Jusqu’au 24 janvier, Le Consortium, 37 rue de Longvic, Dijon, propose 6 artistes. Comme d’habitude, pour ce centre d’art, je ne parle que de ce qui m’a touchée ou intéressée. Pas tout.
Edith Dekyndt, « Théorème des foudres ».
Cette artiste semble travailler comme un savant, un chercheur. L’art permettrait la connaissance autant (ou mieux?) que la science. Elle expérimente. L’important, ce sont les éléments, les matières, les phénomènes, les processus, les réactions physiques, les métamorphoses… Sa série de toiles est, par exemple, un travail passionnant. Elle les a recouvertes de sang, de vin, de terre, de caséine etc. Et on observe. Comme elle. Résultats: un dessèchement, des craquelures, des moisissures… Elle enterre certaines de ces toiles ou les expose aux intempéries dehors pendant des mois. Comme si elle les mettait à l’épreuve. Les choses obtenues, à la suite de ces tortures, sont souvent très belles (mais a-t-on maintenant le droit de parler d’esthétique et d’émotion du beau?) . Croûtées, rouillées, délitées, moussues, gonflées…
Autre aspect de caractère scientifique dans cette oeuvre exposée: les cristallisations. Là encore, une réflexion sur la transformation. Un liquide qui passe au solide. Grossis et rétro-projetés, ces cristaux de vin ou de sang offrent de superbes dessins à admirer sur le mur.
Les couvertures imbibées de peinture sont une constante dans le travail d’Edith Skyndt. Ici, l’une d’elle est peinte en rouge et or et suspendue à un de ses angles, lui communiquant une forme de cône. L’artiste s’intéresse au rapport du domestique (couverture banale et vulgaire) et du précieux ou sacré. Ce textile tout ce qu’il y a de plus prosaïque prend des allures de chasuble religieuse ou de tapis oriental.
Je constate que l’artiste, tout en suivant cette voie du contemporain qui, décidément, aime explorer du côté du scientifique, utilise malgré tout les outils de l’art classique et éternel: la toile et la peinture… Mais en leur donnant un autre rôle, en les envisageant davantage comme des entités en elles-mêmes.
Le Consortium expose aussi deux artistes coréens (mais exilés à Paris une grande partie de leur vie). Nés en 1904, pour Lee Ungno, et en 1914 pour Han Mook, ces peintres feraient partie des premiers modernistes. Ils conservent leurs traditions asiatiques mais se laissent fortement influencer par l’art d’Occident.
Han Mook (toujours vivant à 102 ans), peint de couleurs vives des toiles où le cosmos tourbillonne, où les lignes vibrent comme de la musique, où les déformations de formes géométriques créent des illusions d’optique. Un mur est couvert de ses démarches et de ses recherches de peintre en petits formats. Rien de transcendant pour moi.
Lee Ungno m’a davantage touchée.