Véritable monument du rock britannique, David Bowie est décédé cette nuit à l’âge de 69 ans. Le cancer contre lequel il luttait depuis 18 mois a malheureusement eu raison de lui.
La mort de David Bowie survient deux jours après son 69e anniversaire, et deux jours après la parution de son 25e et dernier album, Blackstar.
Difficile de faire le résumé de la carrière de Bowie tellement l’homme aux mille visages s’est amusé à explorer d’horizons.
Son premier single à succès, Space Oddity, l’a positionné comme un chanteur versant à la fois dans la science-fiction que dans la psychologie de l’être humain positionné devant l’inconfort de l’inconnue et le sentiment d’isolement face à l’immensité du cosmos. Au niveau musical, l’auteur-compositeur-interprète a touché à de nombreux styles, incluant bien entendu la pop, le rock, le soul, le blues, le folk, le funk, le disco, le punk, le new wave, l’alternatif, l’électro, le techno, l’industriel – et pas nécessairement dans cet ordre.
«Je suis persuadé que le droit d’auteur, par exemple, cessera d’exister dans 10 ans. La paternité et la propriété intellectuelle sont également en ligne de mire.»
Également acteur, certains se souviendront notamment de son passage au cinéma en 1986 dans Labyrinth, ou en 1992 dans le film Fire Walk with Me (conclusion de la télésérie Twin Peaks).
Mais l’avant-gardiste homme derrière Ziggy Stardust a également été entrepreneur du Web, comme nous le rappelle ce matin Numerama, alors qu’il lança en 1998 son propre service d’accès Internet : BowieNet. La stratégie derrière l’initiative était liée au pressentiment de l’artiste que le Web allait bouleverser de manière irrévocable l’industrie musicale.
Bowie et la disparition du droit d’auteur
«Je ne sais même pas pourquoi je voudrais être attaché à une maison de disques d’ici quelques années, car je ne crois pas que l’industrie fonctionnera par maisons de disques et systèmes de distributions de la même manière», a expliqué Bowie en 2002 dans le cadre d’une entrevue avec le New York Times.
«La transformation absolue de tout ce que nous avons toujours pensé de la musique aura lieu dans 10 ans, et rien ne sera capable de l’arrêter. Je ne vois absolument aucune raison de prétendre que cela ne va pas se produire. Je suis persuadé que le droit d’auteur, par exemple, cessera d’exister dans 10 ans. La paternité et la propriété intellectuelle sont également en ligne de mire.»
«La musique elle-même équivaudra à l’eau courante ou l’électricité», a-t-il ajouté. «Profitez de ces quelques dernières années, parce que rien de tout cela ne pourra se produire à nouveau. Vous avez intérêt à vous préparer à faire beaucoup de tournées, parce que ce sera vraiment la seule situation qui demeurera. C’est terriblement excitant. Mais d’autre part, ça n’a pas d’importance que vous pensiez que ce soit excitant ou non : c’est ce qui se produira.»
Est-ce que les services d’Apple Music, Google Play Music ou Spotify vous viennent en tête?
Héritage culturel
Tout comme il est impossible de rendre justice à Bowie en tentant d’en résumer la carrière, il est tout aussi difficile de répertorier l’influence qu’ont exercée le musicien et ses créations dans l’industrie du divertissement.
Plus récemment, le jeu Metal Gear Solid V : The Phantom Pain a évoqué plusieurs références à Bowie – ne serait-ce que par le nom Diamond Dogs, album lancé en 1974, ou par la chanson The Man Who Sold the World, composition de Bowie reprise par Midge Ure en 1982 utilisée dans son introduction. Certains parallèles ont même été faits avec les paroles de celle-ci et l’intrigue de The Phantom Pain.
Encore moins subtil fut l’apport de l’œuvre de Bowie dans deux excellentes téléséries britanniques, Life on Mars en 2006 et Ashes to Ashes en 2008.
Enfin, rares sont les occasions où un autre musicien décide de reprendre l’histoire d’un personnage d’une chanson à succès, comme ce qu’a fait Peter Schilling avec la chanson Major Tom (Coming Home) en 1983, qui puise sans conteste son inspiration de la pièce Space Oddity de Bowie.