Madame H. : Dans quinze jours tout sera rentré dans l’ordre.
Patrizia : Dans quinze jours, je serai vieille.
Madame H. : Vieille à vingt-quatre ans…
Patrizia. : Parfaitement ! Vieille à vingt-quatre ans. Qu’est-ce que vous croyez ? Qu’il n’y a que du sang dans ce tuyau ?
Regarde encore le tuyau.
Tuyau de merde rempli de vous.
Madame H. : Tuyau de quoi ?
Patrizia : De merde. DE MERDE !
Madame H. : Ça y est. Vous recommencez !
Patrizia : Je recommence quoi ?
Madame H. : À rouler les « r ».
Patrizia : Et alors ?
Madame H : Je vous rappelle que vous vous êtes engagée à éliminer ce défaut de prononciation.
Patrizia : C’est pas un défaut, c’est une fleur.
Madame H. : Une fleur ! vraiment !
Patrizia : Oui, une fleur. Un coquelicot vous voyez ? Une tache rouge pour qu’il y ait du soleil. De la couleur. De la musique. De la musique, sinon, je crois que je vais devenir folle, je vais devenir comme vous. Dans ce tuyau, il y a votre façon de vous asseoir les jambes toujours bien croisées, les mains toujours bien à plat, on dirait que vous repassez votre jupe. Toutes vos bonnes manières et vous sentez l’argent.
Madame H. : L’argent n’a pas d’odeur.
Patrizia : Je pourrais vous suivre à la trace, à un kilomètre, les yeux fermés. On dirait l’odeur d’un parfum doré. Une odeur confortable de bois poli.
Madame H. : Eh bien, installez-vous. Mettez-vous à l’aise.
Patrizia : Et quand vous entrez dans cette pièce, cette pièce est à vous. Et quand vous vous asseyez sur ce sofa, ce sofa est à vous. Vous n’avez jamais peur d’ouvrir une porte, vous avez déjà acheté tout ce qui se trouve de l’autre côté.