Nous avions raté l’exposition « Picasso et les Maîtres » en 2009 : trop de monde. Cette fois, c’était mercredi le premier jour des soldes … et il n’y avait pas de queue à l’ouverture. Pour nous, une occasion d’apprécier l’immense influence de Picasso sur les peintres contemporains, plus particulièrement à partir des années 60, comme un passage obligé, un tribut au génie absolu de la peinture mondiale, celui qui a tout inventé.
Picasso répondait en 1959 à la question de « Vous continuerez longtemps à peindre ? » : « Oui, parce que pour moi, c’est une manie. » Et nous mesurons aujourd'hui combien il n’a pas fini d’étendre son emprise sur les artistes du monde entier. Intéressant donc de découvrir comment ses différentes périodes trouvent écho auprès les créateurs contemporains.
A l’origine, le critique autrichien Wieland Schmied commande en 1971 un portfolio célébrant le quatre-vingt-dixième anniversaire de Picasso, auquel plus de cinquante artistes participent : avant-gardistes, réalistes, abstraits, pop-artistes, minimalistes … Anecdotique mais pas passionnant.
Ce qui se déguste, c’est le choix des œuvres magistrales de Picasso exposées ici – pas très nombreuses mais bien caractéristiques, classées par périodes : son autoportrait de 1908, le cubisme, l’assemblage … mais aussi les Demoiselles d’Avignon, Guernica, les innombrables portraits de femmes comme Dora Maar, l’évocation de l’art nègre … ainsi que la section passionnante consacrée aux gravures érotiques. Nous y avons ainsi appris que le célèbre tableau du MoMa évoque le carrer d’Avinyo, une rue de Barcelone célèbre pour ses maisons closes, et donc n'a pas grand chose à voir avec la ville d'Avignon.
On apprend à apprécier des peintres ultra connus comme Andy Warhol, Roy Lichtenstein, Jean-Michel Basquiat, Jasper Jones et Jeff Koons, ou on découvre David Hockney, Erro (ici à gauche) Martin Kippenberger, Maurizio Cattelan, Golub, Chéri Samba (vu récemment à la fondation Cartier) ou Adel Adessemed avec sa gigantesque fresque en relief d’une hécatombe animale intitulée « Who’s afraid of the Big Bad Wolf » de 2012. Dérangeant ...
Une façon de parcourir un siècle de peinture au moment crucial du passage de la figuration à l’abstrait, un artiste exceptionnel dans toute sa vitalité, sa liberté, sa violence et sa tendresse créative. Et de se souvenir aussi des engagements de Picasso auprès du Parti communiste … qui a fait beaucoup pour sa notoriété dans les années de l’après-guerre.
Picasso.mania, exposition aux Galeries Nationales du Grand Palais jusqu’au 29 février, tous les jours sauf mardi à partir de 10 h., 9,50€