Aussi, malgré mon athéisme, vous me voyez fort ravi d’assister à cet incroyable événement que constitue cet article à mes yeux sur lequel je voudrais attirer aujourd’hui votre attention. Son auteure est une ancienne rédactrice en chef de ce journal, Christine Pedotti, dont je salue ici l’initiative hautement salutaire. Elle dénonce à la fois le silence coupable des évêques de France, et le peu de culture historique de nombreux catholiques qui ont – c’est le titre de l’article – la mémoire courte, en ces termes :
« Les réseaux sociaux cathos sont envahis de – souvent jeunes – catholiques qui font mine de s’étonner que le vote Front national puisse ne pas être catholique. »
Je confirme. Infatigable combattant qui pourchasse les discours racistes, sexistes et homophobes sur lesdits réseaux sociaux, de même que toute expression de discriminations qui me sont intolérables, je suis bien placé pour constater à quel point les tenants des racines chrétiennes de la France, généralement au FN ou son ersatz, la droite dure derrière Sarkozy, tout comme le bloc identitaires et autres avatars groupusculaires plus ou moins fascisants (quand ils ne sont pas carrément et ouvertement nazis) au sens strict du terme, se fourvoient dans des propos haineux, discriminants, stigmatisants envers une certaine communauté, qui vont à l’encontre du message de paix et d’amour que cette religion est sensée porter, selon les mots mêmes de cette catholique là :
Plus loin, elle rappelle utilement à quel point, pour prendre appui sur l’histoire et ne pas la répéter, il convient pour tous les catholiques de méditer sur ceci :
Souvenons-nous que c’est dans cette France si catholique qu’il y a soixante quinze ans, tant de gens, y compris la quasi-totalité des évêques et archevêques, exceptions faites de Messeigneurs Salièges (Toulouse) et Théas (Montauban), puis Gerlier (Lyon) et Delay (Marseille), ne virent aucun obstacle à ce que les juifs soient d’abord interdits de nombreuses professions, puis pourchassés, emprisonnés et finalement déportés.
Que reste-t-il de cet engagement de quelques uns aujourd’hui ?
L’Église de France a voulu oublier, elle n’a jamais fait d’examen de conscience, à l’exception de la déclaration de repentance de Mgr Olivier de Berranger en 1997, à Drancy, laquelle lui a valu, d’ailleurs, de belles expressions de haine.
Et cette Christine là (qu’on ne risque pas de confondre avec une autre, hystérique, homophobe, et d’extrême droite) de s’interroger sur l’assourdissant silence des autorités religieuses, qu’il s’agit de mettre en vis à vis avec l’obstination des mêmes à demander aux musulmans de se désolidariser de la barbarie, ce qui est pourtant évident pour la plupart :
Pourquoi ? Pourquoi ce terrible et coupable silence ? Nous savons que les évêques de France sont divisés et que certains espèrent la venue au pouvoir du Front national, quatre ou cinq peut-être, mais ils parlent haut et pèsent de tout leur poids. Au nom d’une unité factice, d’une unanimité de façade, les autres se taisent. Pourtant, les chrétiens, hommes et femmes, ont le devoir de dire haut et fort que non, le programme du Front national n’est pas compatible avec l’Évangile.
Et d’appeler les évêques de France, ainsi que tous les chrétiens à prendre parti contre un autre, le FN, d’extrême droite, dont les positions sont contraires à nos valeurs communes. L’intention politique est forte, dans le sens noble du terme, que j’affectionne. Quand on parle chrétien de cette manière là, par delà l’habituelle mousse inévitable de la terminologie religieuse, et les scories d’un vocabulaire marqué qui n’est pas le mien, mais que je veux bien dépasser pour les besoins de la cause, cette religion m’apparait respectable. Ce n’est pas toujours le cas. Aussi, pour une fois, ne boudons pas notre plaisir. Le message est clair, l’appel urgent et nécessaire, et le partager ne fait que renforcer le rassemblement des forces démocrates dans notre pays, particulièrement indispensable, car seul de nature à réduire la part d’ombre qu’est cette peste brune de l’extrême droite tragiquement identitaire, à sa portion congrue. Un coin d’égout qu’elle n’aurait jamais du quitter. Qu’elle retourne à son obscurité, son obscurantisme, son cachot idéologique vicié, sa fermeture d’esprit toxique, et à sa vacuité intellectuelle, morale, et à son insondable manque de positivité historique et de sens constructif durable pour notre société.
¹ J’attends d’ailleurs toujours les conclusions de l’enquête….