Schématiquement parlant, il y a deux sortes de films sur la finance: ceux qui parlent de traders, et ceux qui parlent de la crise des subprimes (cf. cet excellent article pour tout comprendre). Wall Street, Le loup de Wall Street font partie de la première catégorie. Margin Call et The Big Short sont dans la seconde. Mais alors que Marhin Call décrit un moment précis de la crise, ce moment où de grandes banques se sont débarrassées de leurs actifs toxiques, The Big Short expose le pari insensé que quelques fonds spéculatifs ont pris en jouant à revers de l’économie mondiale, et en anticipant l’explosion du système
Disons le tout de suite, The Big Short est un film divertissant, mais difficile. Divertissant, parce qu’Adam MacKay a du talent, et qu’on se souvient de son précédent Very Bad Cops au générique savoureux, et qui traitait déjà de financiers véreux. Parce qu’il réussit à donner du rythme à un film sur un sujet aussi ennuyeux qu’une crise financière. Parce que la brochette d’acteurs qu’il réunit donnent un relief étonnant à cette histoire de titrisation qui en ferait pâlir plus d’un. Mention spéciale pour Christian Bale et Steve Carell, étonnants.
Mais un film difficile aussi. Difficile parce que technique, très technique. Parler deux heures durant d’obligations, ce n’est pas à la portée de tout le monde. Ce sera probablement d’ailleurs la seule fois de votre vie où vous entendrez citer des termes comme MBS ou CDO à une telle fréquence. Autant vous dire que vous allez avoir mal à la tête. Et que malgré les séquences d’explication très amusantes et très pédagogiques qui rythment le film – dont une séquence brillante sur les « synthetic CDOs » expliqués par Richard Thaler et Selena Gomez – une bonne partie des échanges va vous laisser perplexes.
Nous voici donc avec trois gérants de fonds spéculatifs, qui chacun par des parcours différents, vont apprendre à observer l’envolée du marché de l’immobilier américain autrement. Les premiers, ils vont se rendre compte que l’envolée des prix des biens immobiliers, ont créé une bulle spéculative, sur laquelle ont été créés des instruments financiers, vendus bien au-delà de leur valeur réelle: le jour où le nombre de défauts de paiement atteindra un certain seuil, ce sera l’effondrement de tout un système, comme une tour de Kapla qui s’effondrait dès lors que sa base s’effrite.
Je ne sais pas pourquoi le titre a été traduit par « Le casse du siècle », qui convient mieux à un biopic sur Albert Spaggiari qu’à ce film là. The Big Short est un film assez agréable, un peu long, techniquement difficile, mais vraiment drôle par moments. Pour ressentir la tension inhérente à une crise financière, on lui préférera néanmoins le bien plus réaliste « Margin Call ».
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