Lors d'une soirée Prométhéa, Virginie Cordier (SMart) m'a parlé du projet Dynamo. En collaboration avec Maxime Dechesne, elle m'a mis en rapport avec Marc Moura, porteur du projet Dynamo pour en savoir plus.
Dès que l'on arrive sur le site dynamocoop.be, une vidéo se lance et déclare " Dynamo est une coopérative liégeoise au service des métiers de la création ". Mais ça veut dire quoi ?Quelle est l'origine de votre projet ?Les fondateurs de la coopérative ont tous menés des projets ou occupé des postes qui leur ont permis de développer une analyse poussée des difficultés et des besoins propres aux métiers de la création. En particulier, nous nous sommes rendus compte qu'il y avait un besoin criant pour des infrastructures accessibles et adaptées qui permettent aux créatifs de développer leurs projets dans de bonnes conditions et dans un cadre facilitant les rencontres et les échanges. C'est sur base de ce constat que le projet Dynamo s'est construit. Globalement, la coopérative a pour vocation de soutenir le développement des activités professionnelles des artistes et créatifs, tous secteurs confondus et à toutes les étapes des processus de création. Mais notre action se concentre sur l'achat groupé de bâtiments voués à accueillir des projets culturels alternatifs et collectifs. De cette manière, la coopérative entend stimuler l'échange des pratiques, des moyens et des publics au sein de lieux fédérateurs à taille humaine. Les bénéfices sont multiples ! Les bâtiments proposés par Dynamo feront par exemple gagner du temps et de l'énergie aux artistes et créatifs, tout en leur offrant une meilleure visibilité.
Le site Internet déclare d'emblée " Investissez dans les forces culturelles locales ! " mais c'est rentable la culture ?On peut dire que ce projet est vraiment né de la rencontre de personnes convaincues de l'intérêt de construire collectivement de nouveaux modèles économique et sociaux adaptés à la réalité des métiers de la création et aux aspirations des acteurs du secteur culturel. Il y a plus ou moins deux ans, le Comptoir des Ressources Créatives, une plateforme de service pour les métiers artistiques, cherchait à mutualiser l'usage d'un hall industriel sous forme de multiples ateliers collectifs. A la même époque, le collectif JauneOrange entamait des démarches pour l'acquisition d'un bâtiment permettant d'envisager le partage d'une salle de concert par plusieurs organisateurs d'événements. Dynamo est né de la rencontre de ces deux projets appelant à l'achat de bâtiments. Mais il faut aussi mentionner le Centre de création des Tanneurs au sein duquel une bonne partie des fondateurs a travaillé. Ce premier Créative Spot ouvert à Liège par SMart a certainement été une inspiration dans la création de Dynamo. Dans ce lieu, certains d'entre nous ont bénéficié de manière très concrète de la mutualisation d'un espace de travail, avec tous les avantages que cela suppose : des espaces de travail professionnels à faible coût, des rencontres stimulantes avec d'autres professionnels... Ce genre de contexte stimule l'élargissement du réseau professionnel, la confrontation des idées, le décloisonnement des pratiques, le partage des compétences...
Peux-tu nous en dire plus sur les bâtiments existants ?Oui, bien sur. Même si les bénéfices ne sont pas seulement économiques, il faut savoir qu'en Europe la culture représente le troisième plus important secteur économique, avant même la métallurgie, la chimie ou l'industrie alimentaire. Maintenant, pour revenir à la phrase dont vous parlez, si nous avions voulu être tout à fait précis nous aurions du écrire : " Investissez votre épargne dans les infrastructures indispensables au développement des forces culturelles locales ". Les bénéfices économiques du modèle que nous proposons sont multiples : le partage des locaux entre un grand nombre de créatifs se traduit par exemple par un coût faible pour l'usager, et la dimension collective de lieux de travail que nous proposons se traduit par un renforcement des profils professionnels et par de nouveaux projets rémunérateurs...
Est-ce que la coopérative ambitionne de s'étendre à d'autres régions ?La Coopérative porte actuellement deux projets d'acquisition et de rénovation d'infrastructure : le hangar Dony et l'ancien Cirque Divers. Ces deux projets immobiliers sont complémentaires puisque l'un est plutôt dédié au travail de création, alors que l'autre est plutôt dédié à la diffusion. De cette manière, on voit se dessiner l'axe sur lequel nous inscrivons notre démarche et qui couvre l'ensemble des métiers de la création. Le hangar Dony, situé dans le quartier Saint-Léonard, est actuellement géré par le Comptoir de ressources Créatives. Il offre près de 1400 m² d'espaces de travail à des artistes, artisans et collectifs qui représentent une quinzaine de projet et une trentaine de personnes. Grace à l'acquisition du bâtiment, des travaux pourront enfin être réalisés : 22 ateliers de 20 à 60m² seront proposés, 300m² pourront être dédiés au stockage, un espace de diffusion et d'exposition de 250m² avec cafétéria sera mis en service... Autre lieu, autre réalité : le bâtiment situé au 13 rue Roture, fait partie de l'histoire culturelle, artistique, et festive liégeoise depuis près de 40 ans. Qu'il se soit appelé " Cirque d'Hiver ", " Tipi " ou " Live Club ", cet espace situé dans un quartier populaire de Liège a toujours été un laboratoire des contre-cultures. Dans le prolongement de cet esprit, la coopérative Dynamo projette d'y recréer un outil adapté de diffusion, d'échanges, de rencontres, de recherches et de convivialité au service de la communauté artistique liégeoise, de ses réseaux mais aussi et évidemment de ses publics.
Peux-tu nous parler des projets qui sont soutenus par la coopérative ? Des exemples déjà concrets ?Ce n'est pas d'actualité, mais nous avons l'envie sincère d'aider et d'accompagner les porteurs de projet d'infrastructures partagées et de mettre nos outils coopératifs à leur disposition. Dynamo se développera au fil des opportunités et rencontres. Mais, oui, bien sur, la mise en place d'un réseau structuré de lieux mutualisés dédié aux créateurs est une perspective qui nous stimule particulièrement !
C'est quoi le lien avec SMart ?Nous travaillons actuellement à la création de pôles d'activités spécifiques au sein des bâtiments que nous sommes sur le point d'acquérir. Il est notamment question d'un pôle dédié à la sérigraphie et d'un autre consacré à la céramique. Un groupe de travail étudie par ailleurs la manière dont les espaces proposés en Roture pourront bénéficier aux collectifs, artistes et organisateurs concert. Et puis, il ne faudrait pas oublier de mentionner la diversité de projets déjà actuellement actif sur le site à Dony où il est autant question de design ( Two Designer) et re-design ( Micro Folies), de gastronomie ( Salta), de vélo ( Pignon Express), de sonorisation ( Zayak), d'arts de rue ( Studios du Horla), de costumes ( Anne-Sophie Vanhalle) ou de restauration de meubles ( Alice Tereza Creation).
SMart est co-fondateur de la coopérative. Et d'une certaine manière, on peut dire que Dynamo Coop s'inscrit dans la continuité des Créative Spot développés par SMart, mais avec une dimension plus collective au niveau du pilotage du projet, mais aussi du financement.