Le dessin me semble fait à l'ordinateur et se présente sur fond noir et papier glacé. Les ambiances sont celle d'un polar ou d'un road movie, quelque part autour du Hollywood des années 50-60. Vous reconnaîtrez quelques stars dans ces pages : Humphrey, Lauren, Frank, Elvis. Gordo les côtoie tou(te)s.
Qui est Gordo ? Une sorte de gangster-crooner-amant formidable polymorphe. Mi singe mi homme, il interroge nos instincts (soif, sexe, violence) tout autant que ce qui fait notre civilisation (politique, musique, conquêtes, sens du beau). Gordo met en perspective l'homo erectus hollywoodien à la manière d'un Charlton Heston dans La Planète des singes, et s'en ira d'ailleurs dans l'espace à la toute dernière page.
Voilà pour l'ambiance et le style de l'ouvrage. Pour le reste, le scénario est distrayant mais il n'a ni queue ni tête. Le trait excessivement graphique pousse la caricature à l'extrême et se gargarise manifestement de références savantes (musicales, cinématographiques). Les personnages me font surtout penser à un générique de Ma sorcière bien aimée qu'on aurait repassé à la moulinette numérique. Sans charme et sans inventivité, la mise en page respecte bien sagement la case.
En deux mots, Gordo est une sorte de Jazz Club en vraiment moins bien.
62 pages, éd. L'Atalante (sortie en librairie le 26 juin 2008) - 12 €
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