Hors du temps - 5/10

Un film de Robert Schwentke (2009 - USA) avec Rachel McAdams, Eric Bana

Original mais confus et un peu terne.

L'histoire : Après un accident de voiture, le petit Henry, au lieu de mourir, comme sa mère, est projeté dans un autre espace-temps. Et c'est lui-même, adulte, qui vient lui expliquer les choses : il errera désormais dans le temps sans jamais contrôler les soudains passages d'une époque à l'autre. Il va vivre une incroyable histoire d'amour avec Claire qui, en dépit des fréquentes disparitions et réapparitions de son amoureux, un coup jeunot, un coup plus vieux, réussira à faire de leur étrange aventure une histoire d'amour presque normale.

Mon avis : Comme la plupart de ceux qui s'attaquent au voyage dans le temps, Schwentke et son scénariste ont bien du mal à encadrer leur propos dans une structure cohérente. Au fur et à mesure du film, Henry apparaît à toutes sortes d'âges différents, mais malgré le maquillage, les coupes de cheveux, la couleur de ces derniers (bien noirs ou grisonnants), destinés à nous aider, on a bien du mal à le situer sur l'échelle de sa vie. Car il a bien, comme nous, un début et une fin, un "destin". Mais on nous le présente à un tas de stades différents, sans ordre chronologique, puisque ses allers retours sont incontrôlables. Cette impossibilité de placer avec précision les scènes du film, d'autant que Clare change d'aspect elle aussi avec le temps qui passe, on ne sait plus si on est dans le présent, dans un flash-back ou dans un flash-forward... Et puis, une fois il reconnaît Claire, d'autres fois non car la scène se passe avant qu'il la rencontre, mais elle, elle le connaît parce qu'elle l'a vu petite fille, et réciproquement... c'est hyper tordu !

Par ailleurs, Henry a la possibilité de réapparaître physiquement dans un moment de vie où il se retrouve confronté avec lui-même à un autre âge (scène du début par exemple) ; sa propre fille a les mêmes capacités que lui et se balade avec elle-même plus âgée. Et là, on ne s'en sort plus ! Et pourquoi pas, dans la même pièce, Henry à 10, 25, 30, 35 ans... en compagnie d'Alma à 2, 3, 5, 10 ans ? Etc. etc. Une histoire de fous !

S'il traverse brutalement l'espace-temps sans rien maîtriser, pourquoi ne se retrouve-t-il pas exactement au même endroit que celui d'où il est parti ? Et, alors qu'il nous explique que les vêtements ne faisant pas partie du voyage, il "arrive" tout nu et doit d'abord chercher des fringues, comment Alma, à huit ans, trouve-t-elle pile poil des fringues à sa taille en "arrivant" chez Alma cinq ans ?

Et qu'est-ce qui lui est arrivé, au juste, à Henry ? Le médecin qui s'occupe de lui a l'air de trouver ça quasi normal. Ah bon ? Y en a d'autres des comme lui et Alma ? Un semblant d'explication, une base scientifique plausible (même si elle reste dans le domaine de l'irrationnel) aurait été bienvenue. On nous parle vaguement d'une anomalie génétique... pas suffisant.

Car - et là je spoile mais ce n'est pas trop grave puisque je ne vous conseille pas ce film car on n'y comprend rien - Henry meurt à 39 ans. Pourquoi n'est-il pas mort dans l'accident quand il était enfant alors ? Et que là, soudainement, une balle de chasseur le tue... L'anomalie génétique a disparu ?

Du coup, le film pâtit beaucoup de ces incohérences, des interrogations constantes que les scènes provoquent en nous. Pas le temps de vraiment s'attacher à Clare et Henry, on est toujours à essayer de piger où on en est... avant de passer à une autre séquence tout aussi perturbante.

Drôle d'histoire. Restent le charme (immense) des deux comédiens et le romanesque de la belle histoire d'amour qui défie les lois de la physique physicienne.

La presse est assassine. Ouf, ça me rassure ; y a pas que moi qui n'aie rien compris. Les spectateurs, incurables romantiques, se sont parfois laissé prendre par le coeur, mais les férus de SF enragent ! 34.000 entrées.

Et voilà encore un petit film qui va pouvoir entrer dans mon Challenge : Film avec une actrice que j'adore !