Will Dorey, AKA Mr Skinshape, c’est cet anglais de 24 ans qui sort son deuxième album en 1 an avec une facilité déconcertante et qui vous fait comprendre pourquoi la musique a meilleure réputation de l’autre côté de l’Atlantique. Déjà directeur de son label, le jeune Will nous propose avec Oracolo une jolie ballade musicale mêlant trip-hop, jazz et rock psychédélique. Nous avons pu le questionner sur sa manière de construire la musique et c’est à lire !
Will, tu viens juste de sortir ton deuxième album Oracolo à seulement 24 ans. Tu as sorti le premier il y a un an, pourquoi revenir si vite ?
Il s’est passé plus d’un an depuis la sortie de mon premier album, ça ne m’a pas paru si long que ça, surtout quand tu vois que certains artistes en sortent 2 par ans (ce qui aurait été un peu trop rapide pour moi, je l’avoue). Sinon, c’est tout simplement parce que mes morceaux étaient prêts, donc je voulais l’enregistrer le plus vite possible afin de rester sur ma lancée et de pouvoir écrire encore plein de nouveaux morceaux avec Skinshape
Est-ce que tu peux nous expliquer comment tu as travaillé sur ce second album Oracolo ? Nous avons lu que tu jouais tous les instruments (guitare, basse, batterie et voix), est-ce que c’est vrai ?
Avec Oracolo, j’ai travaillé exactement de la même manière que je l’ai toujours fait avec Skinshape. J’ai transformé ma chambre en studio, même si je n’ai pas vraiment de matériel professionnel mais seulement quelques amplis, une sélection d’instruments et ma voix pour faire mon son à ma manière. Pour la batterie, elle est enregistrée dans un studio appelé The Arch dans le nord de Londres. J’enregistre les pistes que je peux ensuite intégrer dans mes chansons.
Sur cet album, j’ai d’ailleurs fait appel à d’autres musiciens. Mon ami slovaque Ivan Kormanak joue de la batterie sur toutes les chansons de l’album sauf une, Summer, où c’est Dan Hale qui s’en occupe. A part ça, Jon Moody a joué de l’orgue Hammon sur « Mandala » et a joué et arrangé la partie orchestrale sur « Oracolo ».
Si on s’intéresse uniquement à la batterie, elle sonne très jazz. Est-ce que ce son provient d’une formation académique de ton batteur ?
Dan et Ivan jouent tous les deux beaucoup à Londres, essentiellement avec la scène blues de là-bas. Ivan est retourné en Slovaquie pour le moment mais j’espère qu’il va revenir en 2016 ! J’ai enregistré beaucoup de sons au studio The Arch cette année avec Dan, dont certains pour de futurs morceaux. On aime tous les deux le même genre de son old school: blues, funk, jazz… Donc on sait toujours à peu près la musique que nous voulons créer ensemble !
Tu as crée le label « Horus Records » qui est spécialisé en reggae. Est-ce que c’était une volonté de ta part de faire un projet différent par toi même avec cet album ?
Horus Records est un projet bien différent dont je m’occupe avec mon pote Ben, même si le premier enregistrement de Skinshape correspond à la première sortie du label en 2013. Mais en général, Skinshape a évolué dans un style assez différent de ce que nous souhaitons faire avec Horus Record, à savoir du son reggae pour puriste. Il serait donc assez compliqué aujourd’hui de mélanger ces deux projets. Les deux albums que j’ai sortis sont d’ailleurs sortis sur d’autres labels : Melting Records pour le premier (Paris/Athènes) et le label londonien Beatnik pour le second.
Sur ton compte soundcloud, on retrouve le tag #Triphop pour décrire ta musique. Mais nous avons pu trouver une tonne d’autres références, comme le rock psyché ou le jazz. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur tes influences ?
Pour être honnête, Soundcloud avait dû me demander un mot clé et j’ai dû oublié d’en mettre d’autres ! Il y a bien sur du trip-hop dans mes morceaux, mais pas que. Ça devient même de moins en moins le cas. Je n’utilise plus de samples et j’aime moins le rythme qui pour moi définit le trip-hop moderne. Je préfère désormais la musique de DJ Shadow et de Bonobo. A part ça, j’écoute de tout, et principalement de la musique entre les années 50 et 70 avec une grosse influence 60’s. De Donal Byrds « I’ve longed and searched for my mother » à Pink Floyd jouant « Echoes » à Pompei en passant par les BOs des westerns d’Ennio Morricone, le spectre est assez large. Je peux citer encore Helene Smith avec « Controlled by your love », Lee Scratch Perry et « Fisherman » avec son groupe des Congos… Tout ces différents styles m’ont beaucoup influencés et c’est vraiment le genre de son que j’ai envie de reproduire à ma manière aujourd’hui.
OK, tes influences sont plutôt cools ! Mais est-ce que tu as des petits plaisirs coupables ?
Je ne pense pas en avoir beaucoup. Enfin ce n’est pas comme si j’allais mettre les Spice Girls dans ma chambre dès que mes colocs sont partis se coucher quoi ! Mais pour répondre plus sérieusement, dernièrement je suis assez obsédé par cette chanson « The 7th element » fait par un artiste appelé Vitas, c’est assez bizarre pour moi mais je l’aime bien !
Tu aimes le rock psyché des années 60. Est-ce que tu penses que le rock est une musique de rebelle ? D’ailleurs, en es tu un ? 😉
Je ne sais pas vraiment si le rock est une musique de rebelle. Le punk c’est sur, le métal aussi avec les Black Sabbath mais je ne pense pas que les Pink Floyd étaient des rebelles par exemple. A mon avis c’était juste des mecs qui aimaient faire de la musique et qui le faisaient bien. En tout cas pour moi je ne dirais vraiment pas que je fais de la musique de rebelle. J’adore produire mon son, ça me fait sentir bien et c’est le principal ! Et le bonus pour moi c’est que les gens semblent apprécier ce que je leur propose !
Ta pochette d’album est bien différente de la première. On pense pour celle-ci à Chagall ou à Picasso. Est-ce que tu peux nous dire qui l’a faite ? Et pourquoi tu l’as choisie ?
C’est un artiste New-Yorkais qui s’appelle Jared Buschang qui a réalisé ce dessin. C’est un ami d’ami je crois, et j’avais vraiment aimé les peintures que j’avais pu voir de lui, surtout celle que j’ai choisie pour la pochette de l’album. Je vous invite à aller découvrir son travail (par ici) !
Nous n’avons pas pu trouver d’annonces de tournée suite à la sortie de ton album. As-tu prévu de tourner en Angleterre ? En Europe ? C’est quoi la prochaine étape pour toi avec ce projet ?
Il n’y aura pas de tournée tout simplement. Je suis trop occupé avec mes autres projets pour monter des concerts avec Skinshape. Pour le moment c’est un projet studio et cette formule me convient très bien !
Et la dernière question du Limo : si tu étais une boisson, ça serait laquelle ?
J’y ai réfléchi un petit instant, mais je vais devoir vous faire la réponse la plus ennuyeuse du monde : je serais de l’eau. L’eau, c’est une putain de bonne boisson et j’en bois tout le temps !
Vous l’aurez compris, pas de concert pour le jeune homme, mais n’hésitez pas à aller découvrir l’intégralité de son travail.
L’album est disponible entièrement ici !
Peace !
La team Limo
Clémence DL
Chroniqueuse rock du Limo mais ouverte d'esprit.Sur une île déserte, j'emporterais "Meddle" de Pink Floyd et "Ziggy Stardust" de David Bowie.
Et je deteste le Nutella.
Mon Cocktail Préféré :
Le Picon-Bière
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