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Mais faut la laisser pleurer ! [Défouloir]

Publié le 07 janvier 2016 par Encoreunblogdemere

Depuis que je suis maman, et encore plus depuis que Miniloute est née, je suis, comme beaucoup de parents, face à des réflexions sur l’éducation, sur mes choix de maman, sur le portage, le maternage… Et bien souvent je n’ai rien demandé !

J’en avais quand je portais ma fille en écharpe quotidiennement, dehors comme dedans « Mais tu vas l’habituer aux bras », « Tu dois avoir super mal au dos », « c’est pas bon pour elle la fusion comme ça », « te plains pas quand elle ne voudra que les bras ! »… Bah justement non, je ne m’en plains plus… D’ailleurs, c’était la seule solution pour que tout se passe plutôt sereinement avec un bébé RGO hypersensible, et une maman qui voulait aussi s’occuper de son autre enfant. Ca a été une année compliquée, mais j’avoue que ça m’a facilité la vie, de façon tout à fait personnelle comme la poussette en sauve d autres (pour info on a du promener Liloute en landau tous les soirs pour qu’elle s’endorme les 4 premiers mois. TOUS LES SOIRS. Et elle pleurait beaucoup, ça durait parfois 1 heure, mais au moins ça marchait quand l’écharpe me révulsait). Et surtout ça a été mon choix et je l’ai assumé. Oui, égoïstement j’ai aussi aimé ça, surement autant qu’elle et alors ? Si une maman prend du plaisir à materner son tout petit, c ‘est mal ? Au delà de ça, ce que je fais moi, en quoi ça te dérange toi ?

Est ce que ça te renvoie à ce que tu ne fais pas ? A tes choix perso ? Ceux que je ne juge pas, ce ne sont pas les miens, c’est ta vie, ton enfant, qui est surement complètement différent du mien et que tu connais mieux que personne.

Est ce que ça te fait peur parce que justement, tu n’as pas d’enfant ? (comme dit Rachel dans Friends « pas d’utérus, pas d’avis », moi je te dirais « pas d’enfant, pas de jugement ») Rassure toi, je n’impose rien à personne…

Et je ne te juge même pas ! Je sais comme c’est dur de devenir parent, comme ils nous poussent à bout, comme cet amour l’emporte sur beaucoup de choses, y compris nos principes. Je sais que la fatigue fait hurler, penser à mal, perdre les pédales et je pense qu’il faudrait mettre sa fierté de côté pour en parler et enfin le reconnaître. Souffle un coup.

J’en ai eu aussi sur son alimentation, sur l’éviction des protéines de lait de vache (non ce n’est pas un effet de mode, c’est même plutôt contraignant parfois, et crois moi si j’avais le choix…), sur les traitements de ma fille (es tu pédiatre?), sur les moyens que je devrais utiliser pour soulager son reflux, sur le reflux en lui même (« t’es sure que c est ça? ça ressemble à des caprices » VERIDIQUE). Bien souvent c’était bienveillant et ça partait d’une bonne intention, ce qui me faisait chaud au coeur. Et puis c’était aussi souvent une manière de critiquer ce que je faisais, selon certaines personnes.

Alors pendant plusieurs mois, je l’ai mal pris.

Je me suis sentie coupable, je me suis demandé si je n’avais pas tort, j’ai essayé d’aller contre mes envies de maman pour faire ce qu’on me disait (parce que les autres savent mieux, c’est bien connu)

Et puis j’ai eu envie de dire merde.

Et de prendre du recul là dessus.

Mon enfant, mes choix. (ça vaut aussi pour le nous, avec le papa)

Il y a eu la culpabilité et le doute, la colère et l’agressivité et puis l’indifférence.

Honnêtement, si j’avais eu mal au dos à cause du portage en écharpe/porte bébé, ça n’aurait regardé que moi. Pas toi. Si ma fille devient pot de colle, « capricieuse » comme tu dis, encore une fois, c’est moi que ça dérangerait, non ? Pas toi.

Si les solutions diverses pour le RGO (que je crois avoir quasiment toutes essayées, appelle moi wikireflux) n’avaient rien donné, j’aurais continué à tout essayer. Parce que voir son bébé souffrir (surtout qu’elle souffrait VRAIMENT, et de toute façon un caprice à 4 mois, vraiment ?) je ne le souhaite à personne. Et que tu remues ciel et terre pour le soulager, ça n’a rien de mauvais.

Et non, contrairement à ce que tu dis, mon enfant ne décide pas. Ce n’est pas elle « le chef » je ne me fais pas « bouffer ». Encore une fois, mon enfant, mes choix.

Ce n’est pas parce que je reste à ses côtés pour l’endormissement que j’en fais une capricieuse. C’est parce que, tu vois, il y a encore quelques semaines,je ne pouvais pas la poser éveillée dans son lit. Elle se mettait à hurler de peur, inconsolable et ça prenait des heures. Au final je me sentais fatiguée et malheureuse, et elle s’endormait d’épuisement à force de pleurer. Et même parfois ça la faisait vomir (le côté double kiss cool d’un bébé à reflux, tu fournis un effort trop important, hop tu vomis) Peu importe que tu penses que c’est un caprice, une tentative de me garder près d’elle, une manipulation du haut de ses 1 an… En quoi ça dérange ta vie à toi ? 

J’ai envie de voir le positif la dedans, de me dire qu’on a fait beaucoup de progrès… Et c’est le cas ! C’est vrai quoi, il y a encore 3-4 mois, je devais rester juste au dessus du lit pour qu’elle me voie et arrête de pleurer. Lui caresser le dos si longtemps (oui, ma fille dort sur le ventre !) que j’avais le bras engourdi. Encore plus tôt, je devais systématiquement la mettre dans mon écharpe pour l’endormir, jour et nuit. Le fait qu’elle s’endorme sans mes bras, sans me voir, sans mon contact, en toute tranquillité et sans pleurer me rend fière. D’elle, de moi, de nous. C’est sur que j’ai beaucoup râlé, pleuré, perdu patience et espoir dans tout ce processus, que j’ai essayé plein d’autres méthodes parce que « je vais pas non plus faire ça jusque ses 18 ans » ou tout simplement que j’avais envie de temps pour moi. Ca n’a pas marché, ça oui, et ça me va plutôt bien.

Même si toi, ton bébé a bien supporté le 5-10-15, si le laisser pleurer ne te dérange pas (comme je t’envie !), si au bout de 2 nuits à 15 minutes de pleurs l’endormissement se passe sans accroc… Déjà tant mieux pour toi, et ensuite, ce n’est pas pour ça que ça marche chez les autres. Et je dirais même, les autres sont en droit de ne pas en avoir envie. Au pire, tu leurs renvoies leurs problèmes à la figure avec en prime une bonne dose de culpabilité, de doute, de « je ne sais vraiment pas m’y prendre ».

Comme si il y a avait UNE façon de s’y prendre 😉

Et puis c’est également vrai dans l’autre sens hein. C’est vrai, le concept même d’éducation bienveillante m’a fait découvrir beaucoup de choses, me remettre beaucoup en question, mais ne rêvons pas, je continue de crier énormément, je dis bien trop de gros mots, je perds patience pour tout et n’importe quoi, et je culpabilise encore plus de savoir que ça risque de nuire à mon enfant. J’extrapole le « ça pourrait à long terme lui nuire » au « j’ai fait ça, j’ai loupé un truc, y’a pas de retour en arrière ». Tu la vois la pression ?

Parce qu’on va pas se mentir, la personne qui me juge le plus, c’est moi. Le travail sur soi est énorme, surtout quand on part d’une personnalité nerveuse, impatiente, peu sure d’elle et impulsive (le cocktail gagnant, on peut le dire). Quand on a tendance à râler pour tout, pour rien, à s’en vouloir pour tout et rien aussi, à attendre trop de ses enfants mais surtout de soi même.

Alors non je ne la laisse pas pleurer mais oui, depuis quelques semaines, je ne sais pas si c’est parce qu’elle va mieux ou si c’est moi, ou si l’un entretient l’autre, ton avis, et limite mes exigeances à la noix, j’ai tendance à m’en foutre, un peu, tu vois. Y’a rien contre toi, et il commence à n’y avoir rien contre moi non plus, ça va, on va pas se fâcher pour si peu. Ou bien si, mais toi seulement, moi je t’ai dit, je m’en fiche maintenant.

On pourrait aussi mettre les jugements et la compétition de parents de côté parce qu’au final on n’a pas le même combat à mener, les mêmes handicaps ni la même histoire de départ. Par contre on a le même but, et ça, peu importe la route qu’on emprunte…

Ca serait bien de juste tendre l’oreille et parfois l’épaule pour écouter, sans (trop) juger, parce que la détresse de parents, parce que la depression post partum ou bien après, c’est réel. Parce qu’avant d’être maman je n’aurais jamais pu concevoir qu’on en vienne à secouer son bébé (et pourtant, l’idée qui te traverse l’esprit 2 microsecondes puis qui te glace le sang longtemps après, je ne pense pas être la seule maman « normale » à qui c’est arrivé, et ça vaut pour les papas), parce que moi aussi j’ai surement fait ces jugements là, que j’en fais surement encore sans m’en apercevoir…

Ne vas pas croire que je suis parfaite et que je te prends de haut. Oh que non. Je viens encore de crier sur la grande qui a réveillé la petite parce qu’elle a fait une énième crise (c’est vrai quoi, frustrant de ne pas pouvoir faire de la peinture aux doigts quand maman se met à jour dans ses mails, et quand on veut le faire tout de suite et pas dans 5 minutes), à bout de nerfs, parce que ça fait 2 nuits que je cododote avec l’une ou l’autre (merci les microbes), que je suis fatiguée, que je surveille bébé malade comme du lait sur le feu, que je me sens frustrée moi aussi bien trop souvent sans vouloir le reconnaitre. Je suis cette maman qui soupire au 2eme « mamaaaaan » parce qu’elle voudrait être tranquille, qui a dit « la ferme » à son bébé de 17 mois cette nuit, qui a pleuré après parce qu’elle ne se sentait pas une bonne mère et que le dit bébé méritait mieux.

Mais je suis aussi cette maman qui apprivoise enfin son rôle et apprend à laisser couler. L’erreur est humaine, et je dirais même l’erreur avec les enfants est vraiment normale en tant que parents.

Y’a pas de mode d’emploi, y’en a des dizaines. Avec une nouvelle édition chaque jour, à chaque enfant qui naît. Et à chaque parent aussi. Le mieux, c’est de choisir celle avec laquelle on se sent le plus à l’aise, en se sentant libre de sauter quelques chapitres ou de changer de ligne éditoriale ou de genre en cours de route. Sisi, c’est possible.

Enfin j’espère.

Alors non je ne veux pas (et ne peux pas) la laisser pleurer, quoique tu en penses. Je préfère rester 5 minutes de plus à la rassurer, voire même la bercer pendant les réveils en pleine sieste ou nuit, pour qu’elle se rendorme le plus vite et du mieux possible.

Et j’assume, je suis en paix avec ça, enfin. 

la laisser pleurer


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