La craniotomie ou craniectomie, une chirurgie qui consiste à découper un ou plusieurs os du crâne, pour opérer un cancer du cerveau par exemple, est associée à un traumatisme psychologique sévère évident. L’hypnose pourrait bien contribuer à réduire ce traumatisme. Cette nouvelle technique d’hypnosédation apparait, avec cette étude française, menée au CHU de Tours, une nouvelle alternative prometteuse pour ces patients subissant une chirurgie éveillée, ici pour un gliome. Les conclusions de cette première évaluation sont présentées dans la revue Neurosurgery.
Cette première évaluation montre en effet un taux élevé d’hypnose réussie chez les patients subissant une craniotomie pour un gliome, rapporte le Dr Ilyess Zemmoura du Centre hospitalier universitaire de Tours, France, et ses collègues.
L’hypnose apporte une sédation et une détente pendant la chirurgie éveillée du cerveau :
· Pendant la craniotomie en état vigile, le patient est sous sédation consciente, mais de manière à être toujours en mesure de communiquer durant l’intervention. Le chirurgien peut ainsi s’orienter en toute sécurité vers la tumeur sans endommager le les zones critiques du cortex, impliquées dans le langage ou le mouvement.
· La préparation du patient à l’hypnose commence quelques semaines avant l’intervention. L’anesthésiste / hypnotiseur rencontrent le patient afin d’effectuer une première séance d’hypnose d’essai et à préparer le patient.
· Au bloc, le patient est placé en transe hypnotique et cet état hypnotique se renforce progressivement de manière à mieux soulager et détendre le patient durant les étapes les plus désagréables ou douloureuses de la chirurgie.
Le Dr Zemmoura et ses collègues ont évalué l’hypnosédation chez 37 patients subissant une craniotomie pour des gliomes de bas grade, entre 2011 et 2015. Ces 37 patients ont subi un total de 43 chirurgies avec hypnosédation (certains patients atteints de gliomes récurrents ayant subi des chirurgies répétées). Leurs perceptions ont été recueillies par questionnaire (Visuel ci-contre).
· L’hypnose a échoué chez 6 patients, qui ont donc bénéficié d’une anesthésie standard.
· 2 autres patients ont décidé de ne pas subir l’hypnose.
· Chez les autres patients, l’hypnose se révèle une méthode fiable et reproductible pour la chirurgie éveillée, avec peu ou pas d’impact psychologique négatif.
· La douleur semble diminuer au fur et à mesure que le niveau d’hypnose augmente.
· Certains patients signalent des niveaux élevés de stress, mais cela ne semble pas affecter leur expérience subjective de l’hypnose.
· Enfin, globalement, son succès apparaît fortement lié à la motivation et la détermination des patients.
Vigilance et détente : Ainsi, non seulement l’hypnosédation permet au patient de rester éveillé tout au long de l’intervention chirurgicale, mais cette première évaluation la confirme comme efficace à réduire l’impact des étapes désagréables de la chirurgie, en particulier celles qui impliquent du bruit et des vibrations. Si l’étude n’apporte à ce stade aucune preuve de supériorité de l’hypnosédation vs anesthésie standard, l’hypnosédation apparait avec ces premières données, comme une alternative prometteuse.
Source: Neurosurgery Dec, 2015 doi: 10.1227/NEU.0000000000000993 Hypnosis for Awake Surgery of Low-grade Gliomas: Description of the Method and Psychological Assessment
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