En cette période de libéralisme carnassier, et plus particulièrement depuis la crise dite des subprimes, où le système bancaire a tellement fauté, sans que grand chose n’ait changé depuis, il est normal et sain que des gens tentent de trouver à placer leur argent dans des établissements coopératifs, qui répondent à l’éthique de l’économie sociale et solidaire. je pense qu’il y a d’ailleurs une demande de plus en plus forte dans ce sens. Personnellement, le sujet m’intéresse beaucoup. Aussi, un récent article de Bastamag aurait pu tomber à pic à ce sujet pour donner des indications de banques plus solidaires que celles généralement utilisées par la plupart des consommateurs. Celles-ci continuent en effet comme si de rien n’était à spéculer sans le moindre scrupule sur les marchés à risques, et contribuent toujours à des pratiques bien peu soucieuses de l’être humain, comme par exemple le fait de spéculer sur les matières premières, au risque de provoquer des famines, ce qui m’est insupportable. Mais j’aurais pu citer d’autres comportements tout aussi répréhensibles de ces banques. Pourtant, l’auteur/trice de cet article de Bastamag semble avoir été bien peu inspirée, si ce n’est influencée par une source néfaste, et toxique (à vérifier…). En effet, grâce à un lecteur plus avisé et informé que d’autres sur twitter, j’ai appris que l’exemple envahissant sur lequel elle portait la quasi totalité de son attention, la NEF, était en fait un placement plus que suspect :
Comme à mon habitude, je suis donc allé vérifier et creuser. Arnaud se base notamment sur cet article détaillé de quelqu’un qui manifestement connait bien, et qui plus est de l’intérieur, l’idéologie de cette secte qu’est l’anthroposophie. Elle se base sur la pensée théosophique de Rudolph Steiner, un occultiste du début du siècle dernier assez connu (en tous cas, au moins par moi : adolescent, j’ai eu ma période mystique, en effet… oups !). Celle-ci est la source originelle de la production d’un conglomérat entrepreneurial qu’il cite à la fin de son billet. Un rapport de l’Assemblée Nationale classe en effet la NEF comme une secte au vu de ses pratiques. Voici ce qu’il en dit :
La technique de » la fraternisation financière «
Cette technique consiste à convaincre les adeptes de placer leur argent dans un organisme spécialisé dans l’octroi des prêts à des projets ou pour des secours qui ne trouveraient pas leur financement dans le circuit bancaire normal.
Ainsi, il est promis à l’adepte, en situation de déposant, des taux d’intérêt supérieurs à ceux du marché et à l’adepte en situation d’emprunteur des concours qu’il ne pourrait obtenir autrement.
Naturellement, dans l’univers sectaire, le procédé s’intègre dans un discours qui se veut chaleureux et englobant, comme en témoignent les documents de présentation de la » Nouvelle Economie Fraternelle « , société financière de l’Anthroposophie : » L’association a été créée par des pédagogues, des agriculteurs, des médecins, des artistes, des responsables d’entreprise qui ont voulu expérimenter entre eux et entre leurs institutions des formes nouvelles d’entraide financière et économique au-delà des frontières du mutualisme catégoriel… Avec l’argent provenant des dons qu’elle s’efforce de recueillir (cotisations et dons au fonds de solidarité), elle intervient pour aider et conseiller des initiatives qui peuvent ne relever ni du concours bancaire ni de prestations facturées « .
Fin 1994, le capital de la NEF s’élevait à 9.300.000 francs, son encours d’épargne était de 13 millions de francs pour les comptes à terme et de 10 millions de francs pour les livrets.
On voit que le rapport date un peu (1999) puisqu’il parle encore de francs. Mais cela suffit à étayer des soupçons sur une base plus solide, pour continuer d’investiguer sur cette institution financière qui, il est important de le préciser, n’est pas encore (toujours pas…) une banque. En effet, pour ses sociétaires, elle est contrainte de s’appuyer sur un partenariat avec le Crédit Coopératif, qui héberge leurs comptes courants. (plus de détails ici). La suite au prochain épisode de mes pérégrinations sur les chemins de la connaissance… de l’altérité.
NB. Le simple fait de consulter la fiche wikipédia de l’anthroposophie suffit à se voir aussitôt éclairé sur l’orientation idéologique de cette école de pensée. A aucun moment, le mot secte n’est prononcé, alors que tout l’article ne fait qu’en refléter la nature pour l’athée que je suis.
Pièce jointe : la charte des valeurs fondatrices de la NEF (en PDF).