EXTRAITS: Beaucoup de ses tableaux de chevalet semblent être des projets de vastes fresques ou d'architectures polychromes, des cartons pour une tapisserie géante, des maquettes pour une mosaïque, des décors pour une fête à l'échelle d'un peuple.Mais il vit à une époque où le tableau de chevalet est prédominant et ce précurseur écrit dans une lettre : « Je suis obligé de me considérer comme un peintre mural manqué. »Pour juger du souffle de ses conceptions murales, il suffit d'être saisi par ce haut-relief de céramique et de pierre qui orne aujourd'hui le fronton du musée Fernand Léger, à Biot, et où éclate, sur près de 500 mètres carrés, un hymne à la joie de vivre, conçu sur un carton de dix centimètreQuelles qu'en soient l'échelle et la forme particulière : film ou monument d'architecture, peinture murale ou tableau de chevalet, l'œuvre d'art est toujours, pour Fernand Léger, orchestration des éléments plastiques nés de l'intensité de la vie nouvelle.La toile du tableau de chevalet n'est ni un miroir reflétant la réalité extérieure selon telle ou telle loi d'imitation de la nature ou de copie des apparences sensibles, ni un écran sur lequel se projetterait le monde intérieur des rêves et des désirs, selon telle ou telle loi abstraite de composition commandée par la « nécessité intérieure » évoquée par Kandinsky.Elle est un « modèle », au sens que les cybernéticiens donnent aujourd'hui à ce terme, de l'acte par lequel l'homme transforme la nature, la société et lui-même, un « modèle » des rapports actifs entre l'homme et le monde.Pierre Francastel a fortement dégagé ce caractère fondamental de l'œuvre d'art : « Il n'y a pas d'art sans création de systèmes matériels qui sont la figure d'actions réalisées ou ébauchées dans l'imaginaire comme génératrices de connaissances et comme figures virtuelles de l'action. »L'œuvre de Léger nous révèle l'analogie profonde entre le travail, la création technique, et la création artistique. « Le tableau de chevalet doit être un organisme vivant, varié, riche, intense. Il doit pouvoir tenir autant de place sur un mur que l'objet fabriqué le plus criant, le plus joli, le plus mobile. »Les cybernéticiens appellent « modèle » une construction artificielle comportant certaines analogies avec un système donné et ayant pour but de faire apparaître d'autres analogies. Telechargement du livre (4,99€) sur YOU SCRIBE