Des données environnementales qui laissent tout de même une part aux facteurs biologiques qui pèsent eux aussi sur l’évolution de la prise de risque : Au cours de ces dix dernières années, de nombreuses études ont regardé la relation entre les réseaux ou connexions neuronales, la prise de décision et le vieillissement. Une étude, publiée dans le The Journal of Neuroscience suggère que l’amincissement du cortex avec l’âge pourrait contribuer à expliquer que la baisse générale de prise de risque avec le vieillissement. L’étude montre que le volume de la matière grise d’une zone du cortex pariétal droit postérieur est significativement prédictif de comportements individuels prise de risques. Une autre étude publiée dans Nature Neuroscience a suggéré que la Lévodopa ou L-dopa, précurseur de la dopamine, un médicament utilisé dans le traitement de la maladie de Parkinson pourrait bien faciliter la prise de décision chez certaines personnes âgées. En augmentant les niveaux de dopamine dans le cerveau, qui diminuent avec le vieillissement, elle redonnerait » une jeunesse » au noyau accumbens, qui gère la prise de décision associée à la récompense.
Ici, ce sont les facteurs environnementaux qui sont étudiés pour leur impact possible sur la prise de risque. Ainsi, après avoir déterminé que la propension à prendre des risques ne diminue pas partout de la même manière avec l’âge, les chercheurs ont comparé les normes actuelles de vie dans ces pays, en regardant spécifiquement les indicateurs de difficultés, comme : la pauvreté économique et sociale, le taux d’homicides, le revenu par habitant et les inégalités de revenus. Les chercheurs sont partis des données de la World Values Survey, une enquête internationale qui a sondé les valeurs et les points de vue des gens, de 77 pays, via 147.118 réponses de participants âgés de 15 à 99 ans et à 52% femmes. Les participants ont notamment renseigné leur propension à se lancer dans des activités risquées, le niveau de risque étant évalué sur une échelle de 1 (risque +++) à 6.
Âge, normes de vie et difficultés :
· L’analyse aboutit à un lien clair entre les normes de vie du pays et la volonté de ses citoyens à prendre des risques. Ainsi, dans les pays à très faibles revenus et à conditions de vie difficiles, la propension à prendre des risques reste élevée même au cours de la vieillesse ; cela semble lié à une concurrence plus farouche entre les gens, hommes et femmes. Dans ces pays, remarquent les auteurs, les conditions de vie locales priment sur les besoins existentiels.
·Les hommes sont en général plus enclins à la prise de risque que les femmes. Cette propension plus élevée est expliquée par une nécessité de concurrence plus élevée dans la société.
· D’autres difficultés de vie ont un impact continu sur la prise de risque : par exemple, dans les pays caractérisés par d’autres difficultés, comme une mortalité infantile élevé, les niveaux de prise de risque sont plus élevés et les courbes âge-risque plus planes.
· Si globalement la propension à prendre des risques tend à diminuer avec l’âge, dans la majorité des pays, il existe donc des variations importantes entre les pays. : Ces résultats suggèrent que ces facteurs de difficultés peuvent fonctionner comme des repères qui orientent les histoires de vie. En conclusion, la relations âge-prise de risque reste fortement médiée par les contraintes de l’environnement de vie.
Source: Psychological Science January 7, 2016 doi:10.1177/0956797615617811 Propensity for risk taking across the life span and around the globe
VIEILLISSEMENT: La dopamine peut-elle revigorer la prise de décision?
SOMMEIL : La privation de sommeil favorise la prise de risques–