J'ai découvert François Martini grâce à son site internet. Il est l'auteur de plusieurs romans, tous publiés de manière privée. Ses petits livres blancs m'ont intrigué. Et l'auteur a eu la générosité de me faire parvenir son dernier ouvrage : Un cadavre dans le cagibi.
Tara Tranxène vit avec Sarah, sa petite fille de quatre ans dont la répartie témoigne d'une étonnante
En effet, au lieu d'enquêter sur les lieux du crime, préfère aller interroger Tara dans un restaurant, prêtant plus attention au décollecté de cette dernière qu'à ses paroles. L'érotisme qui s'esquisse timidement se révèle être teinté d'une pervesité provocante, et, alors qu'on flirte avec l'au-delà, le fond du cagibi nous ouvre les portes de l'Enfer, qui se trouve en bas d'un immense escalier dont la descente fait se métamorphoser Sarah Tranxène en jeune femme stupreuse. Et Paul Flick, après avoir succombé au charme de la mère, cède à celui de la fille...
Le mystère du fantôme peine à être élucidé, négligé par les protagonistes quelque peu névrosés du roman, qui s'aperçoivent que leur fantôme n'est pas le seul du quartier, de loin pas. Tous écartés de leur chemin, les personnages, n'y prêtant pas attention, recherchent chacun de leur côté, un bonheur et un plaisir simples, difficiles à atteindre dans de telles circonstances, dans ce désordre malicieusement orchestré par l'auteur.
Le livre de François Martini est indéfinissable. Il se mesure à l'absurde en le provoquant avec tellement d'ardeur que son histoire en est éblouie. Ses personnages n'ont aucune morale, se laissant aller à un total déni de la gravité de la situation, certainement parce qu'elle les dépasse totalement, étant une folie dans une folie. Un cadavre dans le cagibi est une mise en abîme étourdissante de l'aberration. Mais, bien qu'il s'agisse d'une démesure renversante, faisant un peu penser à celle de Plume, d'Henri Michaux, elle est soigneusement maîtrisée par François Martini qui semble en posséder l'art. Et cet art a-t-il des limites ? En tout cas pas celles de la mort, car les acteurs de cette histoire, au fond de leur barathre, parviennent encore à se manifester. François Martini signe donc un roman dont l'immoralité et la fulgurance prêtent à rire. Aux éclats !