Pour ceux qui aiment la langue française, à l’heure des bilans, un petit tour d’horizon de ce qui a changé – peut-être définitivement…
La langue change comme tout sur terre. La société, la culture, la communication évoluent.
Sans jugement de valeur – mais parfois en soulignant l’appauvrissement -, voici quelques mots et expressions relevés en radio ou en télévision. C’était, du temps de mes études et de mes débuts dans l’audio-visuel des « fautes » (toutes proportions gardées), aujourd’hui cela fait partie de l’usage.
Et plus, j’ajouterai que si l’on devait utiliser le mot précédent, on apparaîtrait soit comme délicieusement « ringard », au mieux « vintage », soit comme incompréhensible. Voici donc, pour le plaisir…
Conséquent :
a remplacé « important », alors que sa définition originale était d’avoir des conséquences tant la chose était grande.
Démarrer :
a remplacé « débuter », alors que le verbe était intransitif. On fait démarrer une voiture, elle ne démarre pas toute seule. On débute une émission. Mais aujourd’hui, on a confondu les deux verbes.
Réouvrir :
a remplacé rouvrir – le glissement s’est fait par proximité du substantif « réouverture », qui lui est correct.
Un espèce de :
s’utilise pour tout, même devant un nom féminin. «Une espèce de » s’employait pour le masculin également, puisque le « une » se rapportait à « espèce ». Mais aujourd’hui, on en a fait une locution totale « un espèce de ».
La prononciation de « isme » est devenue généralement « izme » :
alors qu’on devait dire « issme ». Le patriotissme, etc
Une belle journée :
a remplacé une bonne journée. L’apparence et la forme pour le fond et la consistance. La beauté extérieure au lieu de la bonté.
Féérique :
Alors que féerique comporte un « e » muet et se disait « férique ».
Les soldes au féminin :
Le « de » final et l’autre sens de solde, la solde du soldat, par exemple, a contaminé le genre. Mais il y a encore hésitation. On tend à corriger… Des soubresauts, comme pour « pallier », transitif, qu’on avait cru perdu et s’employait beaucoup avec « à », par proximité de « remédier à ». Aujourd’hui la faute a tendance à disparaître.
Excessivement :
remplace « extrêmement », alors que dans « excessif » se trouvait une nuance de « excès », de trop.
Se retrousser les manches :
s’entend au lieu de « retrousser ses manches ».
Le cas de figure :
réservé aux mathématiques est devenu synonyme habituel de « cas », sans la figure, comme ce devait être l’usage.
Tout à fait :
remplace le « oui » depuis pas mal d’années. Le oui s’est affaibli et on a dû lui donner un renforcement. Tout à fait voulait dire « totalement ».
Challenge :
Utilisable seulement dans le domaine sportif, à l’origine, a remplacé le « défi » un peu partout. Une sorte de snobisme d’anglicisme.
Depuis :
est devenu synonyme de « de » pour l’espace et le temps. Dommage, il y avait là une belle nuance utile.
On rejoint notre journaliste en direct de Paris. (le « de » c’est l’espace)
Notre journaliste est en ligne depuis six heures. (le « depuis » c’est le temps)
On utilise généralement « depuis ».
Sur Paris :
Bien entendu, on va vivre « sur » Paris et non plus « à » ou « dans ». Le « sur » a supplanté les autres adverbes de lieu.
Même en gastronomie ou en décoration, on est sur un praliné et sur un camaïeu de bleu.
Enfin, notons la prononciation de « moelleux » qui se dit, surtout en France, « moèlleux » alors qu’il faut dire « moilleux ». Les matelas sont devenus moèlleux partout dans les publicités … !
Voilà un petit constat bien incomplet, qui prouve que la vie avance ! (Vous savez, lorsque j’ai commencé à parler au micro de la RTB, certains puristes téléphonaient à la direction pour relever des fautes… qui n’existaient déjà plus, mais faisaient partie du renouveau du vocabulaire et de la langue. L’histoire se poursuit!)
Belle…. oups !… Bonne année !