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Combien vaut notre sommeil ?

Publié le 09 janvier 2016 par Edelit @TransacEDHEC

beautiful girl sleeps in the bedroom

Vous pensiez peut-être que dormir ne vous coûtait rien ? Que cela n’avait aucune valeur économique ? Ou encore que vous n’aviez besoin de rien pour tomber dans les bras de Morphée ? Détrompez-vous car aujourd’hui tout a un prix, même le sommeil. Pour le comprendre il faut replacer le sommeil dans le mode de vie capitaliste. Tout bien ou service accordé à soi-même ou aux autres représente un coût (valeur d’échange) en plus du coût de renoncement, c’est-à-dire du sacrifice d’un autre bien ou service (cf. vos chers cours de microéconomie). Dès lors, en échange de quoi dormons nous ? Et que manquons-nous à dormir ?

Le sommeil, source d’économies.

« Le sommeil est la moitié de la santé ». Sachant que notre santé conditionne notre travail et notre rationalité, le lien entre sommeil est argent devient évident. Être plus productif, voilà ce que veulent les travailleurs d’aujourd’hui pour passer moins de temps à trimer et plus à se consacrer à l’oisiveté de la vie. Mieux on dort, plus on est performant, plus on a de chances d’être embauchés avec un salaire élevé et d’avoir du temps libre pour nos loisirs.

Il faut également considérer qu’être en bonne santé, c’est s’épargner de coûts médicaux, ce qui est quelque part une autre forme de gain.

Dans le tableau ci-dessous publié par l’INSEE, on observe les dépenses annuelles moyennes par personnes dans les services médicaux et de santé : 593€.

Produits et appareils thérapeutiques, matériel médical 262€

Services de consultation externe 312€

Services hospitaliers 16€

Autres dépenses de santé 3€

SERVICES MEDICAUX ET DE SANTE 593€

Si l’on ajoute à cela le besoin d’une complémentaire santé telle qu’une mutuelle, les coûts explosent. Or d’après le graphique ci-dessus, les médicaments sont la plus grande source de dépenses médicales. Or, un sommeil réparateur permet de mieux se défendre immunitairement et évite ainsi la prise de médicaments. Bref, dormir préserve notre budget.

Le nouveau mal du siècle: l’insomnie.

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Plusieurs études économiques réalisées dans des pays occidentaux tels que la
France ou les Etats-Unis montrent en effet que anque de sommeil a des conséquences significatives en terme de coûts, et qu’il semble impossible de négliger.le m

Voici sans attendre un bref résumé des résultats obtenus :

L’étude sur les femmes et les cadres, en bonne santé apparente, montre que les insomniaques sont deux fois plus souvent absents que leurs collègues. Quelque soit le genre et la classe socio-professionnelle, les insomniaques sont également deux fois plus enclins à commettre de graves fautes professionnelles.

Ainsi le coût total de l’insomnie pour les Etats-Unis à la fin des années 80 se situerait entre 92 et 108 milliards de dollars.

Il faut d’abord considérer les coûts directs, à savoir les dépenses en soins et consultations. Selon le National Commission of Sleep Disorders Research (NCSDR) américain celui-ci atteindrait 14 milliards de dollars en 1990. En France on estime ces coûts à 2 milliards de dollars en 1995. Et plus la population vieillit, plus l’addition pique.

Ensuite viennent les coûts indirects des insomnies, comme les coûts des accidents (du travail, de la route, etc.) liés aux troubles du sommeil ou simplement la perte de productivité de ces travailleurs. Les accidents coûteraient 50 milliards de dollars aux Etats-Unis et d’après une étude sur l’US Navy, la perte de productivité due aux troubles du sommeil vaut 41 milliards de dollars en 1988. L’absentéisme chez les non cadres engrange une perte de 143$ par jour, représentant ainsi 57 milliards de dollars par an.

Sans aller jusqu’à dire que pioncer un coup est un remède à la crise, les troubles du sommeil et leurs conséquences économiques sont une des raisons pour lesquelles bien dormir coûte cher. On intègre bien la valeur d’une chose que lorsqu’elle nous manque…

Perdons nous de l’argent en dormant ?

Pourquoi dormir ne serait qu’un avantage ? Si le proverbe dit que la fortune vient en dormant, ce n’est pas en s’écroulant sur un lit inconscient que l’on fera fructifier notre économie. Dormir un peu c’est bien, mais pas plus que nécessaire, sinon on y perd du temps. D’ailleurs, peut-on dormir trop ?

La réponse est oui. Et pire encore, si l’on dort trop, soit plus de 10 heures pour les 18-25, on met notre santé en danger. Les effets sont quasiment similaires à ceux des insomnies : fatigue, maladies, troubles mentaux,… Pas de quoi ravir un employeur.

Le marché du sommeil, un marché en pleine expansion.

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Puisque mal dormir coûte si cher, les
gens sont prêts à mettre le prix pour passer une bonne nuit. Aujourd’hui 1/3 des franais actifs disent avoir des troubles du sommeil, ce qui représente tout de même 10 millions de potentiels consommateurs de somnifères et d’aides au sommeil en tout genre.

Les pharmacies ne s’en plaignent pas : en France, ce sont 134 millions de boîtes de somnifères vendues pas an. Mais pour mieux répondre à ce nouveau genre de consommation, les pharmacies innovent. Huiles essentielles, homéopathie, tant de produits non remboursés par la Sécu, qui, en plus de coûter une blinde, séduisent de plus en plus les français. À raison de 10€ la boîte d’un produit probablement peu efficace, et qui ne coûte clairement pas cher à produire, les fabricants aussi font fortune.

Mais le nouveau produit phare du sommeil vendu en pharmacie est la mélatonine, « hormone du sommeil », qui représente 15% de ce marché en France, et déjà 40% aux US et en Italie. C’est l’« or blanc » des pharmaciens qui avoisine les 20€ par boîte.

Heureusement, pas besoin d’être pharmacien pour s’introduire sur ce marché prometteur. Des enseignes, comme Nature et Découverte proposent ainsi des réveils, qui imitent la lumière du soleil avec la promesse d’une nuit plus réparatrice et de l’absence de pannes de réveil pour la bagatelle de 100 à 200€, des tisanes venues d’on ne sait où aux prix exorbitants et des brumisateurs à huiles essentielles.

Enfin, une dernière gamme de produits, et pas des moindre, doit être comptée dans le panier de notre consommateur : la literie. Comptez entre 1000 et 3000€ pour un matelas scientifiquement étudié pour améliorer le sommeil, plus de 200€ pour un oreiller ergonomique et pas moins de 350€ pour un climatiseur de lit une personne.

Quand le sommeil vaut de l’or…

Certains français peuvent alors dépenser des milliers d’euros pour garantir un sommeil réparateur. Ce constat, des petits malins l’ont déjà fait. Alors pourquoi ne pas profiter de la vulnérabilité des gens face à leur besoin de dormir pour les arnaquer de manière grotesque ? Une nouvelle technique venue – comme d’habitude – des Etats-Unis propose ainsi aux personnes victimes de troubles du sommeil de payer plus de 50€ une séance d’une heure pour se tapoter des points de chakra en exprimant ses problèmes. Ça s’appelle l’EFT (Emotional Freedom Techniques) et on vous déconseille d’essayer !

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