La Villa Cavrois a ouvert ses portes au mois de juin, après treize années de restauration intensive. Quelques jours après l’inauguration, le Rat a pointé son museau curieux, impatient de découvrir ce petit bijou d’architecture. Petit flash-back…
La Villa a été construite à Croix, tout près de Roubaix, pour un industriel du textile, Paul Cavrois, et sa nombreuse famille. En 1929, l’architecte Robert Mallet-Stevens s’attelle aux plans de cette grande demeure que les Cavrois ont souhaité hygiénique, moderne et confortable. Œuvre totale, c’est également Mallet-Stevens qui en dessinera le mobilier ; l’harmonie entre les extérieurs et les intérieurs est donc totale, et la visite constitue assurément une expérience unique.
L’œil du Rat :
La première impression, avant même de pénétrer dans la Villa, est celle d’une efficacité totale, de la vente des billets à la remise des dispositifs de visite, des tablettes tactiles géo-localisées munies de casques. Le principe : le visiteur déambule dans les jardins et dans les différentes pièces de la maison, l’application lui proposant, pour chaque pièce, des commentaires historiques, des anecdotes, et parfois un ou deux petits jeux. La visite 3D, totalement immersive, est agrémentée de quelques bonus : il est par exemple possible, grâce à un procédé de reconstitution plutôt innovant, de découvrir le mobilier de 1932, ou encore de jouer sur la luminosité d’une pièce, en intensifiant ou en tamisant les éclairages, ce qui permet de mettre en évidence les dispositifs innovants (les « tubes » dans la salle à manger parentale, par exemple).
Muni de surchaussons bleu canard, le Rat glisse avec allégresse sur les sols luxueux, tout en marbres polychromes et lames de bois précieux…
La compartimentation des espaces est de mise ici, puisque parents et enfants disposaient chacun de leurs quartiers privés, aux caractéristiques bien singulières : dans la Villa, on trouve ainsi deux salles de bains, ou deux salles à manger (celle des enfants possède un décor reprenant les principaux jeux de l’époque, du football au croquet en passant par les échecs). La salle de jeux est surprenante, avec ses murs recouverts d’une sorte de toile cirée rouge, résistante et facile à nettoyer.
Si les pièces de réception sont les plus impressionnantes, avec leur débauche de matériaux luxueux, la grande cheminée au foyer rond entouré de banquettes dans le salon, les radiateurs dissimulés derrière des panneaux de métal ajourés, les jeux de miroir ou encore les immenses baies vitrées, de nombreux détails se révèlent dans des pièces plus modestes comme l’office, le fumoir tout tapissé de cuir rouge ou la magnifique salle de bains parentale avec sa balance intégrée dans le mur! Enfin, les espaces extérieurs ne sont pas à négliger ; il faut se placer à l’extrémité du plan d’eau pour admirer la façade et son reflet dans le bassin.
Le + du Rat :
La visite dure deux bonnes heures : pourtant partisan des visites guidées, le Rat vous conseille fortement de louer la tablette (4€), qui propose une expérience enrichie et très qualitative.
Deux pièces à ne pas manquer : le sous-sol transformé en « matériauthèque », avec des échantillons prélevés pendant la restauration, et la « pièce-martyr », laissée telle qu’elle a été trouvée, et qui témoigne de l’ampleur des dommages causés par le temps et le vandalisme à ce chef d’œuvre du XXème siècle.