Depuis les fêtes, j'ai ouvert quelques bouteilles et au delà des 2 bouchonnées !!!!, la plus part se sont avérées assez plates, sans gout ou plutôt sans complexité...
D'abord, des 2011 de Bourgogne qui n'exprimaient pas grand chose à l'ouverture, puis des Rhones, et même au bout de 24H les vins, bien que plus complexes, restaient renfrognés, des vieux Bordeaux aussi, bref ces 15 derniers jours, pas mal de bouteilles ne gouttaient pas comme d'habitude.
Je ne sentais que des gouts simples, un arome marqué et puis rien d'autre. Moi qui d'habitude décèle au delà des gouts primaires, de la complexité, des aromes secondaires, tertiaires, des gouts qui m'évoquent des compositions d'arômes... Là rien, et pourtant je ne suis pas malade, j'en suis venu à me questionner sur mes capacités. Aurais-je perdu mes sens gustatifs ?
Et vendredi pour le diner avec un camarade passionné amateur, j'ai ouvert 1H avant de passer à table, une Côte Rôtie de Cuilleron Terre Sombre 2005 que je connais bien, et un Margaux Durfort Vivens 83. A nouveau, sur le premier, pas grand chose, un côté animal réduc et du cassis, mais ou sont passés les note de poivres, d'épice, de violette, de bacon grillé, rien. Ni au nez, ni en bouche. Quant au Margaux, si la cerise kirchée jaillit du verre, le deuxieme nez se borne à un fond de cuir, classe certes mais c'est tout. Damned, c'est pas possible cette série, on est au delà de l'accident, du raisonnable, en 3 semaines, autant d'incidents, et si c'était moi...
Au moment de passer à table, je demande à cet ami neurologue, alors ? Il me dit poli, c'est bon mais difficile de dire d'où ça vient... Tu veux dire que le vin ne s'exprime pas ? Et là, enfin la délivrance ! Oui le vin ne parle pas. Ce n'est pas moi, c'est les vins ! Je lui fais part de mon désarroi ces derniers temps devant mon incapacité à goutter et enfin quelqu'un me rassure... D'autant plus qu'en temps que neurologue, il m'explique qu'à part les accidents de la face ou certaines maladies "graves", en dehors du classique rhume, il n'y a aucune raison de perdre son odorat. Ouf, et d'ailleurs, les vins vont finir par s'ouvrir un peu, en tout cas retrouver une structure classique de dégustation après quelques heures ! Alors voici mes CRs, que j'ai fini par écrire sur ces derniers vins goutés.
Cote Rotie, Cuilleron Terres Sombres 2005 : Un nez assez discret marqué de note animal œuf à l'ouverture puis après quelques heures, du cassis, note poivre légère, fond léger fumé. La bouche est corpulente, tanins ronds, un peu rigide, le grand creux passé, de timide aromes de cassis, note bacon et poivre et fond fumé. La finale est fraiche, cassis, poivre et fond fumé mais l'ensemble reste quand même peu expressif. B 87 (15) sur cette bouteille qui ne ressemble pas aux 3 autres déjà dégustées.
Margaux, Château Durfort Vivens 1983 : Un nez de cerise aux notes kirchées fond de cuir sous bois, léger tabac fumé. La bouche est ronde, ample, bien vaillante, jolis tanins fondus soyeux, sur la cerise, léger confit, note kirchée, fond de cuir classe et fumé tabac. La finale est ronde un peu souple, persistance honnête de cerise kirchées, note tabac, fond de cuir et fumé. TB 91 (16+)
Morey Saint Denis, Lambrays Les Loups 2006 : Un nez discret mais séduisant de fruit rouge, framboise, belle note de girofle d'épice fond noyau et léger fumé. La bouche est corpulente ronde, style souple et tendre, tanins soyeux pas très denses, sur la framboise, note épice typé clou de girofle, pointe fleurie, fond noyau et amande. La finale est ronde, pointe gourmandise persistance honnête de framboise, note épice girofle et fond amande et noyau. Pas super expressif mais joli. TB 90 (16)
D'autres vins dégustés en cette fin de vacance, certains ayant participés à cette angoisse naissante, les commentaires en sont imprégnés pour certains.
Amicalement, Matthieu