Le titre est une promesse. Malgré tout. Dans cette fable, traduite de l’anglais, on rencontre des Sauveurs, des Léviathans, des Enfants dauphins. Dédié à Hrant Dink, assassiné à Istanbul en 2007, le récit montre comment « l’histoire est prisonnière de deux espèces rivales de Sauveurs. L’une avec cervelle mais sans foi, l’autre avec foi mais sans cervelle ». Et à présent, les Sauveurs n’ayant plus ni foi ni cervelle, « ne font que tuer, tuer, tuer », semant ainsi la peur pour dominer le monde. Mais les Enfants dauphins deviennent à leur mort Léviathans, renaissant des cendres après l’incendie. L’Enfant que nous suivons dans ce court récit est orphelin. J’ai plusieurs fois pensé à l’histoire de Peter Pan et des enfants perdus, même si ce n’est que par l’impression reçue que ces Enfants sont en marge de notre monde. Pourtant, enfants sans parents, ils se jettent dans le monde, ne se contentent pas d’une île imaginaire et la grotte où ils se retrouvent, où ils s’aiment, est un lieu où viennent les Léviathans, porteurs de la pomme, « fruit de l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal ». Un jour, quand les Sauveurs, faux prophètes, ne parviendront plus à imposer les peurs qui les rendent forts, la pomme sera mangée, tous les morceaux de la pomme. Alors, « le monde sera réparé ».