Si jusque-là les précédentes recherches avaient surtout évalué la capacité des enfants à reproduire ou à classer des intervalles de temps inférieurs à la minute, cette nouvelle étude, menée auprès de 105 enfants français âgés de 6 à 11 ans montre que cet apprentissage de la notion de temps qui requiert des compétences bien précises en arithmétique. Décomposer le temps en secondes, minutes, heures, jours, mois, saisons, années n’est en effet pas si simple, précise Georges Dellatolas, spécialiste en neuropsychologie de l’enfant, co-auteur de l’étude.
Les chercheurs ont évalué par questionnaire (le questionnaire Time Knowledge Questionnaire (TKQ), spécialement développé pour l’étude), chez 57 filles et 48 garçons, âgés de 6 à 11 ans, la capacité à se représenter et à utiliser correctement les principales unités temporelles, dans une vie, une journée ou durant l’entretien. Ainsi, le questionnaire » TKQ » a évalué l’orientation temporelle, les séquences temporelles, les relations entre les unités de temps, et la lecture de l’heure sur une horloge, l’estimation des durées liées aux anniversaires, à la durée de vie et à la durée de l’interview. Ensuite, sur la base d’un test reconnu d’évaluation du traitement des nombres et du calcul (Zareki-R), les chercheurs ont cherché à déterminer le lien entre la notion du temps chez ces enfants et leurs compétences numériques. L’analyse montre que :
· La connaissance du temps s’avère fortement liée et à 75%,
– aux compétences numériques (lecture des chiffres , calcul mental)
– aux notions de grandeurs (par exemple : correspondance entre un chiffre et une distance),
– et à la perception du contexte numérique (par exemple : de nombreuses feuilles sur un arbre, quelques enfants dans une famille : il s’agit ici de savoir faire correspondre un nombre à un contexte),
– la mémoire de travail dans le domaine numérique (par exemple : la comparaison de chiffres présentés oralement).
· Cette connaissance du temps s’accroît, logiquement avec l’âge mais s’acquiert principalement entre 6 et 8 ans.
Des résultats qui doivent être confirmés par l’équipe sur un plus large échantillon, et qui pourraient permettre de mieux comprendre les facteurs pouvant entraîner des troubles du traitement des informations temporelles et développer de nouvelles interventions d’acquisition de ces notions temporelles.
Source: Communiqué Inserm et Journal of Experimental Child Psychology 16 novembre 2015 doi:10.1016/j.jecp.2015.10.005 Time knowledge acquisition in children aged 6 to 11 years and its relationship with numerical skills