L’enfant cachée

Par Belzaran


Titre : L’enfant cachée
Scénariste : Loïc Dauvillier
Dessinateur : Marc Lizano
Parution : Janvier 2012

Relater l’occupation française n’est pas un sujet évident. Beaucoup traité, il est dans « L’enfant cachée » abordé du point de vue d’une enfant, Dounia. Cette dernière, grand-mère, raconte à sa petite-fille cette période de sa vie, sous forme de devoir de mémoire. Le tout est paru au Lombard.

Tout commence par l’occupation. Dounia sait que la France a perdu, mais elle s’en moque : la guerre est terminée et son père est rentré vivant, c’est le principal pour elle. Hélas, la petite juive va vite déchanter. Les mesures contre les siens vont se multiplier, provoquant l’incompréhension totale de Dounia.

L’occupation vue par une enfant juive.

L’originalité de « L’enfant cachée » est de tout raconter du point de vue de l’enfant. Ainsi, Dounia subit comme les juifs les mesures de coercition, mais également les choix de ses parents, sans jamais saisir réellement ce qui se passe. Cet aspect est très réussi, renforcé par une narration volontairement naïve, sans analyse autre que factuel ou enfantine. L’injustice paraît d’autant plus forte que Dounia nous est forcément très sympathique, petite fille innocente et joyeuse en début de livre.

La narration prend le temps de traiter tous les sujets : la mise de côté à l’école, l’étoile juive, la perte des parents, la fuite de Paris… La gradation dans les difficultés est bien mise en scène. Ainsi, Dounia n’est pas forcément très affectée au départ en tant qu’enfant. Aussi bien rester chez elle ne la dérange pas, mais être mise de côté à l’école est très difficile.

Le propos est renforcé par un dessin parfaitement adapté réalisé par Marc Lizano. Son trait typé jeunesse, fait de personnages aux grosses têtes, ancre d’autant plus l’histoire vers un point de vue d’enfant. Le tout est enrichi par une colorisation tout aussi réussie. On retrouve un belle synergie dans cet album, une vraie cohérence entre le texte et l’image.

« L’enfant cachée » remplit parfaitement son rôle de devoir de mémoire. En adoptant le point de vue d’un enfant et en ne montrant et n’expliquant que ce que Dounia peut comprendre, les auteurs produisent un album jeunesse d’une grande qualité, qui peut être lu et apprécié par tout le monde. Forcément touchant, « L’enfant cachée » est une œuvre d’une grande justesse et d’une vraie délicatesse.