Ce samedi 9 janvier 2016, nous avons débuté l’année sur les chapeaux de roues en assistant au premier essai du prochain spectacle de Davy Mourier intitulé Anecdotes. Dans l’intimité de la petite salle de la Maison des associations de Nice, l’artiste protéiforme a également joué quelques sketchs de Petite dépression entre amis. C’est bien entre potes que l’on a eu l’impression de passer cette soirée hilarante. Mourier fait partie de ses gars rares qui entretiennent avec leur public une proximité géniale et bon enfant. Tranches de sa vie et surtout tranches de rire, Anecdotes est une petite merveille assortie d’un concept ingénieux permettant au spectacle de se renouveler chaque soir. Retour sur ce moment privilégié et inoubliable qui a mis à rude épreuve les zygomatiques du public.
Avec des bouts de ficelles, un véritable don pour l’improvisation, l’amitié fidèle de son ami et colocataire Rémy Argaud au son et à la lumière et la complicité du public, Davy Mourier crée un spectacle vivant, à la fois intimiste et universel, grivois et tendre à la fois. Sur la scène, trône un écran de projection, une chaise et deux petits cartons. Mourier n’a besoin de rien d’autre pour faire mourir de rire ses spectateurs. Nul besoin pour lui de multiplier les artifices scéniques, son jeu d’acteur et ses mimiques hallucinantes suffisent à elle-même. Petite dépression entre amis était déjà pensé comme un complément de ses bandes-dessinées 41 euros : Pour une poignée de psychotropes et 50 francs pour tout. Davy Mourier s’est dit qu’il n’avait pas encore tout dit, qu’il avait des tonnes d’anecdotes tirées de sa vie personnelle à raconter. Au lieu d’en tirer deux spectacles supplémentaires, il a choisi des dizaines de thèmes différents et les fais piocher à son public. C’est alors qu’il improvise un sketch sur un moment marquant et souvent ridicule de sa vie. Mourier, c’est un peu le pape de l’autodérision. C’est d’ailleurs là où son one-man show tient du génie. Pour nous autres, pauvre quidam, les histoires qu’il raconte serait l’occasion d’ennuyer nos potes lors d’une soirée mais Mourier en fait des moments drôlissimes.
Poissard de l’extrême, les multiples accidents qu’il a vécus sont autant de sources de poilades. Ses consultations à répétition chez des médecins plus que loufoques, souvent issus des médecines alternatives nous familiarisent avec l’univers foutraque et farfelu des magnétiseurs complotistes et des ostéopathes-apiculteurs. Ses aventures sentimentales explorent des champs aussi variés que le trou sacré (non, non, sales pervers, c’est juste un os), les insultes au lit ou les ruptures (du frein). Bien sur, Davy Mourier ne se prive pas de faire participer son public pour déterminer par exemple que « Salope » peut agrémenter vos ébats sexuels mais pas « t’es aussi poilue que mon père ». Deux cents personnes criant à l’unisson « Oh oui ! » ou « Arrête tout de suite ! », voilà de quoi forger une connivence à toute épreuve. Pour les fans de l’animateur de Nolife, de Nerdz ou du Golden Show, les anecdotes fusent et sont autant de petits plaisirs supplémentaires pour contenter notre appétit de potins. C’est ainsi que la salle se bat pour choisir le dernier sketch, sur Maelys Ricordeau ou sur Reboot. L’occasion de mourir de rire lors de l’évocation d’une pièce de théâtre contemporain auquel a participé l’actrice de Nerdz et dont Mourier est visiblement sortie traumatisé. Et c’est avec un sketch inédit du Golden Show, Calendwar, interdit de diffusion (hors cadre privé) après le différent entre Ankama et les auteurs, que la joyeuse troupe de trublion a dû se quitter. La (petite) mort dans l’âme.
Davy Mourier est un artisan. Un artisan du rire, aussi bon à l’écriture qu’à l’improvisation. Si son public est forcément un peu geek, son univers peut s’ouvrir aisément à un autre public. N’hésitez pas à amener vos amis à ses spectacles. D’autant plus que les places ne sont point onéreuse. On a pu le voir pour la modique somme de 11 euros et très accessible, Mourier dédicaçait ses bandes-dessinées à Alfa BD dans l’après-midi. On attend d’ailleurs avec impatience la sortie, mercredi 13 janvier, de sa dernière œuvre Relation Cheap, en collaboration avec Elosterv.
Boeringer Rémy