démarche industrielle loin de l’idée d’un vin de terroir !
Pourtant, la vigne dans notre région a un rendement naturel moyen d’à peine 30 hectolitres par hectare, moyenne de 1900 à 1965 tirée des archives viticoles de notre village.
Le vigneron traitait alors peu et n’utilisait pas de produits œnologiques.
Certes, il n’avait pas de régularité dans sa production viticole comme on peut l’avoir avec la culture chimique mais quand il y a du moins bon, il y a aussi du meilleur. Souvent peu de vin rimait avec beaucoup de foin et de céréales.
En tous les cas, les vins étaient de vrais vins, naturels et sincères !
La biodynamie incite l’homme à revoir sa relation avec la nature (avec les plantes, les animaux, et la planète en général)
Au lieu de l’exploiter, il doit vivre avec elle, en symbiose.
Pour cela, les fermes agricoles doivent reprendre des dimensions humaines, être en polyculture-élevage extensif et fonctionner au rythme des saisons.
Voilà ce qui nous motive, tendre vers cette logique.
Comment travaillez-vous la vigne et au chai ?
La qualité du sol est le fondement d'une bonne agriculture paysanne. Afin de préserver nos sols, nous travaillons nos vignes avec notre cheval de trait ou tout simplement à la main, exclusivement ! Cet environnement de qualité apporte à nos vignes un développement équilibré et une résistance naturelle aux agressions climatiques et parasitaires...et une plante qui vit sainement donne des fruits sains !Puis les jus vont directement dans les cuves et démarrent leurs fermentations spontanément dans les 2 à 3 jours grâce aux levures indigènes. Après la fermentation les vins restent sur leurs lies entières pour se stabiliser naturellement.
Notre travail à la vigne contribue grandement au bon équilibre de nos raisins et donc des jus, ce qui nous permet de faire des vinifications natures, sans additifs ni correctifs et sans soufre.
Pourtant, un sulfitage léger à la mise en bouteille peut être nécessaire dans de rares cas et selon le caractère de la cuvée (toujours dans les limites des principes de l’AVN)
La mise en bouteille est faite avant les vendanges de l’année suivante.
Quel est votre règle d’or pour faire un bon vin ?
La vraie maturité du fruit !
Qu’est qui vous démarque des autres vignerons ?
L'Alsace est une région de vins de cépages depuis les années quarante.Pourtant, notre choix de faire des vins natures nous a amené à une tradition séculaire de complantation : les cépages d'un même lieu-dit sont récoltés, pressés puis vinifiés ensemble pour aller au-delà du fruit et obtenir de vrais vins de terroirs.
Nos vins portent les noms de lieux-dits si la réglementation l'autorise sinon le nom d'une cuvée permet de contourner cet obstacle.
Quels sont vos vins favoris ?
J’ai un faible pour le Sunngass, j’aime sa finesse et son élégance.Et de surcroit, l’endroit est très agréable et apaisant !
Retrouvez les vins du domaine sur Vignapart : http://www.vignapart.com/fr/30-domaine-hubert-et-heidi-hausherr