Il y a quelques mois, Svetlana Alexievtich a reçu le prix Nobel de littérature pour «ses écrits polyphoniques, hommages à la souffrance et au courage de notre temps».
On ne connaissait pas du tout l’écrivaine biélorusse, journaliste de formation, avant ce prix, mais cela a été l'occasion de la découvrir ce qu'on a fait avec la Supplication, un de ces essais réédités par JC Lattès dans la foulée de son prix et voici ce que Michel a pensé de cet état des lieux du monde de Tchernobyl quelques années après la catastrophe de 1986:
« Ce livre ne parle pas de Tchernobyl, mais du monde de Tchernobyl. Justement de ce que nous connaissons peu. De ce que nous ne connaissons presque rien. Une histoire manquée : voilà comment j’aurais pu l’intituler. L’évènement en soi, ce qui s’est passé, qui est coupable, combien de tonnes de sable et de béton a-t-il fallu pour ériger le sarcophage au-dessus du trou du diable, ne m’intéressait pas. Je m’intéressais aux sensations, aux sentiments des individus qui ont touché à l’inconnu. Au mystère. Tchernobyl est un mystère qu’il nous faut encore élucider »
Etat des lieux du monde de Tchernobyl quelques années après la catastrophe du 26 avril 1986, Svetlana Alexievitch fait un devoir de mémoire en rencontrant des hommes et des femmes de Tchernobyl. Chaque témoignage d’acteur direct ou indirect est important et gravé à tout jamais pour faire connaitre et se rappeler la souffrance, la peur et le sacrifice des peuples Biélorusse et Ukrainien.
Tchernobyl a tout empoisonné, l’air, la terre, les corps. La catastrophe a créé un isolement humain et broyé l’avenir.
Chaque témoignage est poignant, vrai, insupportable car Svetlana Alexievitch laisse parler des hommes et des femmes qui ouvrent leur cœur.
Un père explique qu’il est devenu aux yeux du monde « un homme de Tchernobyl » qui a perdu sa ville et sa vie.
Témoignages des compagnes des premiers pompiers arrivés sur les lieux et descriptions crues de la fin de vie de ces hommes sacrifiés, témoignages de scientifiques ou de politique complètement dépassés. Surtout que l’on n’oublie pas.
Comme Primo Levi, Soljenitsyne ou Claude Lanzman, avec ce récit, Svetlana Alexievitch réussit à nous faire entendre l’indicible en donnant la parole aux suppliciés de Tchernobyl. Ecrivain et journaliste biélorusse, elle a reçu le prix Nobel de littérature en 2015, les éditions Lattès réédite « La Supplication » paru en France en 1998. Indispensable.