Sebastian FITZEK – Noah : 6/10
J’étais amèrement déçue par ce roman.
Comme vous le savez certainement, j’apprécie énormément une partie des livres de cet auteur – tout en n’aimant pas du tout une autre. C’est un écrivain qui est capable du meilleur comme du pire (même si ce roman reste très loin du « pire »).
Noah (livre qui ‘a pas encore été traduit en Français) en est un merveilleux exemple : de belles intentions, des idées, une intrigue qui pouvait passionner - puis ne décolle pas, du moins pas comme l’auteur l’aurait souhaité.
Globalement vous pouvez vous imaginer ce roman comme un film d’action autour d’une pandémie artificiellement créée sous forme de livre.
Alors commençons par …
L’intrigue
Un homme, fin de la trentaine, erre dans les rues de Berlin. Il ne sait pas qui il est, d’où il vient. Il a perdu la mémoire. Tout ce qu’il sait,c’est que quelqu’un a tenté de le tuer puisqu’il porte une blessure par balles à l’épaule. Dans sa paume, un seul mot a été tatoué de façon malhabile : Noah. Est-ce son prénom ? Quoi qu’il en soit tout le monde l’appelle désormais ainsi.
Noah a eu de la chance, puisqu’un sans abri du nom d’Oskar l’a recueilli, l’a soigné de son mieux et l’a pris sous son aile. Oskar semble s’être accommodé de son mode de vie dans la rue, il est prudent, n’est pas tombé dans l’alcoolisme et aime lire, il est plutôt cultivé et un fervent adepte de la théorie du complot.
Alors que les deux hommes traversent la ville, il s’avère rapidement que Noah n’est pas un homme simple, puisque divers incidents le conduisent à révéler ses instincts de tueur – et montrent aux deux hommes que quelque chose de terrible se trame.
Serait-ce lié à la pandémie mondiale qui secoue actuellement la planète, qui entraîne la fermeture des plus grands aéroports de la terre ?
Lorsque Noah prend contact avec une journaliste après avoir lu un article dans un vieux journal, les évènements s’accélèrent... Noah pourrait bien tenir le sort de l’humanité entre ses mains ; il s’agit donc de découvrir le plus rapidement possible qui il est et ce qu’il sait !
Mon avis :
Comme je le disais dans mon introduction, ce roman est un film d’action sous forme de livre. Il se lit en tant que telle. L’action est tellement omniprésente et s’abat si vivement sur les protagonistes – et avec eux le lecteur – et ce avant même que le plateau n’ait été préparé, que cette avalanche entraîne avec elle tout suspense, qui n’ajamais l’occasion de se monter, noyé sous le flot des évènements précipités.
Donc, pas de suspense dans un Thriller. C’est un peu ennuyeux.
Puis l’intrigue manque un peu de cohérence. Quelque part des puissants de ce monde se sont liés pour décider du sort de la terre et poursuivent le personnage central ; pour cela nous trouvons des membres d’une organisation secrète à tous les coins de rues, dans les bureaux de n’importe quel organisme, semblerait-il, c’est presque kafkaïen.
Un peu beaucoup exagéré, d’autant plus que rien ne sera expliqué (c’est quoi cette chambre derrière la machine à café ? J’ai trouvé cela franchement risible et tiré par les cheveux. Si quelque chose comme cela existe, il vaut mieux ne pas en parler).
L’idée derrière le roman et pourtant très bonne.
Elle ne paraît pas sur le quart de couverture, et j’ignorais dans quoi je mettais les pieds :
Globalement, une pandémie – d’origine non naturelle – s’abat sur la planète. Certains veulent qu’elle se propage le plus vite possible, d’autres souhaitent l’enrayer. Certains proposent des vaccins ou médicaments, d’autres déclarent que ceci n’est que pure invention, qu’aucune maladie n’existe.
Et le monde commence alors rapidement à sombrer dans le chaos, en Europe, en Amérique comme en Afrique, chez les riches et les pauvres de ce monde.
Ce que Sebastian Fitzek a tenté de faire, et j’apprécie énormément cet effort, c’est d’écrire un roman qui nous rappelle à quel point notre civilisation actuelle détruit la planète, que nous ressemblons à un parasite qui tue l’organisme qui nous héberge. Un des personnages de son roman, Zaphire, en parle ouvertement, de la pauvreté, des riches qui dînent tout en regardant un film sur les démunis mourant de faim, sur nous tous qui fermons volontairement les yeux devant ce qui se passe, qui mangeons la mort, qui nous habillons avec la détresse.
Les faits que cite l’auteur sont réels, je les connaissais comme vous les connaissez. Il suffit d’allumer la télévision. Il suffit de lire les journaux et de réfléchir.
Il était bien de nous dire clairement.
Il était toutefois dommage de répéter continuellement la même chose, je pense qu’on aurait pu éventuellement être plus subtil.
Il n’en reste pas moins que je suis d’accord sur le fond, j’étais ravie qu’un auteur connu comme Sebastian Fitzek s’exprime si clairement à travers un roman.
Mais revenons-en au roman, puisque c’est la forme qui n’était pas réussie.
Je ne l’ai pas apprécié.
Pas de suspense. Une intrigue mal ficelée, seul les faits sur l’état de la planète étaient cohérents mais trop répétitifs.
La théorie du complot, ou le complot, était juste jetée là, comme un filet dans la mer, puis oublié.
Les aboutissants manquaient.
Les histoires étaient incomplètes, toutes les questions ne reçoivent pas de réponse (Oskar, par exemple, quelle était son histoire ? Pourquoi nous conduire dans la misère la plus profonde si aucun lien ne semble exister avec le roman lui-même ? Pour remémorer encore une fois l’exploitation des pauvres par les riches, pour démontrer la pauvreté absolue une énième fois ? Qui d’autre participait à ce qui se passe ? Dans quelle mesure ? Quels étaient tous ces lieux étranges ? Beaucoup de personnages restent plantés là, sans qu’on en dise suffisamment, c’est certain).
Puis l’action devient bordélique, si vous me permettez l’expression. Cela s’enchaîne un peu sans queue ni tête.
Comme dans un film d’action…
Vraiment dommage.
Un roman fondé sur une belle idée, avec les meilleures intentions, mais gâché parce qu’il manque une structure qui tiendrait le tout.
Ce n’est certainement pas le meilleur Fitzek que j’ai lu. Voyons voir le prochain (qui, je l’espère, sera de nouveau excellent).
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