~~Nuit d'amour contrariée
D'après LE VERROU (25 juillet 1882)
Les quatre verres posés devant les dineurs restaient à moitié pleins à cette heure ce qui indiquait que les convives l'étaient tout à fait.
L'un des convives nous raconta l'histoire de sa première inconduite. Il avait séduit une femme du monde. Ou bien était-ce la femme qui l'avait séduit ? Peu importe, dans son affaire, cela ne change rien :
-" La chose s'est passée une nuit, fin novembre. Comme, depuis une semaine, la cheminée de ma chambre fumait, j'avais cessé d'y faire du feu. À ce propos, ma petite amie eut ce mot :
-" Ça ne fait rien, j'en ai ! "
J'ai alors soigneusement fermé les contrevents. Puis, à tâtons, le cœur palpitant, je la cherchais ...et la trouvais.
Ce fut une heure de folie et vers dix heures, nous nous sommes endormis.
Au matin, j'entendis qu'on m'appelait. Les volets avaient été ouverts. Au pied de notre lit, debout, se tenaient un ramoneur et le propriétaire.
J'ai hurlé : -" Dites-moi, que faites-vous chez moi ? Fichez-le camp, nom de Dieu ! "
Les deux hommes sortirent à reculons.
Mon propriétaire s'excusa : -" Pardon, Monsieur Martinat, mais la concierge nous avait affirmé que vous étiez sorti, sinon, vous pensez bien, on ne vous aurez pas dérangé. "
Depuis ce jour, voyez-vous, je pousse toujours le verrou ! "