Une plaie qu'on ravive

Publié le 06 janvier 2016 par Fabianus
Un seul islam existait à la mort de Mahomet, en 632. Ce dernier n'a cependant pas désigné de successeur pour prendre les rênes de l'empire qu’il avait bâti dans la péninsule arabique. Si certains (sunnites) ont privilégié le compagnon de Mahomet, le calife Abou Bakr, d'autres pensaient que sa succession devait revenir à son gendre et cousin, Ali, ainsi qu'à sa descendance (les imams). 

Le conflit entre les deux camps a duré 15 ans et s'est soldée par l'assassinat d'Ali. Les deux fils de ce dernier n'ont pas pour autant abdiqué mais, en 680, Hassan a été empoisonné et Hussein a été massacré à Kerbala, en Irak. Un schisme est alors survenu entre les groupes.  Les partisans d'Ali et de ses fils ont reçu beaucoup plus tard le nom de « chiites » et constituent à ce jour 15 % des 1,6 milliard de musulmans dans le monde. Les deux courants de l'islam diffèrent quelque peu dans leur organisation (le chiisme est plus centralisé que le sunnisme, comme la religion catholique par rapport au protestantisme), ainsi que sur le plan de la doctrine et de la loi islamique (sharia) qu'ils respectent. Cependant, les principales différences sont plus politiques que religieuses. La guerre en Syrie illustre bien la rivalité et le schisme. Alors que l'Iran chiite soutient le régime de Bachar al-Assad, l'Arabie saoudite, sunnite, nourrit plusieurs groupes de rebelles qui s'opposent à Assad. Il y a un mois, pourtant,  les deux pays semblaient vouloir établir une coalition pour éradiquer la menace du groupe État islamique (Daech). Ils avaient, communément, réfléchi sur la sortie de crise en Syrie. Hélas, la belle union de façade a été vite dynamitée. L'exécution d'un leader de la minorité chiite, Nimr Al Nimr, en Arabie saoudite le 2 janvier a mis de l'huile sur le feu qui sommeillait entre les deux puissances régionales.  L’ambassade d’Arabie Saoudite, à Téhéran, a été saccagée. Les Émirs du Pétrole ont aussitôt coupé les relations diplomatiques avec l’Iran. L’exécution par décapitation, et en public, de chef charismatiqueNimr Al-Nimr , s’est justifiée, au pays de l’or noir, au nom d’une menace latente. Le grand religieux chiite n’avait jamais caché son inimitié pour l’Arabie Saoudite et prônait une sécession de l’Est de ce grand émirat. Une région de tradition chiite qu’il aurait bien vu rattacher au voisin, le Bahreïn ! Mais l’œuvre du bourreau a rouvert les hostilités et désormais les rois du Pétrole cherchent à en découdre avec les concitoyens du Président Hasan Roani, ce président de l’ouverture à l’occident (après accord pour ne pas se doter de l’arme atomique).
Oui, fin d’une hypothétique coalition à la plus grande joie de Daech mais aussi de Bachar Al Assad, le Syrien, jamais aussi content que de voir se disloquer les alliances. Une tête est tombée Qui a glacé d’horreur Kerbala révulsé Bien plus haut que l’aigreur
Une icône est tombée Par décapitation Le chiisme ébranlé Sombre en sa punition
Téhéran s’envenime Anime le brasier L’ambassade victime Geint d’un cœur saccagé
Nimr Al-Nimr immolé Toute l’âme d’Iran Pleure des sanglots armés Exhibant son Coran
Contre l’hydre sunnite Implacable sadique Dont le feu commandite L’exécution publique
Reprocher à Satan Ce qu’on porte soi-même Les persans châtiments Lisent autant d’anathèmes.
Une tête est tombée Qui menaçait l’Emir D’horizons morcelés Éclatement d’empire
Sécession de son Est Fusionné au Bahreïn Un projet trop funeste Qui suscita la haine
L’éminent religieux En a payé le prix Ennuageant les cieux Des disciples meurtris
Sunnisme anti chiisme Ou réciproquement Odeur de fatalisme En pays musulman
A l’heure où le pétrole N’assure plus les devises S’aiguisent les paroles Et les lames de crise
L’ONU prône encore L’accalmie salvatrice Clamant qu’il faut faire corps Contre Daech et sévices
Mais la coalition Contre les djihadistes Dans les ailes a du plomb La rancœur cristallise !
L’Arabie wahhabite Ne voit plus en alliés Les grands mollahs chiites Pour les démons chasser.
Les émirs de l’or noir Pourraient changer de cible Placer sur le tranchoir Une Perse nuisible
Tout l’Etat Islamique S’en frotterait les mains En ces heures critiques De combats incertains.
Raviver la querelle Des deux frères siamois Quel atout structurel Pour le vil Califat.
Tandis qu’en son Palais Un Bachar souverain Sans douter du succès Se recompte les points...