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(anthologie permanente) Johannes Kühn

Par Florence Trocmé

Laurent Albarracin publie cette note de lecture du livre de Johannes Kühn, récemment paru en français, A qui appartient ce long cortège de nuages blancs, traduit de l’allemand et préfacé par Joël Vincent (édition bilingue)
Il a choisi ces extraits pour Poezibao :
Faire de l’exercice

Faire de l’exercice sur le terrain de football
m’est conseillé par tel ou tel.
Sport pour jambes rapides,
dois-je donc m’élancer avec le ballon
dans un match avec des joueurs alertes ?
Ô misère, comme l’âge me contracte les genoux
et a mis avec sarcasme des poids
comprimant mes épaules si bien que je me traîne.
Pourtant j’aime le chemin en escalier, entouré de buissons,
pourtant j’aime suivre le ruisseau,
pourtant j’aime franchir le pont,
et lentement comme une ombre
je vais et suis satisfait
de mes lenteurs
n’éprouvant aucune jalousie
quand je vois un sportif
prompt comme l’éclair.
Bewegung auf dem Fußballfeld
rät mir mancher an.
Sportbeine, schnelle,
soll ich mit dem Ball im Spiel
beim Kampf mit flinken Männern regen.
O Elend, wie das Alter meine Kniee krampft
und in meine Schultern drückende Gewichte
mit Hohn gelegt hat, dass ich schleiche.
Doch gern den Treppenweg, umhegt von Büschen,
doch gern die Brücke hin,
und langsam wie ein Schatten
gehe ich und bin zufrieden
mit Langsamkeiten
und hege keinen Neid,
wenn ich den Sportsmann sehe
in Eile wie ein Wind
Appel du merle

De mon oreille matinale je capte
l’appel du merle
qui n’est pas pour moi
mais pour le ver de terre dans l’herbe,
pour le rayon de soleil
venant des voies célestes,
pour le coup de vent
et le deuxième oiseau
qui se pose à côté de lui
dans les chaumes.
Strident, son appel
vaillant, rafraîchissant,
retentit vers les hauteurs
et dans la plaine,
me touche les sens
et le cœur. J’avoue
qu’il nage dans le bonheur,
c’est assez, c’est beaucoup,
merle à l’argent gosier !
08.11.2010 / 09.11.2010
Ich erhasch mit meinem Morgenohr
den Amselruf, der mich nicht gilt –
dem Regenwurm in Gras,
dem Sonnenstrahl
aus blauen Bahnen,
dem Windzug
und dem zweiten Vogel,
der neben ihr
in Halmen landet.
Schrill tönt der Amselruf,
beherzt, erfrischend
et tönt empor
und in die Breite
und trifft den Sinn,
das Herz mir. Ich gestehe,
sie schwelgt im Glück und
das ist genug, das ist viel,
glutkehlige Amsel!
La joie d’être à la fenêtre

La joie d’être à la fenêtre, je l’ai encore.
Une feuille fanée colle à la vitre.
Le corbeau, avec son cri automnal,
quitte les nuages
pour se présenter à moi.
Et un soupçon d’espoir fleurit sur l’herbe,
de ma bouche
à ta bouche, il pourrait s’aventurer.
Mais nulle part tu ne veux apparaître.
Pourtant j’ai encore la joie d’être à la fenêtre.
Die Fensterfreuden sind mir noch geblieben.
Ein welkes Blatt klebt an der Scheibe fest.
Der Rabe, herbstlich schreiend,
verlässt die Wolken,
um sich bei mir zu zeigen.
Und ein Hauch von Hoffnung blüht am Gras,
von meinem Mund,
zu deinem Munde könnt er sich wagen.
Nirgendwo willst du erscheinen.
Doch Fensterfreuden sind mir noch geblieben.
17.02.2012 / 11.07.2012
Johannes Kühn, À qui appartient ce long cortège de nuages blancs ?
Traduit de l'allemand et préfacé par Joël Vincent ; postface d'Edoardo Costadura ; édition bilingue , Cheyne éditeur, 2015, 186 pages, 25 €, pages 117, 141et 163.
Contribution de Laurent Albarracin.
Bio-bibliographie de Johannes Kühn


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