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A quoi joue Thomas Wattebled ? Il a fait de l'art, sa discipline, et du sport, son domaine de contre-performance. Avec ironie, tels des exercices, l'artiste délivre ses télescopages visuels. Diplômé en 2015 de l'Ecole des Beaux-Arts d'Angers (TALM), Thomas Wattebled, champion du dessalage en art et autres échouages du langage, participe à l'exposition "Jusqu'à ce que rien n'arrive" jusqu'au 14 février à la Maison des arts de Malakoff (Val de Marne).
L'exposition " Jusqu'à ce que rien n'arrive" à laquelle participe Thomas Wattebled est dédiée au dessin. L'artiste y montre la série "Hooligans", huit encres de Chine qui présentent des bustes de supporters sans tête portant des écharpes à bout de bras. Du chant paillard de supporter à la devise très officielle du Comité International Olympique, les slogans sont souvent des amalgames de phrases chocs : " Notre histoire deviendra légende " (PSG), " Droit au but " (OM). Aussi l'artiste les détourne t-il pour mettre entre les mains de supporters anonymes des citations de l'histoire de l'art moderne.
"Mon travail prend sa source sur le terrain du loisir et des pratiques populaires", explique Thomas Wattebled, 25 ans, dont j'ai découvert les œuvres en fin d'année dans les pages du Quotidien de l'Art. "Je préfère des éléments ordinaires pour explorer leurs limites sémantiques", m'a t-il confiée. Venu du Nord, porté par le courant Dada, pur produit Breton, on lui reconnaît une filiation du côté de Duchamp.
Avec son "Manifeste anecdotique" (2015), Thomas Wattebled joue service gagnant. Deux raquettes de badminton sont liées entre elles. Entremêlées, elles expriment la tendresse d'un duo qui se lie, révélant la fragilité d'un assemblage improbable. Un travail de tissage inédit qui s'inscrit en outre directement dans la tradition de filature de sa région picarde, Amiens ayant été un important centre drapier au XIIe siècle... Les raquettes sont posées contre le mur. Immobiles, comme après une partie bien disputée. Arrêt sur image, arrêt sur le monde mis à l'écart du temps. Elles contrastent avec les qualités du joueur de badminton réputé pour sa vivacité et son intelligence tactique.
Sur un petit carnet d'entraînement, Thomas Wattebled a esquissé une oie, pattes en l'air et bec dans l'eau, clin d'œil sympathique à son installation flottante intitulée "Dessalage". Sur l'étang de Clermont (Oise), le jeune artiste y parodiait en 2010 les leurres de chasse. La chasse, deuxième sport en France après le foot ! " Je me suis procuré huit oies que j'ai confiées à deux taxidermistes picards, elles ont été imperméabilisées, un vrai exploit technique ", raconte t-il amusé. Réalisée à l'envers, l'œuvre évoque ce basculement, ce moment clé où le réel chavire, tel un flottement visuel glissé dans le paysage.
Tel un héros en situation dérisoire, cet outsider victorieux aime se placer en situation de prendre le contre-pied. Comme à la proue d'un bateau échoué sur un terre-plein central, un feu de détresse à la main. Dans la vidéo "Who win" (2011), il s'autofilme parodiant le célèbre jeu d'arcade Pong. Le voilà ainsi piégé par la mécanique du jeu qui s'accélère et finit par dérailler. Game lover ! "Il faut jouer pour devenir sérieux", disait Aristote. A travers "Ball-Trap en famille" (2013), Thomas Wattebled place les visages souriants de la famille royale d'Angleterre dans des assiettes de ball-trap, fragiles et pop à la fois. Un shooting qui devait trouver tout naturellement sa place au sein du Musée du sourire !
> Le site de Thomas Wattebled www.thomaswattebled.com
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