Une idée qui règne

Pour vivre, savez-vous à quelle idée j'ai songé en premier ?
La même que celle à laquelle j'ai songé en dernier
L'idée de perfection. L'idée d'une fée ou d'un fait parfaits.
Une idée qui ne peut qu'être vraie
Même si elle n'est attestée ni par la science, ni par l'expérience
Mais seulement par la conscience.
Vous l'éprouvez, nul besoin de la prouver.
Elle vous justifie, vous ne pouvez la justifier
Elle n'a même pas besoin d'exister
Pour donner un sens à votre existence
L'idée, ô mon Dieu, d'un être parfait
Elle n'est pas matrice, mais régulatrice de ma vie
Pas mon ADN mais mon Éden
Mon paradis perdu et retrouvé
Celui de l'enfant qui croit que tout n'est pas mauvais
Qu'il suffit de lever ses yeux
Pour apercevoir son étoile régner dans les cieux
Cette étoile que tout être appelle de ses vœux
Et qu'on appelle non sans trembler : Dieu
L'idée d'un être parfait
Qui va bien au-delà du religieux
C'est cette idée que les hommes passent leur temps à assassiner
Pour une raison toute bête d'ailleurs :
Parce qu'ils ne sont pas encore nés
Qu'ils soient croyants ou athées
Ils n'ont pas encore vu le jour, le bon jour
C'est joliment ou poliment exprimé
Pour dire que leur existence a été avortée
À l'image des rats qui ont tout raté
Leur dessein et leur destin
Parce qu'ils se sont entêtés et endettés
À force de confondre : liberté et obscénité.